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dimanche 9 juillet 2017

Six semaines à bord du Jamaïca (1)



1. Le Havre – Embarquement - dimanche 25 septembre
Auditrices et auditeurs de CoolDirect bonjour. Pendant l’été, je vous raconterai un voyage en cargo à travers l’Atlantique, de septembre à novembre 2016 sur un porte-container, cargo de 264 mètres de long par 32 de large. Actuellement, les navires de commerce prennent encore quelques passagers et nous serons maximum cinq en plus d’un équipage de 24 marins. Le cargo est le Jamaïca et notre voyage est nommé Victoria Line, une ligne qui part du Havre et fait escale à Anvers, Rotterdam, Brême, Charleston, Savannah, Miami, Veracruz, Altamira, Houston et retour au Havre. Les escales durent une douzaine d’heures et nous n’aurons pas toujours la possibilité de descendre à terre.
Il a fallu bien du temps et bien des démarches avant d’embarquer : prendre un billet plus d’un an à l’avance, des formalités médicales et un visa pour entrer dans les eaux territoriales des Etats-Unis. Puis un beau jour, on se retrouve au Havre dans un taxi-navette qui nous amène au terminal de France où l’on se retrouve au pied de cet énorme cargo battant pavillon cypriote. L’échelle de coupée monte à plus de dix mètres de haut, Nous avons prévu des bagages pas trop lourds mais c’est un exercice difficile et notre chauffeur interpelle deux matelots philippins qui viennent en souriant nous aider. Arrivés en haut de l’échelle, nous posons le pied sur le niveau zéro de ce que l’on appelle le château, il y a encore huit étages au-dessus. C’est dire si tout est démesuré : les grues font quelques 50 mètres de haut, elles chargent et déchargent des conteneurs dans un bruit incessant. Un marin qualifié nous accueille, vérifie nos identités, garde nos passeports puis nous fait faire une visite succincte des divers étages du château pour arriver au niveau G, le huitième, où se trouve notre cabine. Il nous fait visiter rapidement les lieux essentiels pour notre séjour, nous informe des usages en cours, nous munit d’un schedule concernant les heures de repas et nous laisse nous installer dans notre cabine. La cabine est spacieuse, on entre d’abord dans un salon avec deux canapés et deux fauteuils, un meuble bar avec frigo (vide) et télévision (hors service) puis on entre dans la chambre avec lit double, un meuble bureau, un placard (dans le bas se trouvent combinaisons d’immersion et gilets de sauvetage) et la salle d’eau avec douche. Les heures de repas étant strictes à bord, nous allons directement diner au mess où nous sommes rejoints par un autre passager qui vient d’embarquer, un américano-français prénommé Clarke. Le service à table nous déconcerte un peu. Nous sommes trois à une table de 5 couverts et nous recevons très vite une assiette garnie, plus tiède que chaude, puis en dessert un cheesecake. Puis nous remontons dans notre cabine.. Malgré le bruit des portiques qui chargent les containers, nous nous endormons rapidement et, comme le départ est prévu pour deux heures du matin, je mets mon réveil pour cette heure. Mais le bateau ne partira ni à deux heures, ni à trois ni à quatre heures mais à cinq heures moins le quart, ce qui fait une veillée inattendue. Pendant la nuit, dans le terminal illuminé, les grues continuent leur va-et-vient, transbordant avec adresse les conteneurs. Une fois le chargement et l’arrimage terminé, les amarres sont larguées et le moment magique arrive quand le bateau se sépare du quai. Il est aidé et dirigé par deux petits remorqueurs. Les eaux du port paraissent glauques et visqueuses à la lumière des projecteurs puis progressivement l’étrave fait bouillonner un flot plus clair et le bateau roule gentiment. La sortie du port est très longue et le navire défile dans sa sombre majesté le long du port, de la ville du Havre et de la côte de Sainte-Adresse. On circule dans un chenal bordé de lumières, vertes pour tribord et rouges pour bâbord en descendant le flux. Nous voguons en direction d’Anvers. Epuisé, je ne verrai pas le bateau finir sa sortie du port.

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