Auditrices et auditeurs qui m’écoutez,
bonjour. Dimanche 10 février, Patrick Maurin, conseiller municipal de Marmande,
va partir à pied du Touquet pour rejoindre Paris le 23 février, au salon de
l’agriculture. Patrick Maurin a déjà été rapidement interviewé par téléphone
pour CoolDirect et je n’ai pas pu le contacter personnellement en vue de cette
chronique mais je tiens à vous en parler avant son départ, même si je n’ai que
des informations fragmentaires.
En tant que marcheur, Patrick Maurin n’en
n’est pas à son coup d’essai. Il avait déjà marché de son village d’origine,
Gontaud de Nogaret, jusqu’à Sainte Anne d’Auray en Bretagne. Il a aussi marché
de Marmande à Paris, accompagné au départ par un autre grand marcheur, Jean
Lassalle, qui l’avait reçu à son arrivée à l’Assemblée Nationale. Il faut dire
que ce sont des gens qui, lorsqu’ils disent qu’ils se mettent en marche, le
font réellement et pas dans des limousines avec chauffeur : suivez mon
regard…
Alors, pourquoi marche-t-il ? Il
marche pour attirer l’attention tant des pouvoirs publics que des média et
surtout du peuple de France sur les problèmes du monde rural en général et des
petits et moyens agriculteurs en particulier. Et, au départ, il a surtout voulu
parler d’un fait important et qui ne date pas d’hier : le suicide des
agriculteurs.
Oh, bien sûr, on en parle, ici et là, des
problèmes de la ruralité mais en termes parisiano- médiatiques et on parle plus
des problèmes des grandes exploitations qui sont représentées non seulement par
des syndicats agricoles qui ont l’oreille du gouvernement mais encore par
nombre d’élus bien installés sur de belles exploitations et qui se faufilent
dans les allées du pouvoir.
Mais ce dont parle Patrick Maurin est bien
moins joli à présenter : le suicide des paysans acculés à la faillite par
les effets d’une politique agricole, qu’elle soit européenne ou même française,
qui ne tient compte que des exploitations dites rentables et compétitives. Car
tous ces paysans, petits ou moyens, qui se débattent dans les difficultés
financières, dévorés par les créanciers vautours, harcelés par une
administration pondeuse de normes et de fiscalité, abandonnés par nombre de
leurs pairs, finissent par ne voir plus qu’une seule issue à leurs insolubles
problèmes. Et cette issue, c’est un jour le suicide qui fait mourir un paysan
et jette sa famille dans le désespoir autant que dans la misère. Et pendant ce
temps-là, l’agriculture dite compétitive continue de s’engraisser avec l’aide
des lobbies adéquats.
Car il faut bien dire qu’il y a au moins
deux agricultures, celle des riches qui accapare la majeure partie des aides de
la PAC et celle des pauvres qui ramassent les miettes. Et c’est, à mon avis, un
symbole fort que de démarrer du Touquet dit Paris plage, élégante station
balnéaire où l’épouse de notre actuel président possède une belle villa, et
d’avoir comme point d’arrivée le salon de l’agriculture qui se voudrait être
l’image de l’agriculture française mais qui est devenu la vitrine de
l’agriculture productiviste. Même si quelques concessions sont faites à une
agriculture plus sensible aux questions environnementales.
Alors je voudrais exprimer toute ma
solidarité et toute mon admiration à Patrick Maurin car je connais bien les
problèmes dont il parle. Mais s’il en est bien peu question, c’est parce que,
dans le monde paysan, les pauvres se cachent, ils restent au fond de leur
campagne.
Bonne marche Patrick et continue à dire
tout haut ce que personne ne veut entendre.
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