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jeudi 26 octobre 2017

René-la-Science (73)



— Oui, continue, répondis-je.
— Tout s’est bien passé, en fait ce Roger qui a l’air d’un ours peut être, s’il le veut, parfaitement charmant, gentil et attentionné. Bien sûr, je ne savais pas trop où je mettais les pieds mais je pensais que tout cela serait sans lendemain. D’ailleurs lui aussi avait l’air de prendre la chose ainsi. Il m’a ramené chez Michel, discrètement et sans chercher à poser des jalons pour la suite. Pour moi, on allait en rester là. Quelques temps ont passé et un jour, Roger débarque à la maison, chez Michel, et je lui offre un café qu’il accepte volontiers. Il se fait un peu pressant, mais je lui fais comprendre que je n’ai pas l’intention de lui offrir plus qu’un café. Il prend la chose avec le sourire mais il me dit qu’il est aussi venu parce que je pourrais l’aider. Je lui dis que je ne comprends pas, que je ne fais plus de kiné. Il me répond qu’il me demanderait simplement de lui parler des faits et gestes de Michel, surtout en ce qui concerne le bois du Blédard.
— Espionnage industriel ou quoi ?
— Oui, c’était à peu près cela, il voulait savoir ce que faisait Michel sur son terrain, s’il avait des projets ou des travaux en cours. Là, je lui ai demandé ce que c’était que cette connerie, en quoi les faits et gestes de Michel pouvaient l’intéresser et en quoi cela le regardait. Et j’ai éclaté de rire. Eh bien là, Roger, il n’a pas aimé, mais pas du tout… il s’est levé doucement, sa tasse en main. Il a jeté sa tasse contre le mur où elle a comme explosé. J’ai toujours ce bruit dans ma tête… Il a attrapé un petit chat qui jouait avec sa mère et il l’a aussi jeté contre le mur. Le chat s’en est sorti, mais Roger s’est approché de moi alors que je me levais de ma chaise et il m’a prise par la gorge. Il a serré et il m’a dit de faire attention parce qu’il pouvait être encore plus méchant. Il m’a fait agenouiller et m’a donné l’ordre de demander pardon. Je lui ai demandé pardon. Puis il m’a donné l’ordre de lui faire une pipe. J’ai obéi. Après avoir joui, il m’a dit de rester à genoux et d’aller sur les genoux lui chercher une autre tasse et de lui servir un autre café. J’ai fait tout ce qu’il me disait. Je suis restée à genoux à côté de lui pendant qu’il buvait son autre café. Et il m’a dit que je devais lui dire tout ce que faisait Michel, de chercher à savoir ce qu’il faisait au bois de Montieu. Et il m’a dit que si je ne lui obéissais pas, que si j’en parlais à qui que ce soit, il ferait des choses terribles. J’avais peur, je ne sais pas comment il a pu arriver à imprimer une telle peur en moi. Ce type est un malade, crois-moi.
— Et tu l’as tenu au courant de ce que faisait Michel ?
— Oui, je l’appelais au téléphone pour lui dire mais ce n’est pas par moi que Roger a su que Michel était au bois du Blédard avec sa femme. Je crois qu’il devait aussi surveiller sa femme parce que je lui avais dit que je croyais qu’il lui courait après. Tu comprends, j’essayais de téléphoner à Roger les moindres choses pour me faire bien voir de lui. Il me fait peur, tu ne peux pas comprendre…
— Si, crois-moi, je peux comprendre ta peur. Peut-être ne puis-je pas comprendre à quel point tu as peur, mais je crois que je peux comprendre ta peur. Mais je suis avec toi et je vais t’aider.
— Tu comprends, Michel ne pouvait ne m’être d’aucune aide, il est trop faible pour m’aider.
— Mais à moi, tu me fais confiance ? Demandé-je.
(à suivre...)

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