Auditrices et auditeurs qui m’écoutez,
bonjour. Ce n’est pas que j’aie une prédilection pour le Lot-et-Garonne mais
force est de reconnaitre que c’est le département que je connais le mieux
puisque j’y réside depuis bien des lustres. Et j’en chante les qualités sans
pour autant chercher à passer sous silence ses éventuelles imperfections. Cela
dit, toute médaille a son revers et toute qualité a, en miroir, le défaut qui
lui fait pendant.
Il se réalise de belles et grandes choses
en Lot-et-Garonne et s’il est une lecture particulièrement édifiante, c’est
celle de la lettre aux élus de tous échelons qu’envoie le Conseil Départemental
chaque mois. Le président y trône en sa place éditoriale et le lecteur a le
plaisir de voir au moins une fois la trombine présidentielle sur les photos. Il
est question, dans cette lettre périodique, des réalisations du Conseil
départemental, quelques photos de coupage de ruban étant toujours les
bienvenues. Et, en quatrième page, quelques places sont réservées pour les
tribunes des tendances politiques diverses, majorité et opposition. La lecture
n’en manque pas d’intérêt et ce mois d’avril j’ai eu la surprise d’apprendre
que le président de cette assemblée envisageait de créer des structures vouées
à la participation des citoyens à la vie politique du département.
Moi, vous commencez tout doucement à me
connaître, c’est avec une émotion non feinte et un plaisir nullement dissimulé
que je fis une première lecture de cet article. Toutefois mes larmes de joie
séchèrent rapidement à la réflexion. Venons-en au fait, ou plutôt au projet car
on n’y est pas encore. Il s’agit, entre autres, d’instaurer un Conseil
consultatif citoyen composé de 50 membres. Passons les détails, à bien lire on
peut comprendre que, pour les élus départementaux, l’initiative citoyenne n’est
acceptable que si elle est instaurée et encadrée par les élus. Et c’est bien là
que le bât blesse chez les âmes républicaines. Qui de nous a déjà essayé
seulement de s’adresser par écrit aux élus de tous niveaux ? Moi, j’ai osé
et je peux vous dire que, pour une vingtaine de courriers en vingt ans, je n’ai
reçu que quatre ou cinq réponses, généralement sous forme de fin de
non-recevoir. Et dernièrement, j’ai écrit au Président du Conseil Départemental
– non en tant que président de ce conseil mais en tant que président d’un autre
organisme car notre président a une tête large qui lui permet de porter
plusieurs casquettes – pour une demande précise et argumentée, photos à
l’appui. Et, oh surprise, il m’a répondu mais il a répondu à une question que
je n’avais pas posée, ce qui est une échappatoire commode quand on ne lit pas
attentivement les courriers. Et, bien sûr, ma demande fut mise aux oubliettes
et si le ciel du Lot-et-Garonne s’éclaircit pour notre rutilant président, mon
horizon s’est assombri…
Mais, je n’insisterai pas sur cette anecdote
personnelle sinon pour dire que des élus qui se moquent bien de ce que vous
leur écrivez et qui vous organisent un département d’initiative citoyenne ne
sont pas près d’écouter ce qu’on leur dira. Ils vont créer encore un échelon de
plus, les dépenses y afférentes, et tout cela pour mieux enterrer ce que
pourraient avoir à dire les citoyens lambda. Oh si, on fera des réunions, un
compte-rendu dans les journaux, on s’extasiera sur les si bonnes idées proposées,
on s’entre congratulera et pendant ce temps-là, les vaches seront bien gardées.
On voit par-là que, faute de nouveau monde,
on nous crée des monstres
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