Auditrices et auditeurs : que vous m’écoutiez ou non, bonjour. La
saison d’été excite les marchands de pittoresque et de traditionnel estampillés
par les syndicats d’initiatives et autres bons offices de tourisme. Un certain
nombre d’entre eux serait prêts à baisser leur pantalon et à montrer leur cul
si cela devait attirer le touriste qui est considéré comme une manne financière
par les têtes pensantes, pansues et dépensantes des comités départementaux
chargés de capter l’estivant par tous les moyens possibles. Et dans cette rage
de fabriquer du touristique, il y a une attraction incontournable, le marché
gourmand. Qu’importe que ces marchés dits gourmands détournent vers eux la
clientèle des étrangers en villégiature et des autochtones disponibles, qu’importe
qu’en conséquence un certain nombre de petits restaurants voient fondre leur
clientèle en été et dépérissent subséquemment, qu’importe que les villages se
désertifient l’hiver par manque d’initiatives autres que touristiques,
maintenant le moindre village se doit d’organiser de ces ripailles sur tréteaux
annoncées à grand renfort de panneaux fleurissant aux carrefours et
d’affichettes collées çà et là.
Mais le tourisme est international comme la peste est contagieuse et les
organisateurs de ces agapes tarifées s’en voudraient de manquer quelque poisson
dans le vivier des estivants de passage dans leur région. Sans compter les
allochtones qui y sont installés car notre région se peuple de manière
croissante d’individus exotiques et insulaires venus des iles britanniques.
Mais, c’est bien connu, les ânes se frottant aux ânes – asinus asinum fricat disaient les romains dans leur langue
vernaculaire – bien des anglo-saxons préfèrent vivre en circuit fermé et pratiquent peu notre langue française.
C’est pour cette raison que cet été on pouvait voir sur une affiche informant
de la tenue d’un marché gourmand dans un village lotois une annonce
bilingue : « Marché
gourmand –Gourmet market » et plus bas : « Possibility to consume on site ». Il ne me revient pas
de juger de cet anglais commercial mais je constatai que les organisateurs
étaient prêts à toutes les gâteries pour s’attirer les grâces de gens qui
s’intéressent apparemment plus à la boustifaille qu’à la pratique de la langue du
pays dans lequel ils se trouvent. Et, je constatai en outre avec intérêt que le
verbe anglais to consume peut se
traduire au moins de deux manières différentes en français par les verbes
consommer ou consumer. Evidemment, la possibilité de consumer sur place fut
déjà prévue par les anglais à Rouen du temps de Jeanne d’Arc. Sans commentaire…
Il est étonnant de voir ainsi fleurir la langue anglaise sur nos murs et
le philosophe Michel Serres s’en inquiète en signalant qu’il y a plus de mots d’anglais
de nos jours sur les murs de Paris qu’il n’y avait de mots d’allemand du temps
de l’occupation et il ne se gêne pas pour traiter de collabos ceux de nos
compatriotes qui utilisent à tort et à travers des termes anglais. De plus, il
constate que cela vient du plus haut niveau de l’Etat, ce qui l’attriste
particulièrement. Mais ce n’est pas parce que les puissants jouent les collabos
que l’électeur de base doit les imiter. De la résistance, que diantre !
On voit par-là que ce sont les glands qui nourrissent les cauchon.
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