Rediffusion du dimanche
12 août 2012.
Chronique du temps exigu (18)
Hier matin,
j’étais à peine levé que j’entendis tinter le grelot à la porte. En ce jour
férié, l’amiral Cap venait me saluer avec l’espoir avoué de partager mon petit
déjeuner. Je fus au regret de ne rien pouvoir lui offrir et nous partîmes de
conserve sur nos vélos jusqu’à la brasserie de l’opéra. L’amiral se dirigea
aussitôt vers le barman, en l’occurrence une accorte mais solide barmaid.
Celle-ci refusa de nous servir deux serial-boss killers au prétexte
qu’elle n’avait pas de paprika. Mais le paprika est-il, je vous le demande,
indispensable à la préparation d’un serial-boss killer ? Nullement,
c’est un cocktail analogue à la bloody Mary, mais sans jus de tomate. On
remplace ce dernier, à quantité égale, par une moitié de bon whisky et une
autre moitié de cognac français. Poivrez et buvez sec accompagné d’une
chocolatine fourrée au chorizo. C’est avec cela que les cyclistes espagnols se
dopent pour les étapes de montagne.
Frustrés de
n’avoir pu descendre notre boisson de prédilection, nous nous rabattîmes sur
des irish-coffees sans sucre et sans café, accompagnés d’œufs durs mayonnaise.
Après trois œufs et trois mêmes cafés, nous étions dispos pour rejoindre un
petit bistro de ma connaissance rue du Broc-Percé. Sur place, nous descendîmes à
la suite quelques bières anglaises tièdes pour diluer la mayonnaise. Ayant
mangé quelques muffins, nous remontâmes sur nos bicyclettes et descendîmes le
long du fleuve afin de rejoindre le quai de la Ménestrandise où était amarré le
brick de l’amiral.
Nous voulions
monter sur ce vaisseau à bicyclette en empruntant la passerelle mais un inconnu
malveillant l’avait retirée et je vous écris de la cellule de dégrisement du
commissariat du XXVIème. Si jamais vous retrouvez la passerelle du brick
« La Marrante », ne la déposez pas aux objets perdus mais au
commissariat. Merci.
On voit par-là que pour tenir l’alcool il faut avoir le pied marin.
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