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dimanche 20 août 2017

Six semaines à bord du Jamaïca (7)



7.  Golfe du Mexique et arrivée à Veracruz. Du 17 au 19 octobre.
Auditrices et auditeurs de CoolDirect bonjour. Si vous avez un jour la veine / De pouvoir prendre le bateau / Allez goûter une semaine / A l’aventure mexicaine / Au soleil de Mexicoooo… la veine, nous l’avons, nous entrons dans le golfe du Mexique tout en sachant bien que notre destination n’est pas Mexico mais Veracruz puis Altamira. Les eaux du golfe sont bien plus calmes que celles que nous avons connues avant Miami, le navire donne l’impression de glisser sur la surface bleue, tangage et roulis ne sont plus à l’ordre du jour. Un rapace de taille moyenne suit le mouvement du bateau, tantôt se lançant dans de grands vols, ailes largement déployées, tantôt se posant sur la grue à l’arrière du pont au niveau de notre étage. Il est bientôt rejoint par un autre et ils font des vols croisés de l’avant à l’arrière du cargo. Le matin, à la lumière frisante, nous observons les poissons volants sortir du sillage et parfois faire près de cent mètres avant de replonger dans une vague. Depuis notre pont, juste en-dessous de la passerelle de commandement, il nous est facile d’admirer tout cela. Dans l’après-midi, nous entendons un matelot philippin sortir du bridge et aller au bout de la passerelle pour vider d’un coup énergique un seau de savonnée qui, rabattue par le vent, nous vient en shampooing sur le crâne. La douche pré-mexicaine, la surprise tropicale…
Un changement d’heure a encore eu lieu cette nuit. En début de matinée, visite de deux marsouins et de nombreux poissons volants qui filent au-dessus des flots comme des petites flèches. L’air est humide et chaud, l’arrivée à Veracruz est prévue pour demain 10 heures, le pilote pour 8 heures. Ce matin, l’alarme sonne un coup bref, un coup long, plusieurs fois de suite et cette fois, les passagers sont concernés. Il s’agit de l’alarme en cas d’abandon du navire. Nous devons descendre sur le Deck A avec nos gilets de survie. C’est un exercice qui consiste à utiliser les canots de sauvetage, nous n’y entrerons pas mais le canot sera descendu et remonté. Ensuite, une alarme générale est déclenchée et nous devons, en tant que passagers, rejoindre la passerelle. Et voilà enfin l’occasion d’aller la visiter : c’est un endroit très clair avec une vue panoramique, de grands parebrises inclinés pourvus d’essuie-glaces ouvrent une vue à plus de 180 degrés vers l’avant et deux larges parebrises à tribord vers l’arrière ; sur chaque bord il y a un pont extérieur en surplomb des bords du navire qui permet de voir en avant, en arrière et sur les côtés du navire. Cette fois, nous sommes accueillis par le capitaine et on nous propose un café. Nous restons sur le Bridge tant que dure l’exercice puis le capitaine nous fait savoir que nous pouvons encore rester ou rejoindre notre cabine. Fin d’alerte ! Nous avons maintenant une idée plus claire de ce que  peut être l’évacuation du bateau, le risque est toujours présent, que ce soit sur mer ou à terre. J’ai lu que cinq grands bateaux coulent chaque année sur notre globe.
A sept heures, la côte de Veracruz est en vue. Nous avons le temps de prendre notre petit déjeuner avant l’entrée au port. Le pilote arrive à huit heures et demie dans un petit bateau de pilote, comme dans les autres ports, sauf que le moteur fait une pétarade d’enfer, on est au Mexique, caramba ! Vu de loin, le port est assez proche de la ville mais elle semble s’étendre vers le sud, le long de la côte. Ce qui est beau, c’est l’arrivée entre des îlots verdoyants et des bandes de terre qui forment une sorte de lagon. Un de ces ilots est appelé ile des sacrifices. Le port est petit et il y a seulement deux places desservies par des ponts roulants pour porte-conteneurs. Nous sommes dirigés vers un terminal où ce sont des grues sur roues qui font les transbordements, grues d’une génération plus ancienne que les ponts roulants. La cabine du grutier se trouve au niveau de l’articulation haute et le transbordement se fait par la rotation de la grue, à la manière d’une sapine. Vers 10 heures trente, nous sommes appelés au bureau de contrôle pour nous présenter avec nos papiers aux officiers de l’immigration. L’escale est prévue pour une vingtaine d’heures. L’intérêt de ce port est d’être tout proche de la ville et on peut en partir à pied, si on sait marcher, car un port, c’est toujours vaste. Mais le plaisir est de voir ces grands cargos depuis le quai, leur étrave puissante et la hauteur de leurs bords. Nous passons au pied du Nord Trust qui décharge à la pince du minerai de fer, provoquant un vacarme terrible chaque fois qu’il ouvre sa pince au-dessus de la trémie métallique de remplissage du camion. Chaque fois que nous croisons des dockers, ils nous saluent d’un sourire et d‘un signe de la main. Après avoir suivi une route où défilent les camions en tous genre et des wagons de transport de véhicules, nous arrivons au bureau douanier où nous passons par les portiques de détection. A peine sortis du port, un taxi nous fait signe, nous le prenons. Il nous dépose sur la plaza Americas qui a pour particularité d’avoir en son centre une statue comme un mât de cocagne surmonté d’un personnage habillé de blanc assis tout en haut et juste en-dessous, quatre autres bonshommes pareillement vêtus, pendus par les pieds et bras écartés. Il s’agirait de la représentation d’un jeu local. Cette plaza Americas est en fait un carrefour autour duquel se trouvent de grands immeubles, une énorme galerie marchande, fort justement appelée America et un World Trade Center. Nous entrons dans la galerie marchande, un vrai dédale pour consommateurs invétérés, et nous trouvons une agence bancaire pour changer des dollars en pesos mexicains. Je passe sur les détails, disons qu’on y est arrivés… Puis nous sortons de ce paradisiaque enfer consumériste pour tenter de trouver un restaurant qui ne soit pas un lieu de bouffe mondialisée. Et cela existe, cela s’appelle la Villa Rica et on y mange des mariscos dans une grande paillotte au bord de la plage. Le cadre est agréable et ventilé, et possède même, au choix, des toilettes rustiques ou des toilettes climatisées. Nous mangeons des poulpes grillés et des bananes farcies aux crevettes et miettes de poulpes, le tout arrosé de bière mexicaine Sol. Si vous passez par-là, je vous recommande l’endroit. Au sortir du restaurant, comme partout à Veracruz, nous trouvons un taxi auquel nous demandons de nous porter dans la ville ancienne, loin des galeries marchandes. Il nous ramène dans les environs du port, à l’entrée d’un petit marché couvert. Sous un hangar, sans ventilation ni climatisation, dans un entassement de petites échoppes séparées par des allées étroites, on trouve de tout : fruits, légumes, viandes, fromages et poissons ; des pots en céramiques, des casquettes, des balais, des jouets, une gargote. Des marchands crient, d’autres somnolent, beaucoup d’étals sont joliment arrangés en pyramide, d’autres un peu en vrac avec parfois des légumes gâtés, il y a des mangues, des goyaves, des carottes, des petits citrons verts, des bananes, des chayottes, des courges, des ananas, des fromages entrelacés… Nous achetons quelques fruits dont une petite goyave qui parfumera notre cabine jusqu’à la fin du séjour. Puis nous repartons en direction de la zone portuaire en suivant le littoral. Il fait très chaud et nous passons devant l’Acuario de Veracruz où nous nous réfugions. Dans la galerie artisanale je suis étonné de voir que la majorité des boutiques vendent les mêmes choses, les mêmes porte-clés, les mêmes mugs, les mêmes petits voiliers en bois. Après nous être rafraichis d’un délicieux lait de coco glacé parfumé à l’ananas, nous reprenons notre marche au soleil sur le boulevard Camacho où nous trouvons un autre marché artisanal avec encore la même bimbeloterie. Puis, en face, une autre galerie où nous pouvons finir d’utiliser nos pesos avec plaisir. Nous sommes dans un quartier historique et nous rejoignons le quai en passant par les phares et les anciennes fortifications. Après la douane, nos pieds et jambes sont soulagés d’arriver enfin sur le cargo.

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