Concerto à la mémoire des anges
(visitant l’exposition de Guy Lombal)
(visitant l’exposition de Guy Lombal)
Ubi sunt ?
Est-il donc un pays où sont tous ces enfants
Est-il donc un endroit loin de leurs deux parents
Sont-ils partis là-bas où, par eux reniés,
Ils vivent et pleurent en esprits condamnés ?
En quel lieu sont-elles ces limbes tristes
Et qui donc nous dira si elles existent ?
Sont-ils dans un ailleurs, dans un monde ténébreux
Les retrouverons-nous sous un ciel lumineux ?
Nous vivons, nous pleurons
Pourquoi sommes-nous seuls
Où sont les parents bien aimés
Les pères et mères que vous étiez ?
Lamento
Géniteurs nous étions, par notre insouciance,
Un cruel désamour, notre indifférence
Ou la nécessité, la désinvolture,
Incapables de dire, de traverser les murs
De prononcer un mot, le verbe qui sauve
Le seul mot qui vous eût écarté des fauves.
Ah puissions-nous demain revenir à hier,
Aujourd’hui revenir toujours en arrière,
Nous dirions le mot, traverserions le mur,
Et annulerions tous nos pensers trop durs.
La vie fétu de paille
Oui vous nous l’avez brûlée
Nous eussions été marmaille
Si vous ne nous l’aviez ôtée
Pourquoi cette erreur infinie
Le temps a le sens de la vie
Reconnaissances
Car pour quêter pardon, il faut repentance
Et puis pour l’accorder il faut la clémence
Celui qui demande, celui qui accorde
Il faut deux parties pour taire la discorde.
Soeurs, frères qui eussent pu être nommés humains
Qui eussent pu vivre, suivre notre chemin
Humblement nous sommes loin de vous implorant
Que notre requête vous vienne encore avant.
Que la bouche close en nos sombres tombeaux
Le silence nous cloue sans avoir dit le mot,
La parole de vie de cette éternité,
A laquelle répondra un pardon prononcé.
Tantum dic verbo ! Enfin vous y êtes
Après tant d’attente c’est le jour de fête
Nous qui vagissions sans répit et sans fin
Nous qui attendions dans un triste chagrin
Nos âmes maintenant sont pleines de clarté.
La clémence enfin par vous demandée
Ouvre notre parole et nous vous l’accordons
Qu’enfin soit prononcé, lumineux mot, Pardon !
© Pierre Jooris, 2017.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire