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jeudi 12 avril 2018

René-la-Science (97)



— Oui et j’ai fait exprès de tirer vers l’imposte, c’est un peu risqué, la balle part dehors, mais elle ne s’enfonce pas dans le mur.
— Eh bien, tu m’en diras tant !
Et je conclus ainsi notre soirée.
Le lendemain matin, je mis Magali au courant de l’existence du coffre et de son contenu et, évidemment, elle fut complètement abasourdie d’apprendre que ce pactole était non seulement en lieu sûr, mais encore allait pouvoir servir à mettre la maison de Michel en état de l’accueillir correctement et sans trop regarder à la dépense. Je lui expliquai que j’étais titulaire de ce coffre, mais que René avait une procuration. J’ajoutai que nous ferions assez rapidement un transfert, probablement à son nom à elle. Mais il faudrait d’abord savoir si Michel serait mis sous tutelle et qui serait tuteur.
Nous regardâmes ensuite les travaux et je donnai à Magali des adresses d’entreprises qui m’avaient parues correctes. Et avant midi, je repartis vers le Lot-et-Garonne.

VIII. Sylvie
Je repris mon activité de maçon sur le marmandais, de temps à autre Magali me téléphonait pour me demander des conseils, donner des nouvelles de l’avancement des travaux, parler de l’évolution de la réadaptation de Michel. Comme il était difficile de régler le problème de la tutelle, elle envisageait de se marier avec lui. Elle était en même temps dans le désir d’action et de bien faire et pour autant, je sentais bien qu’il y avait de la résignation aussi dans sa manière d’aborder les choses.
J’eus aussi de temps à autre un coup de fil de René, il était souvent présent chez Michel, s’occupant des problèmes financiers et des relations avec les entreprises.
Un jeudi soir, j’eus un appel de Sylvie. Elle devait, dit-elle, aller passer un jour ou deux à Bordeaux et me demandait de l’héberger pour la nuit du vendredi au samedi. Mon sang ne fit qu’un tour et j’acceptai illico. Elle arriva donc le lendemain soir, j’avais mis les petits plats dans les grands et j’avais passé une bonne partie du vendredi à mettre de l’ordre dans ma vieille bicoque. J’étais aux anges de l’accueillir et elle était à l’unisson. Le repas prit un peu de retard car nous avions plus pressant à faire. Et la nuit fut évidemment torride. Cette petite futée devait effectivement aller à Bordeaux mais n’en avait pas pour deux jours et je compris qu’elle n’irait là-bas que le dimanche. Nous avions donc tout le samedi plus la nuit pour nous deux. Elle était aussi venue pour me donner des nouvelles de nos quatre bras cassés. Marco Carbiat était reparti le soir même sur Rodez, jurant ses grands dieux qu’il ne remettrait plus les pieds dans le Sciéraquois. Fauchet père, le Siméon, n’avait pas réussi à cacher la déroute de ses sphincters à Ninon, sa femme. Il y avait eu du grabuge sous le toit des parents Fauchet et le Siméon s’était enfermé dans le mutisme. Fauchet Fils, Roger, qui avait toujours été colérique et brutal, rasait maintenant les murs. Le soir de notre rencontre il n’était pas revenu chez lui, mais chez la maitresse qu’il avait depuis longtemps et chez qui il passait bon nombre de ses nuits. Mais, même lorsqu’il était absent la nuit, il avait toujours été présent pour le petit déjeuner avec sa femme et ses filles. Mais cette fois-là, il ne revint que le surlendemain, l’air abattu. Quant à Vitteaux, il continuait à porter beau dans Villeneuve, mais son entreprise connaissait de grosses difficultés et il avait licencié une partie de son personnel. A plus de soixante-dix ans, il n’avait pas voulu lâcher les rênes de son entreprise et aujourd’hui il semblait en délicatesse pour vendre l’affaire. D’après ce qu’a compris Sylvie, c’est Marco Carbiat qui avait relancé tout ce binz. Il venait de prendre sa retraite et il n’avait jamais oublié cette histoire. C’était lui qui avait eu l’idée du panneau au cimetière. Il était allé trouver le Pepito, mais celui-ci, après cette histoire de panneau dans laquelle il avait marché, ne voulait plus entendre parler de tout cela, il avait eu honte de cette connerie et avait envoyé bouler Carbiat. Alors, ce dernier était allé trouver le Siméon mais c’est surtout Roger qui a embrayé sur cette affaire et qui a mis Vitteaux dans le coup. Mais Vitteaux, lui, était plutôt du genre à laisser les autres se bruler les doigts en tirant les marrons du feu. Il était plutôt là en embuscade pour récupérer l’oseille. Donc Marco et Roger sont allés en éclaireurs dans le souterrain, après que j’eusse terminé mon chantier, puisque Roger avait la clé du château et la clé de la cave. Ils n’ont trouvé que des armes, complètement mangées par la rouille, et un squelette. Ils étaient furieux car il leur semblait évident que le magot avait été enlevé peu de temps avant leur passage donc par quelqu’un qui avait accès au château, donc par Fortunio, toujours lui, l’autre rigolo du 47. Et ce magot, il ne pouvait pas l’avoir planqué loin. Ils ont donc essayé de le surveiller, de surveiller la maison de Michel et le bois de Montieu, Marco est même allé surveiller la maison de ce Fortunio-Forelle à Marmande et il a même été fouiller dans sa maison. Mais sans rien trouver. Il fallait donc aller un peu secouer les pieds nickelés qui leur avait soufflé le magot sous le nez. D’où la rencontre au sommet chez Michel.
(à suivre...)

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