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jeudi 5 avril 2018

René-la-Science (96)



— Ga… ga… Gaby, dit Michel.
— Bon, c’est pas encore le pied, mais on dirait que j’ai fait des miracles, dit René. Ton père, le Gaby, il a du se tourner de joie dans sa tombe. T’as senti l’odeur ? Il avait pas bouffé que des pétales de roses, le Siméon, c’est moi qui te le dis.
— Tu… tu… l’as dit, c’est… ben… fait, répondit Michel d’une voix pâteuse.
— Tu verras, tu vas te remettre à parler mon pote, lui dit René en le prenant par l’épaule. Attend, je désarme ce flingue, je le mets dans ma poche et je te fais la bise.
Il lui claqua deux bises sur le museau et attrapa Magali à qui il en fit autant, puis il se tourna vers moi.
— Mon Fortunio, dans mes bras, on a fait partir ces affreux et décloué le bec à Filochard.
— Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes si la Magali nous servait à boire, dis-je en étreignant René.
— Evidemment, c’est toujours la bonne femme qui fait le service, rétorqua Magali en riant.
— La maîtresse de maison, ma chère, lui dit René avec toute la fausse galanterie dont il était capable. Je trouve que vous avez repris des couleurs depuis que je suis arrivé !
— Ne m’en parle pas, allez Albert, sors les verres, moi je m’en roule une, dit Magali.
— Si tu fumes, alors moi aussi, dis-je promptement. Et toi, René ?
Et nous terminâmes la soirée autour d’une bouteille et d’un paquet de tabac. Michel, qui n’avait plus fumé depuis son accident se risqua à tirer quelques tafs. René nous expliqua qu’il avait mené une enquête sur nos zigotos. Il avait d’abord espionné les Fauchet, mais avait vite découvert l’identité de l’homme à la voiture japonaise bleue : Marco Carbiat. Puis il avait remarqué un manège autour du bois de Montieu et même des traces de passage dans le parc à moutons. Et il avait vu les quatre hommes entrer au château de Montieu, sans savoir ce qu’ils avaient pu aller y faire. Mais il avait supposé qu’ils avaient testé le souterrain. Ensuite, René avait quelques connaissances dans la région qui l’avaient orienté vers un ancien qui connaissait bien les quatre mousquetaires… et qui n’avait pas trop d’amitié pour eux. Heureux d’avoir une oreille attentive, l’ancien s’était épanché généreusement. René avait continué sa surveillance et s’était douté qu’il se passerait quelque chose. Cela faisait plusieurs soirs qu’il surveillait la maison de Michel, accompagné du fameux browning.
— Et tu sais te servir de ces engins ? Lui demandé-je.
— Oui, bien sûr, sinon je n’aurais jamais risqué le coup de tirer à deux centimètres de la tronche du Siméon. J’ai fait l’armée, moi monsieur, je suis un homme ! Et puis, j’ai eu l’occasion d’aller faire un peu d’entraînement.
— Tu l’avais donc fait exprès ? Demandé-je.
(à suivre...)

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