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jeudi 16 août 2018

Le temps de l'éternité (16)


-          Oui, c’est elle, mais encore une fois, n’allons pas trop vite. Tu as déjà compris ce qui va arriver, mais cela ne sera pas aussi simple que tu le penses. Donc, ils se retrouvèrent tous les quatre à diner le soir dans la salle à manger. Et il fut question de l’organisation. Les deux messieurs, Walter et Daniel, étaient musiciens et organisateurs de spectacles. Diane créait des décors de théâtre. Il leur était nécessaire de travailler le lendemain avec Etienne pour définir comment ils prendraient « possession » des lieux. Et, comme la lune était pleine, tous les quatre sortirent après le repas pour aller voir comment la lumière se diffusait dans le parc autour de la maison. Evidemment, on ne pouvait pas voir cela de manière absolue, la lumière serait différente en été, mais cela permettait de se faire une idée. Le parc fut arpenté de long en large, des repères furent plantés dans l’herbe et rendez-vous fut pris pour le lendemain matin. La nuit était calme et paisible, une douce brise soufflait. Ils rentrèrent dans la maison. Chacun partit se coucher. Le lendemain, avant le petit déjeuner, Walter et Daniel étaient déjà dans le parc, en grande discussion, prenant des perspectives  et visant  des aplombs. Ensuite, ils rentrèrent dans la maison et rejoignirent Diane et Etienne dans la salle à manger où le petit déjeuner était servi. Ils étaient enchantés par les lieux, disaient-ils, mais ils étaient impatients qu’Etienne vienne avec eux voir les projets qu’ils avaient conçus. Le petit déjeuner fut donc plein d’entrain et ensuite, ils sortirent tous quatre dans le parc. Walter et Daniel commencèrent à expliquer sur le terrain comment ils voyaient l’occupation de l’espace par la cantatrice et ses musiciens. Il fallait bien sûr que la cantatrice soit éclairée par la lumière naturelle de la lune et que son petit orchestre soit dans une pénombre relative. Pour eux, il était nécessaire que la diva puisse se déplacer tout en restant toujours dans la lumière. Et pour ce faire, les deux organisateurs considéraient comme nécessaire de couper certains arbres du parc. Lorsqu’ils eurent dit cela à Etienne, celui-ci leur répondit simplement : « N’y pensez pas. Je veux bien faire élaguer certains arbres, couper des branches, mais il est hors de question de couper des arbres. Je sais que la végétation a changé depuis que Juliette Destel a chanté dans ce parc, mais à l’époque, ils ont tiré parti du parc tel qu’il était, vous ferez de même. ». Il faillit y avoir un esclandre, Walter et Daniel ne démordant pas de leur vision et exigeant l’abattage de certains arbres. Ils menacèrent de partir sur le champ si Etienne ne leur donnait pas satisfaction. Etienne leur répondit qu’il ne les retenait pas. Diane suggéra d’arrêter la discussion et proposa ses bons offices : elle discuterait avec Walter et Daniel et reviendrait ensuite vers Etienne pour négocier ce qui était négociable. Elle demanda à Etienne de les laisser discuter en toute liberté dans le parc. Etienne accepta et proposa, en guise de trêve, de se retrouver pour le déjeuner, ensuite de quoi Diane lui  exposerait les propositions. Dès le début du déjeuner, Etienne demanda à ses invités de lui parler de musique ou de spectacles. On aurait bien le temps de reprendre la discussion technique après déjeuner. Et, une fois le café pris au salon, Walter et Daniel sortirent. Diane et Etienne montèrent dans la bibliothèque. Elle avait réussi à faire admettre aux deux hommes qu’aucun arbre ne serait coupé, mais ceux-ci émettaient des réserves importantes quant au manque de lumière que cela entraînerait et ils comptaient en avertir les époux Vinié, commanditaires du spectacle. Etienne comprit qu’ils avaient une vision assez grandiose du projet, sans tenir compte du fait qu’on était en plein air. Il proposa donc de surseoir et de contacter les époux Vinié. Diane lui donna raison, mais suggéra de continuer quand même à avancer le projet avec les deux hommes : on était sur place, autant en profiter. Un courrier partirait au plus tôt pour contacter les Vinié. Etienne accepta cette suggestion. Walter et Daniel continuèrent donc à monter leur projet en concertation avec Diane et on attendait la venue des Vinié, tout au moins un courrier de leur part. Etienne recevait toujours ses hôtes avec courtoisie pour les repas et les conversations de table évitaient les sujets qui auraient pu fâcher. Il sympathisait avec Diane. Il avait proposé à qui voulait de l’accompagner dans ses promenades quotidiennes dans la campagne et elle avait accepté. Elle avait aussi profité de la richesse de la bibliothèque de La Furetière et avait fait découvrir à Etienne des livres qu’il possédait sans les connaître. Enfin, la réponse des Vinié arriva. Ceux-ci, ne pouvant se déplacer, prenaient acte du différend, rappelaient à Paris Walter et Daniel, demandaient à Diane de prendre en charge la suite des opérations et ils annonçaient leur venue un mois plus tard. Walter et Daniel prirent très mal cette décision et s’en prirent à Diane qu’ils accusèrent d’avoir cherché à les évincer. Ils partirent sans tarder. Se sentant très mal à l’aise, Diane repartit elle aussi, de son côté, pour la capitale, laissant Etienne désolé. Ce dernier était tombé éperdument amoureux de Diane, il ne lui en avait rien dit, mais cela participait du malaise ressenti par elle.
-          Elle reviendra ? Demanda Pijm.
(à suivre...)

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