— Oui, continue,
répondis-je.
— Tout s’est bien passé,
en fait ce Roger qui a l’air d’un ours peut être, s’il le veut, parfaitement
charmant, gentil et attentionné. Bien sûr, je ne savais pas trop où je mettais
les pieds mais je pensais que tout cela serait sans lendemain. D’ailleurs lui
aussi avait l’air de prendre la chose ainsi. Il m’a ramené chez Michel,
discrètement et sans chercher à poser des jalons pour la suite. Pour moi, on
allait en rester là. Quelques temps ont passé et un jour, Roger débarque à la
maison, chez Michel, et je lui offre un café qu’il accepte volontiers. Il se
fait un peu pressant, mais je lui fais comprendre que je n’ai pas l’intention
de lui offrir plus qu’un café. Il prend la chose avec le sourire mais il me dit
qu’il est aussi venu parce que je pourrais l’aider. Je lui dis que je ne
comprends pas, que je ne fais plus de kiné. Il me répond qu’il me demanderait
simplement de lui parler des faits et gestes de Michel, surtout en ce qui
concerne le bois du Blédard.
— Espionnage industriel
ou quoi ?
— Oui, c’était à peu près
cela, il voulait savoir ce que faisait Michel sur son terrain, s’il avait des
projets ou des travaux en cours. Là, je lui ai demandé ce que c’était que cette
connerie, en quoi les faits et gestes de Michel pouvaient l’intéresser et en
quoi cela le regardait. Et j’ai éclaté de rire. Eh bien là, Roger, il n’a pas
aimé, mais pas du tout… il s’est levé doucement, sa tasse en main. Il a jeté sa
tasse contre le mur où elle a comme explosé. J’ai toujours ce bruit dans ma
tête… Il a attrapé un petit chat qui jouait avec sa mère et il l’a aussi jeté
contre le mur. Le chat s’en est sorti, mais Roger s’est approché de moi alors
que je me levais de ma chaise et il m’a prise par la gorge. Il a serré et il
m’a dit de faire attention parce qu’il pouvait être encore plus méchant. Il m’a
fait agenouiller et m’a donné l’ordre de demander pardon. Je lui ai demandé
pardon. Puis il m’a donné l’ordre de lui faire une pipe. J’ai obéi. Après avoir
joui, il m’a dit de rester à genoux et d’aller sur les genoux lui chercher une
autre tasse et de lui servir un autre café. J’ai fait tout ce qu’il me disait.
Je suis restée à genoux à côté de lui pendant qu’il buvait son autre café. Et
il m’a dit que je devais lui dire tout ce que faisait Michel, de chercher à
savoir ce qu’il faisait au bois de Montieu. Et il m’a dit que si je ne lui
obéissais pas, que si j’en parlais à qui que ce soit, il ferait des choses
terribles. J’avais peur, je ne sais pas comment il a pu arriver à imprimer une
telle peur en moi. Ce type est un malade, crois-moi.
— Et tu l’as tenu au
courant de ce que faisait Michel ?
— Oui, je l’appelais au
téléphone pour lui dire mais ce n’est pas par moi que Roger a su que Michel
était au bois du Blédard avec sa femme. Je crois qu’il devait aussi surveiller sa
femme parce que je lui avais dit que je croyais qu’il lui courait après. Tu
comprends, j’essayais de téléphoner à Roger les moindres choses pour me faire
bien voir de lui. Il me fait peur, tu ne peux pas comprendre…
— Si, crois-moi, je peux
comprendre ta peur. Peut-être ne puis-je pas comprendre à quel point tu as
peur, mais je crois que je peux comprendre ta peur. Mais je suis avec toi et je
vais t’aider.
— Tu comprends, Michel ne
pouvait ne m’être d’aucune aide, il est trop faible pour m’aider.
— Mais à moi, tu me fais
confiance ? Demandé-je.
(à suivre...)
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