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jeudi 20 juillet 2017

René-la-Science (59)



V. René-la-Science

Sur la route, une chose me revint en mémoire, le coup du portable qui affiche : « aucun nouveau numéro ». Je n’avais pas approfondi en présence de Fauchet, mais là je m’arrêtai et sortis mon portable. Je consultai les appels reçus et je constatai que ce numéro m’avait appelé la veille à huit heures douze ? Bizarre. A cette heure-là, je dormais encore… Je regardai les numéros composés et je vis que j’avais appelé ce numéro le même jour à huit heures dix… Là, il y avait comme un schisme, aurait dit mon ami René. Et je craignais de commencer à comprendre. Quelqu’un s’était servi de mon téléphone pendant mon sommeil et ce quelqu’un c’était Magali. J’étais presque certain d’avoir laissé mes papiers et mon mobile dans le fourgon. Fourgon qui était fermé, certes, mais j’avais laissé mes clés sur le meuble dans la cuisine chez Michel. Ou Magali les avait prises dans ma poche. Et elle avait appelé de mon portable. Cela ne pouvait être qu’elle. Mais pourquoi ? Si c’est le cas, elle m’avait bien roulé dans la farine, j’en rigolai tout bas. Et me dis que si elle m’avait manipulé, il se pouvait que Sylvie jouât aussi un double jeu. La parano n’était pas loin et je ne voyais pas très bien les intérêts des uns et des autres dans cette affaire. J’étais en plein polar rural, il ne manquait plus qu’un cadavre. Il y avait bien le macchabée du souterrain, mais l’affaire remontait à plus de trente ans ; il y avait prescription dirons-nous.
J’arrivai au bois de Montieu en même temps que René. Il se gara dans un endroit discret et monta dans mon fourgon.
— Salut mon Fortunio, as-tu bien travaillé ce matin ? Ou plutôt, dis-moi si tu as bien dormi cette nuit.
— Comme une souche, mon cher La Science, et toi ?
— Oh, moi, tu sais, mes nuits sont moins agitées que les tiennes… lâcha-t-il.
— D’accord, je vois que rien ne t’échappe. On va manger au petit restau-bistrot de Clézeau ?
— Oui, c’est bien, on y mange correctement et le service est rapide. Tu connais la route maintenant. Mais revenons à nos moutons, ceux que tu n’as pas eu besoin de compter cette nuit…
— Aurais-tu entendu passer un véhicule ? Questionné-je.
— Un peu mon neveu, pas dans le genre discret, le style 4X4. Le boxeur était-il de retour ?
— Non, c’était Madame, elle avait oublié quelque chose l’autre soir et elle venait le récupérer.
— L’a-t-elle trouvé ? Madame est-elle allée au fond des choses ?
— Dis-donc, René, tu m’aurais pas un peu espionné des fois ?
— Ah non, mais j’ai entendu un bruit de moteur et maintenant, avec tout ce qui se passe depuis que tu es là, je me mets à la fenêtre et je regarde passer les trains…
— Bien, donc madame était venue me mettre en garde contre son époux et pour me prouver sa bonne foi, elle me l’a susurré au creux de l’oreille, une fois à gauche et une fois à droite…
— Madame est généreuse et le bois du Blédard l’inspire particulièrement. Je me demande si je ne devrais pas déménager. Mais dis-donc, toi, tu fais bonne fortune et bon cœur en ce moment. Le bois du Blédard te profite bien, mon cochon.
(à suivre...)

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