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dimanche 10 février 2019

Chronique de Serres et d’ailleurs IV (22)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Dimanche 10 février, Patrick Maurin, conseiller municipal de Marmande, va partir à pied du Touquet pour rejoindre Paris le 23 février, au salon de l’agriculture. Patrick Maurin a déjà été rapidement interviewé par téléphone pour CoolDirect et je n’ai pas pu le contacter personnellement en vue de cette chronique mais je tiens à vous en parler avant son départ, même si je n’ai que des informations fragmentaires.
En tant que marcheur, Patrick Maurin n’en n’est pas à son coup d’essai. Il avait déjà marché de son village d’origine, Gontaud de Nogaret, jusqu’à Sainte Anne d’Auray en Bretagne. Il a aussi marché de Marmande à Paris, accompagné au départ par un autre grand marcheur, Jean Lassalle, qui l’avait reçu à son arrivée à l’Assemblée Nationale. Il faut dire que ce sont des gens qui, lorsqu’ils disent qu’ils se mettent en marche, le font réellement et pas dans des limousines avec chauffeur : suivez mon regard…
Alors, pourquoi marche-t-il ? Il marche pour attirer l’attention tant des pouvoirs publics que des média et surtout du peuple de France sur les problèmes du monde rural en général et des petits et moyens agriculteurs en particulier. Et, au départ, il a surtout voulu parler d’un fait important et qui ne date pas d’hier : le suicide des agriculteurs.
Oh, bien sûr, on en parle, ici et là, des problèmes de la ruralité mais en termes parisiano- médiatiques et on parle plus des problèmes des grandes exploitations qui sont représentées non seulement par des syndicats agricoles qui ont l’oreille du gouvernement mais encore par nombre d’élus bien installés sur de belles exploitations et qui se faufilent dans les allées du pouvoir.
Mais ce dont parle Patrick Maurin est bien moins joli à présenter : le suicide des paysans acculés à la faillite par les effets d’une politique agricole, qu’elle soit européenne ou même française, qui ne tient compte que des exploitations dites rentables et compétitives. Car tous ces paysans, petits ou moyens, qui se débattent dans les difficultés financières, dévorés par les créanciers vautours, harcelés par une administration pondeuse de normes et de fiscalité, abandonnés par nombre de leurs pairs, finissent par ne voir plus qu’une seule issue à leurs insolubles problèmes. Et cette issue, c’est un jour le suicide qui fait mourir un paysan et jette sa famille dans le désespoir autant que dans la misère. Et pendant ce temps-là, l’agriculture dite compétitive continue de s’engraisser avec l’aide des lobbies adéquats.
Car il faut bien dire qu’il y a au moins deux agricultures, celle des riches qui accapare la majeure partie des aides de la PAC et celle des pauvres qui ramassent les miettes. Et c’est, à mon avis, un symbole fort que de démarrer du Touquet dit Paris plage, élégante station balnéaire où l’épouse de notre actuel président possède une belle villa, et d’avoir comme point d’arrivée le salon de l’agriculture qui se voudrait être l’image de l’agriculture française mais qui est devenu la vitrine de l’agriculture productiviste. Même si quelques concessions sont faites à une agriculture plus sensible aux questions environnementales.
Alors je voudrais exprimer toute ma solidarité et toute mon admiration à Patrick Maurin car je connais bien les problèmes dont il parle. Mais s’il en est bien peu question, c’est parce que, dans le monde paysan, les pauvres se cachent, ils restent au fond de leur campagne.
Bonne marche Patrick et continue à dire tout haut ce que personne ne veut entendre.

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