Et nous descendîmes
l’escalier, j’accompagnai Sylvie qui, après un dernier patin, sauta dans le 4X4
et s’en alla Je revins vers la maison, quelque peu rêveur. Cela faisait au
moins un siècle que je n’avais pas eu de femme et voilà qu’en moins de
vingt-quatre heures, il m’en tombait deux dans les bras. Etais-je un Don juan
ou bien l’air du pays rendait-il les femmes amoureuses, je ne pouvais répondre mais
la bonne fortune me souriait. Abondance de biens ne nuit pas, me dis-je,
quoique… Et puis je pensai aux princes du bâtiment et de l’espace vert. Que
craignaient-ils de voir les pieds nickelés marcher un peu sur leurs
plates-bandes ? Rien du tout, à mon avis. Sauf si… Là je me dis que j’aurais du
demander à Sylvie de m’en dire un peu plus. Je me rappelai que j’avais son
numéro de portable, je l’appellerai demain matin, me dis-je. Il y avait un lien
entre Michel et Roger, mis à part les coups de quéquettes que Michel avait
donnés à Sylvie. Et ce lien, c’était le souterrain. Et cette haine qui les
unissait. Roger savait-il que le souterrain aboutissait au château ?
Tout cela était bien
compliqué et je décidai d’aller me coucher. Mon sommeil aura souvent été
perturbé au Blédard.
Le lendemain, je me levai
et fonçai à mon fourgon. J’avais promis les croissants à la famille de Michel.
Je passai à la boulangerie de Clézeau et je regardai avec attention la
boulangère. Elle était un peu boulotte. Je me demandai si elle aussi était
énervée du cul. Cela devenait une obsession chez moi. Je pris une armée de
croissants et de chocolatines, puis partis vers chez Michel. Là-bas, tout le
monde était levé, on se préparait pour le petit déjeuner et j’arrivai juste à
temps. Nous nous mîmes à table et j’appris qu’ils n’avaient pas plus de
nouvelles qu’hier au soir. Ils avaient décidé d’aller à quatre à Toulouse, la
famille prendra Magali dans son auto et la ramènera ensuite. Cela me convenait
parfaitement, je pus donc m’organiser avec René.
Magali trouva le moyen de
me prendre à part et de me rouler une gentille petite galoche et je lui promis
d’être sage et prudent. Prudent surtout, pensé-je à part moi. Je restai jusqu’à
ce que tout le monde fut parti, puis je montai dans mon fourgon et partis en
direction de Villeneuve, pour acheter du sable, de la chaux et du ciment. Après
avoir fait mes achats, j’allai au château. Je rentrai dans le parc et me garai
près de la porte. Je préparai du mortier et me mis à rejointoyer la cheminée. A
onze heures, j’avais rebouché tous les trous et joints. Il était nécessaire
d’attendre le début d’après-midi pour les regratter et finir le travail. Je
nettoyai mes outils et en sortant pour les mettre dans mon fourgon, je vis
qu’il y avait un petit camion benne dans le parc, deux gars qui élaguaient un
arbre et un troisième qui venait vers moi. Je supposai qu’il s’agissait de
Roger Fauchet, sur le camion il y avait une plaque indiquant « Fauchet – Espaces
Verts ». Tiens, tiens, je vais avoir de la compagnie, me semble-t-il.
— Bonjour, c’est vous le
maçon ? Me dit le gars en s’approchant.
— Oui, je suis maçon, je
travaille à l’intérieur, dans la cuisine. C’est vous qui faites l’entretien du
parc ?
— Oui, Fauchet, Roger
Fauchet. Et vous ?
— Albert Forelle,
artisan. Maçonnerie et béton armé, dis-je pompeusement.
— T’es pas de la région,
toi, dit-il en passant au tutoiement et en me tendant la main.
(à suivre...)
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