5.
Arrivée à Charleston puis attente. 11 et
12 octobre.
Auditrices
et auditeurs de CoolDirect bonjour. Après dix jours de navigation hauturière et
quelque 6 600 kilomètres de traversée, nous nous approchons de Charleston.
Le premier signe de la proximité de la côte est le changement de couleur de
l’eau qui, du bleu outremer, est passée au vert clair : nous sommes dans
les eaux du Gulf Stream. Puis c’est
une joie d’apercevoir la terre au loin, plus précisément deux pylônes d’un
svelte pont suspendu qui enjambe le fleuve de Charleston. On avait bien
ressenti l’approche des terres par la présence de quelques oiseaux : un
petit rapace venu inspecter un possible terrain de chasse, un pélican planant
de ses ailes gracieusement empennées et même un tout petit piaf au plastron
ocre qui semble épuisé. Et de même, nous voyons de plus en plus de bateaux à
l’horizon, le trafic se densifie. Puis on commence à voir la ville se préciser
et au loin arriver un minuscule point noir : le bateau du pilote. Le point
noir grossit rapidement, la petite embarcation contourne notre gros cargo et
s’accroche à bâbord sous le château, au niveau de l’échelle de coupée. Du pont
latéral nous pouvons voir le pilote monter à bord. Un officier en tenue est
descendu pour l’accueillir et lui faire le chemin. Ils montent jusque sur le bridge. Nous verrons que chaque fois
qu’on arrive dans un port, avant l’arrivée du pilote, le capitaine et le second
sont en tenue, chemise à épaulettes et pantalon d’uniforme. Le bateau du pilote
décroche et repart en direction du port. L’entrée à Charleston se fait par
l’estuaire du fleuve Santee. On passe devant la ville en la laissant sur
bâbord. Il faut remonter le fleuve et passer sous le pont. C’est une arrivée
somptueuse, la nuit commence à tomber et les lumières rutilent de partout. Un
bateau de guerre est illuminé comme un arbre de Noël. La rivière sinue en de
larges courbes puis nous arrivons au terminal. Les remorqueurs poussent le
Jamaïca contre le quai, nous accostons en Amérique.
Nous
sommes aussitôt convoqués en bas, dans les bureaux pour faire vérifier nos
papiers par les services de la douane américaine. Deux passagers sont déjà là,
prêts à nous quitter pour descendre à Charleston
Le
transbordement des conteneurs s’effectue pendant la nuit et le départ est prévu
pour six heures. Hier soir, nous avons eu, au moment du repas, l’occasion de
parler avec le capitaine. Pour une fois, il était en verve et nous a indiqué
que le travail serait assez rapide, un certain nombre de conteneurs n’ayant pu
être livrés à cause de l’ouragan. Mais il avait des doutes quant à l’entrée
dans le port de Savannah, notre prochaine escale, et il pensait devoir jeter
l’ancre au large en attendant l’autorisation d’entrer au port. Après une
journée de navigation, ses doutes sont confirmés, nous nous retrouvons avec une
trentaine de bateaux au mouillage au large des côtes et c’est un spectacle
étonnant que de voir ces imposants navires rassemblés de manière sporadique. On
voit nettement les chaînes des ancres tendues vers le fond. Les bateaux sont en
majorité des porte-conteneurs des grandes compagnies maritimes : MSC,
Maersk, Hapag-Lloyd, Hyundai, NYK Line et non loin de nous, un autre cargo de
la CMA-CGM, le Tage que nous avions déjà croisé avant Charleston. La mer calme,
le navire à l’arrêt, nous passons beaucoup de temps sur les ponts extérieurs.
On accède à ces ponts par des portes équipées d’une fermeture à poignée
ordinaire, d’une serrure à condamnation (clé à l’extérieur et verrou à
l’intérieur) et de deux verrous de maintien pour éviter la déformation des
portes. Dans les ports, il est obligatoire de fermer ces portes au verrou pour
éviter toute intrusion extérieure dans le navire. Il est à noter que toutes les
serrures du bateau tournent dans le sens inverse au sens habituel sur la terre
ferme, la fermeture se fait donc par rotation sénestrogyre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire