Auditrices et auditeurs qui m’écoutez,
bonjour. Il existe nombre d’experts, de savants, de professeurs et de
journalistes spécialisés en économie, en business, en comptabilité nationale et
internationale. Il existe même un prix Nobel d’économie, en réalité le prix de
la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, ainsi
surnommé. Ce prix, d’un montant de dix millions de couronnes suédoises –
l’équivalant d’un million d’euros à bisto de nas – récompense chaque année une
ou plusieurs personnes pour leur contribution exceptionnelle dans le domaine
des sciences économiques. Il est à noter
que, d’une part, ce montant appréciable est généralement attribué à des spécialistes
distingués déjà prébendés de ci et de là par l’Etat ou par d’autres confortables
institutions et que, d’autre part il n’est jamais retiré à son bénéficiaire au
cas où sa ou ses théories se révéleraient erronées. Les riches se frottant aux riches comme les
ânes se frottent aux ânes, ce prix dit Nobel est la cerise sur le gâteau pour
un certain nombre de théoriciens de la bienpensance qui peuvent alors revendre
leur camping-car pour acquérir un petit yacht. Mais il est une chose
remarquable, c’est que ces brillants cerveaux théoriciens ont une capacité
perçante à prédire le passé. Pour l’avenir, ils préfèrent laisser cela aux
voyantes et autres collègues charlatans : en effet, lorsque la crise dite
de 2007 est arrivée, on n’avait guère entendu de prédictions à ce sujet, mis à
part peut-être quelques malins qui en auraient quelque peu profité en
sous-main. Evidemment, dès que la crise fut là, il s’en est trouvé un wagon
pour nous affirmer qu’ils le savaient bien : mais ils avaient dit tant de
choses et leurs contraires qu’on serait bien en peine de s’y retrouver.
Et, si l’économie est un généreux foutoir,
que dire de l’écologie ? Tout le monde, de nos jours, se dit peu ou prou
plus écologiste que le bon dieu et il n’est pas jusqu’au plus large utilisateur
de glyphosate qui ne se dise défenseur de la nature. Même la sous-ministre de
l’égalité entre les hommes et les femmes et réciproquement se risque, sur les
ondes nationales, à soutenir l’usage de ce désherbant par les mairies dans les
cimetières, puisque même défuntes les femmes ont le même droit de se faire
polluer le cercueil que les hommes. Ah compétence, quand tu nous tiens !
Hier, l’écologie était considérée comme
une marotte de hippies ou d’illuminés, aujourd’hui elle est devenue le fonds de
commerce de nos gouvernants. Certains d’ailleurs en ont fait leur tremplin pour
entrer en journalisme et pour se faire élire. Quitte à brûler ensuite ce qu’ils
ont fait semblant d’adorer… Car l’avantage de l’écologie, c’est d’être tout
aussi nébuleuse que l’économie mais qu’elle peut aussi rapporter gros. Cela
dit, comme l’a dit un de nos précédents présidents :
« l’environnement ça commence à bien faire ». Et cette maxime est
devenue la devise des suivants. On fait de la transition écologique comme on
fait du transit intestinal, quand on est soulagé on tire la chasse. Le ministre
s’en va et on met à sa place un ex vert et une petite copine de classe blanchie
dans le yaourt, pas de quoi en faire un fromage même bio.
Car la transition écologique, il n’est
surtout pas question qu’elle se fasse sans qu’un certain nombre d’industriels,
d’élus et autres fassent cracher le petit peuple au bassinet car la vraie
transition pour ces gens-là, c’est la transition économique : on ne sait
pas si on va vers un krach financier ou vers une catastrophe écologique mais
cela ne se passera pas sans que quelques poches se remplissent.
On voit par-là que nous serons transis si
on continue comme ça.
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