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dimanche 27 janvier 2019

Chronique de Serres et d’ailleurs IV (20)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Comme l’aurait dit Antonio Gramsci, le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. Il est frappant de relire cette phrase maintenant en janvier 2019 alors que Gramsci avait dit cela dans les années 30, donc bien avant la naissance d’Emmanuel Macron et bien plus encore avant l’émergence des gilets jaunes. Bien sûr, il serait hasardeux de se lancer dans des parallèles avec l’époque où Mussolini avait fait emprisonner Gramsci pour l’empêcher de penser. Gramsci est mort en prison après onze années d’enfermement, le régime fasciste l’a privé de liberté mais n’a pas réussi à étouffer sa pensée.
Alors de quoi sont faits ces monstres qui apparaissent aujourd’hui ? D’un côté, nous avons l’économicisme, l’idéologie post-pompidolienne adoptée par tous ses successeurs, idéologie qui est aussi celle de l’Europe des technocrates. Selon ces idéologues, il n’y a qu’une seule bonne politique et c’est la politique de la finance, la politique des banques selon lesquelles la politique de la France se fait obligatoirement à la corbeille. Pour eux, le maître-mot c’est économie et ils se parfument de bons sentiments en prétendant que leur économie est au service de l’homme. Si tel était le cas, elle serait au service de l’humain en général. Mais leur système, c’est d’arroser m’sieur l’curé en pensant que ça dégoulinera sur le bedeau, à savoir on favorise les plus riches en prétendant que cela profitera, en dessous de ceux-ci, aux moins riches et ainsi de suite. Il est bizarre de voir à quel point ce qui se prétend être une science économique est en réalité un attrape-nigaud qui favorise toujours les mêmes. Et, pour eux, si l’économie est au service de l’homme, elle n’est certainement pas au service de la nature et de l’écologie sauf quand cela rapporte quelques sous.
Et les autres monstres alors ? Ce sont tous ces mouvements sociaux, qu’on les appelle populismes, gilets jaunes, nuit debout ou autres, qui réclament une démocratie directe dont je craindrais fort qu’elle débouche sur la loi des plus grandes gueules, ce qui n’est pas toujours un mal mais quand la démocratie se veut directe, c’est bien souvent qu’elle se prend un direct dans l’estomac. Et puis, en définitive, ce que veulent les agités, c’est plus d’argent pour eux et pas plus de réflexion sur l’avenir de l’homme et de la planète. S’ils prenaient le pouvoir, ils auraient vite fait de faire de l’économicisme à leur manière et à leur profit.
Et pendant ce temps-là, les réseaux dits sociaux – autres monstres - s’agitent, les nouvelles les plus alarmantes circulent, les médias bienpensants dénoncent les fake-news des gilets jaunes, le gouvernement en profite pour monter en épingle les dérapages – incontestables - des soi-disant « radicaux ». De l’autre côté on hurle à la manipulation et aux violences policières – preuves à l’appui – et le président continue sa mélopée technocratique du haut de son minaret.
On voit par-là que les journaux parodiques comme le Gorafi et NordPresse ne sauront plus où donner de la plume tellement la réalité devient pire que la fiction.

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