Christian et les femmes sortent sur le pas de la porte car
ils ont maintenant une impression de froid après cette visite.
Pijm descend avec précaution. Une odeur de moisi monte dans
l’escalier, les marches en pierre sont grasses et luisantes, une faible ampoule
éclaire le milieu d’une grande salle dont on distingue à peine les murs. Il
descend et cherche dans sa poche une lampe électrique, celle-là même qui avait
eu des faiblesses l’autre soir. Il fait lentement le tour de la pièce qui semble avoir les mêmes dimensions
que la cuisine. Le plafond est bas et par moments des toiles d’araignées
collantes s’accrochent à ses cheveux. Quelques vieilles barriques, de vieux
outils et des étagères déglinguées traînent en désordre. Il passe devant un
renfoncement dans le mur, comme un placard. Une odeur fade et désagréable le
prend aux narines, cela lui rappelle quelque chose, il ne sait plus... Il
arrive devant la seule fenêtre de la pièce, une sorte d’étroite meurtrière qui
laisse filtrer un peu de lumière malgré l’épaisseur des murs qu’il évalue à plus
d’un mètre. Un peu plus loin, il découvre une porte qui donne vers le sud. Elle
est fermée par un gros verrou rouillé. Il tire le verrou et tente de tirer la
porte à lui. Elle résiste, il tire encore, sans succès. En cherchant avec sa
lampe, il trouve une barre de fer dont il se sert comme d’un levier. La porte
s’entrouvre. Elle donne sur plusieurs marches donnant sur une sorte de courette
intérieure, envahie de ronces et d’arbrisseaux. Il y a dans le fond une sorte
d’escalier, ou un éboulis, donnant sur le jardin à l’arrière de la maison. Il
laisse la porte entrouverte pour éclairer cet endroit qui l’avait intrigué, ce
placard encastré dans l’épaisseur du mur. Le linteau est en pierre brute, un
bel arc en plein cintre. C’est à cet endroit qu’il retrouve cette odeur
bizarre, comme si les murs en étaient imprégnés. Il entend Christian l’appeler
et il repousse vivement la porte extérieure. Le même démon qui l’avait pris
l’autre jour se fait encore entendre : il ne repousse pas le verrou. Il
remonte dans la grande cuisine puis sort, ébloui, retrouvant le soleil
extérieur.
Christian fait visiter les dépendances et demande à Pijm
s’il veut visiter les terres. Il décline la proposition car il sait que cela
lui prendrait trop de temps, il a son rendez-vous chez Tomi. Ils finissent donc
de visiter les bâtiments puis repartent après que Pijm ait demandé les
coordonnées des propriétaires et le prix qu’ils demandent pour l’ensemble.
-
Je ne suis pas autorisé à parler de prix, répond
Christian, mais voici une fiche avec les coordonnées des propriétaires. Vous
verrez qu’ils n’habitent pas la porte d’à côté…
En effet, il y a deux adresses sur la fiche, une en Suisse
et l’autre en Angleterre.
-
Les propriétaires ne sont pas français ?
Demande Pijm.
-
Si, mais ils habitent à l’étranger et ne
viennent que très rarement, ils ne logent même jamais ici, ils vont chaque fois
à l’hôtel et ne restent qu’un jour ou deux. Ce sont deux frères qui n’ont
jamais habité ici. Ils sont les héritiers de leurs deux autres frères, décédés
sans enfants. Contactez-les si vous êtes intéressé ou alors contactez le
notaire de Bourgnazan, c’est le notaire du coin, il est au courant. Il
s’appelle maître Bernard.
-
Maître Bernard ! Dit Pijm presqu’en criant.
-
Oui, vous le connaissez ? Demande
Christian, l’air surpris.
-
Non, mais il me semblait avoir déjà entendu ce
nom. Il y a longtemps qu’il est notaire ici ?
-
Je n’en sais rien, vous savez, je ne suis pas de
la région. Je suppose que ça fait longtemps.
-
Ce n’est rien, peu importe, dit Pijm qui se
ressaisit. Merci beaucoup monsieur.
(à suivre...)
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