— Ga… ga… Gaby, dit
Michel.
— Bon, c’est pas encore
le pied, mais on dirait que j’ai fait des miracles, dit René. Ton père, le
Gaby, il a du se tourner de joie dans sa tombe. T’as senti l’odeur ? Il avait pas
bouffé que des pétales de roses, le Siméon, c’est moi qui te le dis.
— Tu… tu… l’as dit,
c’est… ben… fait, répondit Michel d’une voix pâteuse.
— Tu verras, tu vas te
remettre à parler mon pote, lui dit René en le prenant par l’épaule. Attend, je
désarme ce flingue, je le mets dans ma poche et je te fais la bise.
Il lui claqua deux bises
sur le museau et attrapa Magali à qui il en fit autant, puis il se tourna vers
moi.
— Mon Fortunio, dans mes
bras, on a fait partir ces affreux et décloué le bec à Filochard.
— Tout serait pour le
mieux dans le meilleur des mondes si la Magali nous servait à boire, dis-je en
étreignant René.
— Evidemment, c’est
toujours la bonne femme qui fait le service, rétorqua Magali en riant.
— La maîtresse de maison,
ma chère, lui dit René avec toute la fausse galanterie dont il était capable.
Je trouve que vous avez repris des couleurs depuis que je suis arrivé !
— Ne m’en parle pas,
allez Albert, sors les verres, moi je m’en roule une, dit Magali.
— Si tu fumes, alors moi
aussi, dis-je promptement. Et toi, René ?
Et nous terminâmes la
soirée autour d’une bouteille et d’un paquet de tabac. Michel, qui n’avait plus
fumé depuis son accident se risqua à tirer quelques tafs. René nous expliqua qu’il
avait mené une enquête sur nos zigotos. Il avait d’abord espionné les Fauchet,
mais avait vite découvert l’identité de l’homme à la voiture japonaise bleue : Marco
Carbiat. Puis il avait remarqué un manège autour du bois de Montieu et même des
traces de passage dans le parc à moutons. Et il avait vu les quatre hommes
entrer au château de Montieu, sans savoir ce qu’ils avaient pu aller y faire.
Mais il avait supposé qu’ils avaient testé le souterrain. Ensuite, René avait
quelques connaissances dans la région qui l’avaient orienté vers un ancien qui
connaissait bien les quatre mousquetaires… et qui n’avait pas trop d’amitié
pour eux. Heureux d’avoir une oreille attentive, l’ancien s’était épanché
généreusement. René avait continué sa surveillance et s’était douté qu’il se
passerait quelque chose. Cela faisait plusieurs soirs qu’il surveillait la
maison de Michel, accompagné du fameux browning.
— Et tu sais te servir de
ces engins ? Lui demandé-je.
— Oui, bien sûr, sinon je
n’aurais jamais risqué le coup de tirer à deux centimètres de la tronche du
Siméon. J’ai fait l’armée, moi monsieur, je suis un homme ! Et puis, j’ai eu
l’occasion d’aller faire un peu d’entraînement.
— Tu l’avais donc fait
exprès ? Demandé-je.
(à suivre...)
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