En vedette !

dimanche 16 juillet 2017

Six semaines à bord du Jamaïca (2)



2. Les ports européens. Du 26 au 30 septembre.
Auditrices et auditeurs de CoolDirect bonjour. Après la Manche et après avoir aperçu sur bâbord les falaises blanches de Douvres et sur tribord la côte à Calais, nous entrons en mer du Nord. Nous croisons un bon nombre de bateaux dont un voilier, un trois-mâts, un brick battant pavillon néerlandais, l’Artémis. J’ai le plaisir de le prendre en photo, voiles au vent, devant les falaises de Calais. Sous nos pieds le Dogger Bank, ce haut-fond entre l’Angleterre et le continent.
L’arrivée à Anvers se fait en fin de nuit. Anvers la scintillante qui éclaire son Escaut de mille feux et le port d’Anvers, diamant dans un écrin de nuit. Anvers, pistolet braqué sur le cœur de l’Angleterre selon le mot de Napoléon. Mais il faut, à proprement parler, dire Antwerpen, cette ville qui fut fondée à l’endroit où sévissait un géant qui interdisait le passage sur l’Escaut. Tel David affrontant Goliath, ce fut un nommé Salvius Brabo qui affronta le géant, lui coupa la main et la jeta dans le fleuve. D’où ce nom de hand-werpen, ce qui, en langue flamande signifie jeter la main.
Journée de chargement et déchargement. Les grues, les ponts roulants et les transporteurs divers vont et viennent, très bruyants et avec moins de précision que les dockers du Havre. En fin de journée vers 17.30 heures, tout s’arrête. Les ouvriers montent dans des fourgonnettes de transport, plus personne sur le quai, tous les matériels sont à l’arrêt et les transporteurs soigneusement garés. Nous croyons à une grève car, contrairement à ce que prétendent les étrangers et les journaux bienpensants, il n’y a pas qu’en France qu’on fait la grève… Les officiers du bord nous disent, avec un sourire discret, qu’il s’agit tout simplement d’un « brake », un arrêt normal. Outre-manche, on appellerait cela « Tea time », l’heure du thé. Mais en Flandre, serait-ce l’heure de la frite ou de la bière ? Cela restera sans réponse.et le travail reprendra un peu plus tard. Nous ne verrons pas le départ du bateau qui se fait encore en pleine nuit. L’arrivée de bonne heure à Rotterdam nous permet de descendre à terre pendant l’escale. Nous sommes maintenant quatre passagers à bord en plus des 23 membres de l’équipage. Nous avons le droit de demander une navette gratuite pour nous amener jusqu’à un supermarket. Les terminaux des ports sont souvent loin des villes et nous faisons une dizaine de kilomètres pour rejoindre ce magasin, isolé au milieu des dunes, une sorte de boutique free-tax où les marins peuvent venir se ravitailler en boissons, en chips et friandises, en vêtements, en montres, informatique et moult autres quincailleries. Leur conception du hors taxes me semble être la suivante : on vous vend cela le même prix qu’ailleurs et c’est le commerçant qui empoche la taxe avec le sourire batave qui vous est dû. Mais pas question de trouver ici des produits frais tels que des fruits. Nous avons tout de même eu le plaisir d’acheter deux tablettes de chocolat, on ne sera pas venus pour rien. A l’aller comme au retour, nous devons faire une halte dans une sorte de check-point, en fait une douane privatisée où il est obligatoire de s’arrêter mais où on ne vous demande rien. Le chauffeur obtient le badge pour ouvrir les barrières et nous ramène au pied de l’échelle de coupée. Le terminal où le Jamaïca a accosté est neuf et les grues sont desservies par des camions-robots sans chauffeurs. Ce terminal se trouve très en bord de mer, à cinquante km de la ville dans des étendues de sable où des travaux sont encore en cours pour établir des digues, fleurons du savoir-faire néerlandais. Le départ de Rotterdam se fait à midi avec une légère houle. Nous remontons la côte des Pays-Bas. Arrivés en haut nous tournons à l’est en longeant les îles de la Frise que j’aperçois à la jumelle. Sur la carte, ces iles ressemblent au squelette d’une queue de bœuf. Le vent souffle en rafales. Le roulis et le tangage se font maintenant sentir plus sérieusement et il arrive que quelque objet mal placé dans la cabine  se déplace tout seul. Le roulis – faut-il le rappeler ? – est le balancement latéral du bateau et le tangage le balancement longitudinal, soit d’avant en arrière. Dans la cabine, qui est située vers le milieu, dans l’axe du bateau, il faut se méfier mais sur les passerelles latérales, ces mouvements sont plus accentués et il faut avoir  le pied marin ou quelque peu exercé pour se déplacer, surtout si on veut regarder à la jumelle ou faire des photos. Il est grisant de rester dans le vent marin et de voir les vagues bouillonner autour du bateau
Au petit jour, nous accostons à Bremerhaven, le port de Brême. Les immenses ponts roulants bleus et rouges colorent le port de leurs couleurs vives.  Le navire passe la journée à quai et le départ est prévu pour 22 heures. Un cinquième passager nous rejoint, c’est un allemand de Munich qui a habité quelques années dans son enfance à Brême. Il me signale que la particularité du port de Brême est d’être totalement soumis à la marée dont l’amplitude est de deux à trois mètres, ce qui entraine une différence importante de niveau au cours du transbordement. Ce port, tout en longueur, se situe dans une large baie qui permet le passage des bateaux dans les deux sens et le pivotement des bateaux d’avant en arrière, cette giration étant assurée par deux remorqueurs, un sur l’avant et l’autre sur l’arrière. C’est une manœuvre intéressante à observer sur les autres gros bateaux, passionnante à vivre quand on est sur le bateau Nous quittons le port en début de nuit. Maintenant nous sommes en partance vers l’Amérique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire