Auditrices et auditeurs
qui m’écoutez, bonjour. Peut-on ne rien s’interdire et est-ce la même chose que
de tout s’autoriser ? En effet, ne rien s’interdire n’est-il pas moins que
de tout s’autoriser et peut-on tout s’autoriser sans pour autant ne rien
s’interdire ? La question est difficile à trancher et il ne faudrait pas
moins qu’un éminent prix Nobel pour nous éclairer sur ce sujet. Mais, de même,
n’importe quel prix Nobel de n’importe quelle discipline est-il capable de
donner un avis sur n’importe quel sujet ?
Car nul n’ignore que les
Nobels sont de disciplines diverses et
chacune de ces disciplines, elles-mêmes, se subdivisent en sous-disciplines et
parfois même en sous-sous-disciplines, ce qui fait beaucoup de sous-sous pour
un certain nombre de gens, sans compter les primes et indemnités diverses et
sans oublier la retraite de la fonction publique.
Ces disciplines sont la
physique, la chimie, la médecine, la littérature et la paix. Une sorte de prix
annexe est aussi décerné en économie mais celui-ci est décerné par l’académie
des sciences imaginaires et ne rentre donc pas, stricto sensu, dans le cadre
précédent. Evidemment, les trois premières, physique, chimie et médecine, sont
qualifiées de sciences dures et sont
donc les voies royales de la
nobélisation. Ensuite, la littérature, science molle si l’on peut dire,
couronne une œuvre de qualité animée d’un grand idéal. Les grands idéaux ne
font pas exception au niveau des sous-disciplines, le sous-grand idéal fait
même florès de nos jours. Et, dernier mais non des moindres, le prix Nobel de la
paix récompense la
personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au
rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées
permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix.
L’attribution de ce prix a connu des fortunes diverses et dernièrement encore
des pétitions ont circulé pour le retrait du prix à une personnalité, ce qui,
paraît-il, est impossible. Et puis, s’il était avéré trente ans plus tard qu’un
Nobel de physique ou de chimie se fût mis le doigt dans l’œil, irait-on le lui
retirer ? De plus, il faut bien comprendre que le président Obama a reçu
le prix Nobel de la paix à l’avance au cas où, par mégarde, il aurait
ultérieurement fait la guerre. Mais l’aréopage qui attribue cette récompense
sait juger aussi bien sur les faits que sur les intentions présumées des
attributaires.
Pour
revenir donc à ce que l’on peut s’autoriser tout en ne se l’interdisant pas,
cela représente pas mal de choses diverses comme, en vrac, l’alcool, le tabac,
les femmes, les hommes (et vice-versa…), le patin avec ou sans roulettes, la
burqa, le chapeau haut-de-forme et le chocolat. Sans oublier un certains
nombres d’autres choses que la bienséance et le directeur d’antenne
m’interdisent de citer. Et si le tout est parfois plus que la somme des
parties, il n’en est pas moins vrai que le rien est inférieur à la soustraction
de toutes les autres, sans préjudice du contraire.
On
voit par-là que s’il est interdit d’autoriser, il peut en conséquence
paradoxale être autorisé d’interdire et inversement réciproquement, suivant la
prescription du docteur Dac qui connaissait le prix de nos belles fantaisies.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire