2. Les ports européens.
Du 26 au 30 septembre.
Auditrices
et auditeurs de CoolDirect bonjour. Après la Manche et après avoir aperçu sur
bâbord les falaises blanches de Douvres et sur tribord la côte à Calais, nous
entrons en mer du Nord. Nous croisons un bon nombre de bateaux dont un voilier,
un trois-mâts, un brick battant pavillon néerlandais, l’Artémis. J’ai le
plaisir de le prendre en photo, voiles au vent, devant les falaises de Calais.
Sous nos pieds le Dogger Bank, ce haut-fond entre l’Angleterre et le continent.
L’arrivée
à Anvers se fait en fin de nuit. Anvers la scintillante qui éclaire son Escaut
de mille feux et le port d’Anvers, diamant dans un écrin de nuit. Anvers,
pistolet braqué sur le cœur de l’Angleterre selon le mot de Napoléon. Mais il
faut, à proprement parler, dire Antwerpen, cette ville qui fut fondée à
l’endroit où sévissait un géant qui interdisait le passage sur l’Escaut. Tel
David affrontant Goliath, ce fut un nommé Salvius Brabo qui affronta le géant,
lui coupa la main et la jeta dans le fleuve. D’où ce nom de hand-werpen, ce qui, en langue flamande
signifie jeter la main.
Journée
de chargement et déchargement. Les grues, les ponts roulants et les
transporteurs divers vont et viennent, très bruyants et avec moins de précision
que les dockers du Havre. En fin de journée vers 17.30 heures, tout s’arrête.
Les ouvriers montent dans des fourgonnettes de transport, plus personne sur le
quai, tous les matériels sont à l’arrêt et les transporteurs soigneusement
garés. Nous croyons à une grève car, contrairement à ce que prétendent les
étrangers et les journaux bienpensants, il n’y a pas qu’en France qu’on fait la
grève… Les officiers du bord nous disent, avec un sourire discret, qu’il s’agit
tout simplement d’un « brake »,
un arrêt normal. Outre-manche, on appellerait cela « Tea time », l’heure du thé. Mais en Flandre, serait-ce
l’heure de la frite ou de la bière ? Cela restera sans réponse.et le
travail reprendra un peu plus tard. Nous ne verrons pas le départ du bateau qui
se fait encore en pleine nuit. L’arrivée de bonne heure à Rotterdam nous permet
de descendre à terre pendant l’escale. Nous sommes maintenant quatre passagers
à bord en plus des 23 membres de l’équipage. Nous avons le droit de demander
une navette gratuite pour nous amener jusqu’à un supermarket. Les terminaux des ports sont souvent loin des villes
et nous faisons une dizaine de kilomètres pour rejoindre ce magasin, isolé au
milieu des dunes, une sorte de boutique free-tax
où les marins peuvent venir se ravitailler en boissons, en chips et friandises, en vêtements, en montres, informatique et
moult autres quincailleries. Leur conception du hors taxes me semble être la
suivante : on vous vend cela le même prix qu’ailleurs et c’est le
commerçant qui empoche la taxe avec le sourire batave qui vous est dû. Mais pas
question de trouver ici des produits frais tels que des fruits. Nous avons tout
de même eu le plaisir d’acheter deux tablettes de chocolat, on ne sera pas
venus pour rien. A l’aller comme au retour, nous devons faire une halte dans
une sorte de check-point, en fait une
douane privatisée où il est obligatoire de s’arrêter mais où on ne vous demande
rien. Le chauffeur obtient le badge pour ouvrir les barrières et nous ramène au
pied de l’échelle de coupée. Le terminal où le Jamaïca a accosté est neuf et
les grues sont desservies par des camions-robots sans chauffeurs. Ce terminal
se trouve très en bord de mer, à cinquante km de la ville dans des étendues de
sable où des travaux sont encore en cours pour établir des digues, fleurons du savoir-faire
néerlandais. Le départ de Rotterdam se fait à midi avec une légère houle. Nous
remontons la côte des Pays-Bas. Arrivés en haut nous tournons à l’est en
longeant les îles de la Frise que j’aperçois à la jumelle. Sur la carte, ces
iles ressemblent au squelette d’une queue de bœuf. Le vent souffle en rafales.
Le roulis et le tangage se font maintenant sentir plus sérieusement et il
arrive que quelque objet mal placé dans la cabine se déplace tout seul. Le roulis – faut-il le
rappeler ? – est le balancement latéral du bateau et le tangage le
balancement longitudinal, soit d’avant en arrière. Dans la cabine, qui est
située vers le milieu, dans l’axe du bateau, il faut se méfier mais sur les
passerelles latérales, ces mouvements sont plus accentués et il faut avoir le pied marin ou quelque peu exercé pour se
déplacer, surtout si on veut regarder à la jumelle ou faire des photos. Il est
grisant de rester dans le vent marin et de voir les vagues bouillonner autour
du bateau
Au petit jour, nous
accostons à Bremerhaven, le port de Brême. Les immenses ponts roulants bleus et
rouges colorent le port de leurs couleurs vives. Le navire passe la journée à quai et le départ
est prévu pour 22 heures. Un cinquième passager nous rejoint, c’est un allemand
de Munich qui a habité quelques années dans son enfance à Brême. Il me signale
que la particularité du port de Brême est d’être totalement soumis à la marée
dont l’amplitude est de deux à trois mètres, ce qui entraine une différence
importante de niveau au cours du transbordement. Ce port, tout en
longueur, se situe dans une large baie qui permet le passage des bateaux dans
les deux sens et le pivotement des bateaux d’avant en arrière, cette giration
étant assurée par deux remorqueurs, un sur l’avant et l’autre sur l’arrière.
C’est une manœuvre intéressante à observer sur les autres gros bateaux,
passionnante à vivre quand on est sur le bateau Nous quittons le port en début
de nuit. Maintenant nous sommes en partance vers l’Amérique.
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