Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. « Des chercheurs qui cherchent, on en
trouve. Des chercheurs qui trouvent, on en cherche. » (Pierre Dac).
Cette phrase avait tant frappé mon ami le professeur Papillon qu’elle a
changé le cours de sa vie. En effet, après de longues, brillantes et solides
études, il s’était lancé dans la recherche. Et comme il y a même de temps en
temps un ministère pour cela, il dépendait de ce ministère. Nul ne doute que
cela soit passionnant de chercher toujours et encore mais il commençait à se
lasser de fureter, fouiner, fouiller et sonder. Après avoir envoyé un courrier
au ministre pour lui proposer de créer un ministère de la découverte, il
réfléchissait à cela en prenant un bain sur le balcon de son rez-de-chaussée –
il avait en effet inventé le rez-de-balcon,
sans danger de chute et commode pour les Roméo sourds ou manquant
d’agilité – lorsque le facteur en passant lui jeta la réponse du ministère. En
termes un peu secs –un comble pour une lettre qui avait atterri dans l’eau du
bain – il lui était signalé que sa proposition était incongrue, saugrenue et
ingénue. Son licenciement sans indemnités lui était notifié et il était prié de
ne plus mettre les pieds au ministère. Eurêka, s’écria notre Papillon, je viens
de découvrir une nouvelle loi : « Tout corps plongé dans la fonction
publique subit une pression de haut en bas telle que toute trouvaille lui est
impossible. Tout corps émergeant de la fonction publique peut s’épanouir dans
la découverte ». Il venait de formuler la Loi de Papillon.
Le bon professeur se lança donc à corps perdu et pour son propre compte
dans la découverte, ce qui le mena jusqu’en Australie où il assistait à un
congrès organisé par l’inventeur du slip kangourou lorsqu’il reçut un
télégramme lui apprenant que son épouse légitime, non contente de demander le
divorce s’était déjà mise en ménage avec son percepteur. Malgré son désespoir,
il parvint à établir que « le battement de l’aile d’une feuille d’impôts à
Bercy peut provoquer une tempête sous un crâne à Sidney ». C’est ce que
l’on a nommé l’effet Papillon, du nom de son découvreur.
Car en effet, mon ami était devenu un découvreur après avoir été un
chercheur. Son esprit est depuis toujours en éveil car il compte sur le hasard
et l’intelligence de l’instant qui passe pour récompenser l’acuité de son
esprit. Il se considère comme un héritier spirituel des princes de Serendip,
inlassables découvreurs dont la bonne fortune a permis de créer le mot de
sérendipité.
Chapeau, professeur ! On voit par là qu’il faut se découvrir devant
le génie.
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