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Oui, c’est elle, mais encore une fois, n’allons
pas trop vite. Tu as déjà compris ce qui va arriver, mais cela ne sera pas aussi simple
que tu le penses. Donc, ils se retrouvèrent tous les quatre à diner le soir
dans la salle à manger. Et il fut question de l’organisation. Les deux
messieurs, Walter et Daniel, étaient musiciens et organisateurs de spectacles.
Diane créait des décors de théâtre. Il leur était nécessaire de travailler le
lendemain avec Etienne pour définir comment ils prendraient
« possession » des lieux. Et, comme la lune était pleine, tous les
quatre sortirent après le repas pour aller voir comment la lumière se diffusait
dans le parc autour de la maison. Evidemment, on ne pouvait pas voir cela de
manière absolue, la lumière serait différente en été, mais cela permettait de
se faire une idée. Le parc fut arpenté de long en large, des repères furent
plantés dans l’herbe et rendez-vous fut pris pour le lendemain matin. La nuit
était calme et paisible, une douce brise soufflait. Ils rentrèrent dans la
maison. Chacun partit se coucher. Le lendemain, avant le petit déjeuner, Walter
et Daniel étaient déjà dans le parc, en grande discussion, prenant des
perspectives et visant des aplombs. Ensuite, ils rentrèrent dans la
maison et rejoignirent Diane et Etienne dans la salle à manger où le petit
déjeuner était servi. Ils étaient enchantés par les lieux, disaient-ils, mais
ils étaient impatients qu’Etienne vienne avec eux voir les projets qu’ils
avaient conçus. Le petit déjeuner fut donc plein d’entrain et ensuite, ils
sortirent tous quatre dans le parc. Walter et Daniel commencèrent à expliquer sur
le terrain comment ils voyaient l’occupation de l’espace par la cantatrice et
ses musiciens. Il fallait bien sûr que la cantatrice soit éclairée par la
lumière naturelle de la lune et que son petit orchestre soit dans une pénombre
relative. Pour eux, il était nécessaire que la diva puisse se déplacer tout en
restant toujours dans la lumière. Et pour ce faire, les deux organisateurs
considéraient comme nécessaire de couper certains arbres du parc. Lorsqu’ils
eurent dit cela à Etienne, celui-ci leur répondit
simplement : « N’y pensez pas. Je veux bien faire élaguer
certains arbres, couper des branches, mais il est hors de question de couper
des arbres. Je sais que la végétation a changé depuis que Juliette Destel a
chanté dans ce parc, mais à l’époque, ils ont tiré parti du parc tel qu’il
était, vous ferez de même. ». Il faillit y avoir un esclandre, Walter et
Daniel ne démordant pas de leur vision et exigeant l’abattage de certains
arbres. Ils menacèrent de partir sur le champ si Etienne ne leur donnait pas
satisfaction. Etienne leur répondit qu’il ne les retenait pas. Diane suggéra
d’arrêter la discussion et proposa ses bons offices : elle discuterait
avec Walter et Daniel et reviendrait ensuite vers Etienne pour négocier ce qui
était négociable. Elle demanda à Etienne de les laisser discuter en toute
liberté dans le parc. Etienne accepta et proposa, en guise de trêve, de se
retrouver pour le déjeuner, ensuite de quoi Diane lui exposerait les propositions. Dès le début du
déjeuner, Etienne demanda à ses invités de lui parler de musique ou de
spectacles. On aurait bien le temps de reprendre la discussion technique après déjeuner.
Et, une fois le café pris au salon, Walter et Daniel sortirent. Diane et
Etienne montèrent dans la bibliothèque. Elle avait réussi à faire admettre aux
deux hommes qu’aucun arbre ne serait coupé, mais ceux-ci émettaient des
réserves importantes quant au manque de lumière que cela entraînerait et ils
comptaient en avertir les époux Vinié, commanditaires du spectacle. Etienne
comprit qu’ils avaient une vision assez grandiose du projet, sans tenir compte
du fait qu’on était en plein air. Il proposa donc de surseoir et de contacter
les époux Vinié. Diane lui donna raison, mais suggéra de continuer quand même à
avancer le projet avec les deux hommes : on était sur place, autant en
profiter. Un courrier partirait au plus tôt pour contacter les Vinié. Etienne
accepta cette suggestion. Walter et Daniel continuèrent donc à monter leur
projet en concertation avec Diane et on attendait la venue des Vinié, tout au
moins un courrier de leur part. Etienne recevait toujours ses hôtes avec
courtoisie pour les repas et les conversations de table évitaient les sujets
qui auraient pu fâcher. Il sympathisait avec Diane. Il avait proposé à qui
voulait de l’accompagner dans ses promenades quotidiennes dans la campagne et
elle avait accepté. Elle avait aussi profité de la richesse de la bibliothèque
de La Furetière et avait fait découvrir à Etienne des livres qu’il possédait
sans les connaître. Enfin, la réponse des Vinié arriva. Ceux-ci, ne pouvant se
déplacer, prenaient acte du différend, rappelaient à Paris Walter et Daniel,
demandaient à Diane de prendre en charge la suite des opérations et ils
annonçaient leur venue un mois plus tard. Walter et Daniel prirent très mal
cette décision et s’en prirent à Diane qu’ils accusèrent d’avoir cherché à les
évincer. Ils partirent sans tarder. Se sentant très mal à l’aise, Diane
repartit elle aussi, de son côté, pour la capitale, laissant Etienne désolé. Ce
dernier était tombé éperdument amoureux de Diane, il ne lui en avait rien dit,
mais cela participait du malaise ressenti par elle.
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Elle reviendra ? Demanda Pijm.
(à suivre...)
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