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dimanche 13 août 2017

Six semaines à bord du Jamaïca (6)



6. Arrivée à Savannah. Puis Miami, du 13 au 16 octobre.
Auditrices et auditeurs de CoolDirect bonjour. Au large des côtes de Savannah, le lever de soleil, vers sept heures, est splendide et, pendant quelques minutes, l’orient s’est enflammé sur cet océan garni çà et là de ces lourds navires qui se balancent doucement. Un minuscule voilier passait entre eux, fin esquif donnant un rêve de souplesse parmi les lourds transporteurs. Plus tard, un autre petit hors-bord blanc vient aussi sillonner entre les cargos. Hier nous étions dans la brume, aujourd’hui le soleil est bien là pour éclairer ce calme étrange après la tempête. Ceci n’est pas un bateau… comme dans un tableau de Magritte. Les bateaux sont de monstrueux jouets laissés là sur une mer de jade, immobiles ; une sorte de décor en trompe-l’œil pour quelque film fellinien. Sur ce carrousel lumineux, poussés par le courant, les navires tournent autour de leur ancrage : le navire qui était à droite se retrouve à gauche, celui qui était devant se voit maintenant à droite, et le soleil se lève aujourd’hui à tribord pour s’y coucher aussi. Et les flots, toujours différemment semblables, ondulent sans donner de point de repère. Là où était le nord hier, le soleil se lève ce matin. Le temps semble s’être arrêté et distordu. Le temps immédiat a disparu pour laisser place à une éternité moite. Pour sortir de ce sentiment d’étrangeté, nous avons le loisir rare de pouvoir aller à l’avant du navire, sur la proue, là où sont les cabestans, les aussières et les remorques. On peut y aller tranquillement après avoir signalé notre intention à la passerelle puis être passé au bureau des officiers pour mettre casque et gilet fluo. Pour y accéder, il faut suivre une longue coursive de près de 200 mètres qui passe en partie sous les conteneurs. C’est l’endroit le plus calme que nous ayons connu sur ce bâtiment. Quels que soient l’heure ou le lieu, il y a le bruit des machines ou le ronflement des compresseurs frigorifiques des conteneurs. A quai, il y a le vacarme du chargement et en mer le bruit des vagues et du vent. Ici à la proue, bateau à l’ancre et avec mer modérée, il règne un calme apaisant, le soleil est gentiment de la partie et on voit la mer à moins de dix mètres plus bas.
Enfin, au matin, notre bateau lève l’ancre et se dirige vers Savannah. Les autres navires restent au mouillage et nous nous dirigeons vers le port, le pilote est déjà à bord. L’arrivée dans les ports est toujours différente et ici il faut remonter une bonne partie du fleuve éponyme pour aborder aux terminaux. L’eau du fleuve est particulièrement boueuse suite à l’ouragan. Dans le delta, de multiples bras semblent remonter dans les terres, entourant de vastes plaines marécageuses. Les méandres de la rivière permettent d’apprécier un paysage splendide, nous défilons devant cette jolie ville hérissée de clochers pointus blancs ou verts ainsi que d’un orgueilleux dôme doré. Nous remontons ensuite le long d’importantes installations industrielles, cimenteries, usines et stockages divers. Les oiseaux de mer étaient nombreux avant l’entrée dans la rivière mais maintenant seules quelques mouettes et rapaces apprécient l’eau verdâtre d’après ouragan. Quelques arbres et morceaux de toiture arrachés sont visibles, la tempête a dû souffler violemment sur une telle étendue de plaine. Il n’y a pratiquement pas une place de quai libre et les grues fonctionnent rapidement. Nous sommes à quai dès midi et notre départ prévu pour 17.30 heures, direction Miami.
Le lendemain, les lumières de Miami sont en vue dès six heures. Une arrivée dans le noir puis doucement, le soleil se lève en teintant de rouge l’horizon. On est dimanche, Miami étincelle de partout, les immeubles bâtis en front de mer, les ponts, les routes et les grues du port. Ce port d’où on a l’impression que l’on pourrait toucher la ville du doigt. La marina est tranquille comme s’il n’y avait pas eu de tempête. Et, un peu plus près de la ville, les énormes paquebots de croisière, pachydermes ventrus digérant leur plein de touristes. Les transbordements durent toute la journée et pendant ce temps, c’est un spectacle continu de petits bateaux, hors-bords, jet-skis, voiliers. Juste avant notre départ, un grand paquebot nous croise et c’est impressionnant de voir cette communauté flottante de touristes à tous les étages. Il y a du monde partout, même en peignoir sur les petits balcons… je me sens mieux sur le cargo sans animations collectives ni gentils organisateurs…

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