— Je crois, oui, je crois
que peut-être je peux te faire confiance, répondit-elle.
— Cela fait beaucoup de
je crois et de peut-être, il va falloir t’affirmer plus.
— C’est difficile, tu
sais.
— Je sais. Mais
maintenant, dis-moi : tu m’as espionné moi aussi, tu t’es servie de mon
portable, tu as fouillé mes papiers, non ?
— Oui, le matin, je me
suis levé, j’ai vu que tu dormais et j’ai cherché dans tes poches. Il y avait
ta clé de voiture, enfin de ce fourgon, et je suis allée fouiller aussi dans le
fourgon, j’ai regardé dans tes papiers, j’ai noté ton nom et ton adresse, j’ai
trouvé ton téléphone et je m’en suis servi pour appeler Roger. De la cuisine,
tu risquais de m’entendre donc j’ai appelé Roger qui m’a rappelé. Je lui ai dit
qui tu étais et je lui ai dit l’essentiel de ce que tu m’avais raconté dans la
nuit.
— Entre autres, la clé
sous le tonneau ?
— Oui, la clé sous le
tonneau…
— Et pourquoi ne pas m’en
avoir parlé à un moment ou à un autre ?
— Oui, pourquoi, pourquoi
? Parce que, parce que… parce que ce n’est pas si facile que cela, et si j’en
parle maintenant c’est parce que je crois que j’ai confiance en toi mais que je
crois aussi que tu commences à te méfier de moi. Si je veux sortir de la prison
où je suis, de la prison où Roger me tient enfermée, tu es la seule personne en
qui je crois et à qui je peux encore parler. J’ai eu très peur cette nuit que
tu ne reviennes pas ce matin et que je ne trouve plus personne à qui je puisse
me confier. Tu es le seul qui peut m’arrêter dans cette folle soumission.
— Je ne sais pas si je
suis le seul, mais en tout cas disons bien les choses : à partir de maintenant,
nous sommes deux et je ne te laisse pas tomber tant que tu ne seras pas libre.
Mais cela ne veut rien dire pour l’avenir, ne fais aucun projet me concernant.
Nous sommes deux face à une situation et je vais t’aider à reprendre pied. S’il
y a encore des choses que tu ne m’as pas dites, il faut que tu me les dises.
Cela m’est nécessaire mais toi aussi tu as besoin de te libérer. Alors, si tu
as encore quelque chose à dire, dis-le. Si cela te revient plus tard, dis-le
dès que tu peux. Je t’ai dit : nous sommes deux, on fait équipe maintenant.
— Ça veut dire que tu ne
me laisseras pas seule ?
— Le moins possible,
sinon avec quelqu’un en qui tu peux avoir confiance. Il faut que tu te
débarrasses, que tu te délivres de cette peur et que tu extirpes ce type de
toi.
Allez, dis-je, on repart.
Je démarrai, et sortis de l’aire du Frontonnais. La musique était cette fois
plus guillerette et l’atmosphère plus détendue. Nous roulâmes ainsi jusqu’au
périphérique toulousain, sortie 27 et nous arrivâmes sur le parking de l’hôpital.
(à suivre...)
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