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dimanche 26 novembre 2017

Chronique de Serres et d’ailleurs III (11)



Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Les amis de nos amis sont nos amis.
Alors là, je dis : oh oh oh ! Soyons prudents. Car en poussant le raisonnement un peu plus loin, peut-on en déduire que les amis de nos ennemis sont nos ennemis, que les ennemis de nos amis sont nos ennemis ou que les ennemis de nos ennemis sont nos amis ? Et inversement réciproquement. Sans oublier les amies de nos amis…
Pour bien en parler, il faudrait déjà avoir défini ce que c’est que l’amitié. Mais en cela, La Boétie avait déjà conclu : « c’est parce que c’était lui, c’est parce que c’était moi ». Et il est bien doux d’avoir de vrais amis, de ceux que le vent n’emporte pas mais que la mort cruelle nous enlève souvent en nous arrachant une part de nous-mêmes.
Mais s’il est bon d’avoir de vrais amis, il est plus utile encore d’avoir de vrais ennemis. Pas de ces ennemis médiocres et de peu de valeur. Du genre à vous vouloir du mal et à vous en faire sans le savoir, boutiquiers de l’inimitié à la petite semaine. Rien qu’à affronter leur bassesse, on y perd de la hauteur et l’on se livre à la vile et stérile polémique. Ils sont légion ces cafards de basse-fosse. Ils polluent nos villes, nos campagnes et quelques-unes de nos synapses. La faucheuse, bien souvent, comme pour leur accorder un sursis qui leur permettrait de se racheter, les laisse vivre plus vieux. Mais ayant vécu sans âme, ils meurent sans esprit. Leurs cendres même ne sont que poussière et salissent la terre de leur crasse.
Mais un ennemi intime et fidèle, un de ces ennemis que l’on peut se vanter d’affronter, qui nous fait sortir le meilleur de nous-mêmes, voilà qui est précieux ! « Protégez-moi de mes amis, Seigneur, de mes ennemis je m’en charge » aurait dit le Vert Galant. Qu’il est admirable de se trouver un ennemi à sa hauteur, un adversaire que l’on respecte car il nous oblige à donner le meilleur de notre intelligence. Nous le sentons toujours en embuscade, prompt ou patient à nous répondre et sans le voir nous dialoguons sans cesse avec lui comme s’il regardait par-dessus notre épaule lorsque nous écrivons. Il ne nous frappera point si nous sommes à terre car il n’accepte que le juste combat.
On voit par-là que si l’honnêteté de nos amis nous réconforte, la loyauté de nos ennemis nous élève.

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