Il entend arriver une voiture, il remonte
après avoir refermé la porte sur la courette et éteint la lumière. C’est
Galipette qui passe, sans but précis, une visite simplement motivée par la
pluie. Pijm lui propose un coup à boire.
-
Cavindios !
Il te tombe un’de ces aïguat dehors ! Eh bé, ça va sans dire, je suis venu
pour boire un coup, oui, lui répond Galipette. Oh coquin de sort, tu pues !
Mais qu’est-ce que tu schlingues ! T’as travaillé dans un cimetière ou
quoi ?
-
Je sens
mauvais ? Demande Pijm.
-
Tu pues,
oui, tu sens le carnus, cong !
-
Attends,
alors je vais aller changer de vêtements, je travaillais dans la cave…
-
Et y’a
un cimetière de rats crevés ou quoi, dans ta cave ?
-
Je sais
pas mais c’est possible, répond Pijm en coupant court, ne voulant pas s’étendre
sur ce sujet.
Il se change rapidement puis pose deux
verres, des glaçons et une bouteille de whisky sur la table de la cuisine.
Après s’être assis en face de Galipette, il sert deux solides rasades dans les
verres et ils trinquent.
-
Tu sais,
cette cave, le pauvre Edgar, je crois qu’il y allait jamais. D’ailleurs il me
semble bien qu’il me l’avait dit que ça puait là-dedans, il m’avait même parlé
de la nettoyer, il aurait voulu que je lui donne un coup de main, il paraît
qu’on peut accéder derrière avec un tracteur, j’aurais mis la bennette et on
aurait déblayé…
-
La
quoi ?
-
La
bennette, le porte-tout, si tu veux… bon, mais tu sais, Edgar, il était jamais
pressé de faire les choses et puis tout d’un coup, ça l’aurait pris comme une
envie de pisser, il aurait fallu que je vienne tout de suite. Enfin, il était
comme ça, voilà…
-
Alors,
on regardera peut-être un autre jour, quand il fera clair, si c’est possible
d’aller avec le tracteur. Bon, et ta mère, comment elle va ?
-
Justement,
tu fais bien d’en parler, je venais pour te dire un truc. Parce que ma mère,
t’avais dit que tu viendrais la voir pour causer avec elle du passé, puis t’es
jamais venu et moi, j’y avais dit que tu viendrais pour ça, pour savoir si elle
a des souvenirs du passé. Et l’autre jour, elle m’a dit que tu pourrais
bien venir lui dire bonjour, qu’elle te connait à peine, tu traverses un
après-midi, pas trop tôt comme je t’ai dit, elle fait la sieste. Elle te paiera
le café. Ou alors un peu plus tard, à l’heure de l’apéro. Mais elle a pas de
whisky, t’auras que du muscat ou un pastis. Bon, enfin, tu vois. Mais elle m’a
dit qu’il lui revenait des trucs, rien qu’elle aurait vu elle-même, mais des
trucs qu’elle aurait su, comme ça. Enfin, c’est toi qui vois. Et puis ça lui
fera plaisir, ça lui fera passer le temps…
-
Oui,
oui, je viendrai, peut-être demain…, répond Pijm.
Ils continuent de discuter, leur conversation
devient assez animée sous l’effet de la boisson quand ils entendent arriver une
autre voiture.
-
Merde,
c’est nutella, dit Galipette. T’as plus le temps de planquer la bouteille.
En effet, c’est André, un voisin un peu plus
lointain surnommé nutella pour son ancienne propension à se gaver de chocolat.
-
Adiou,
nutella, alors la pleou fait sortir les escargots ? T’as déjà sorti les
cornes, hahaha ! Attaque Galipette.
-
Et ta
gueule, connaud, c’est pas toi que je viens voir, c’est l’hollandais…
-
Allez,
entrez tous les deux, coupe Pijm, et asseyez-vous. Tu veux un whisky,
André ?
(à suivre...)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire