Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour.
L’Union Européenne est en émoi depuis le référendum sur la sortie de l’union
qui a eu lieu dans le Royaume-Uni. En effet, le mot Brexit est entré dans le
langage commun des média français et autres, il faut bien reconnaître qu’il
leur en faut peu pour se goberger de néologismes, surtout si ces derniers sont
d’origine ou de consonance étrangère. En résumé, si le Royaume-Uni reste uni,
l’Union Européenne tend plutôt à la désunion et au détricotage. Il faut tout
autant reconnaître que cette union ressemble bien à une sorte de manteau
d’arlequin, un paletot en patchwork dont on ne sait comment enfiler les
manches, aux poches trouées et au col qui gratte.
Les britanniques ont été intègres dans
leur démarche, on leur a proposé un référendum, ils ont fait un choix et leur
gouvernement travaille à respecter ce choix. Ce n’est pas en France qu’on
verrait cela car on nous a donné du Lisbonne simplifié comme amère potion pour
nous guérir du vote majoritaire contre le traité constitutionnel. Il faut dire
que, comme outre-manche, les minoritaires des référendums se sont mobilisés
pour en demander un autre de telle sorte qu’à force de voter et revoter les
électeurs arrivent enfin à bien
voter, c’est-à-dire à voter conformément à la bienpensance bourgeoise libérale,
qu’elle soit de gauche ou de droite. Les bourgeois bienpensants n’aiment la
démocratie que lorsqu’elle est à leurs bottes. Faut pas exagérer tout de même,
tout le monde a le droit de voter mais pas n’importe quoi !
Et, à ce propos, les journaux français se font
l’écho des doléances des ressortissants britanniques dans notre pays. D’aucuns
parmi ces derniers avaient pris l’habitude de se la couler douce chez nous,
jouissant d’une livre sterling favorable et d’un statut hybride d’expatriés –
des expats comme ils disent, mot plus noble que migrants ou immigrés – et d’un
seul coup le fog leur tombe sur la tête, à eux qui n’ont pas su ce que c’était
de solliciter une carte de séjour tous les six mois, au bon vouloir de la
préfecture de leur lieu de résidence. Mais gageons qu’ils trouveront encore le
moyen de demander la nationalité française tout en gardant la britannique.
Butter and money of the butter, en quelque sorte le beurre et l’argent du
beurre.
Il faut bien constater que les britanniques
interviewés par les journaux sont tous des gens bien installés et que ne sont
pas consultés les requins outremanchistes qui écument notre région en faisant
du black principalement chez leurs compatriotes les plus fortunés. Le
gouvernement de Sa Gracieuse Majesté a aussi dépêché dans nos régions une sorte
d’ambassadeur itinérant qui, de réunion en réunion, vient mettre du baume sur
les cœurs ulcérés et les portefeuilles meurtris de ces sujets à la dérive et
nos journaux en font leurs choux gras, compatissants envers ces exilés,
modernes robinsons.
Pour
leur montrer toute mon empathie, je citerai un florilège de leur William
national, et pour commencer deux phrases du roi Lear : « Le
malheur du temps est que les fous guident les aveugles. » et « Souvent par une plénitude de mauvaise
conduite nous accusons de nos désastres le soleil, la lune et les étoiles,
comme si nous étions infâmes par nécessité, imbéciles par une impérieuse
volonté du ciel. » Puis
Macbeth : « La vie n'est qu'une ombre qui passe, un pauvre acteur qui s'agite et parade une heure, sur la scène, puis on ne l'entend plus. C'est un récit plein de bruit, de fureur, qu'un idiot raconte et qui n'a pas de sens. »
Et je conclus avec Othello : « Quand les démons veulent produire les forfaits les plus noirs, ils les présentent d'abord sous des dehors célestes. »
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