Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. On ne le dira jamais assez, pour le
chroniqueur, c’est pas tous les jours dimanche. Et même le dimanche, c’est pas
forcément congé. Vous qui auditez, vous en êtes forcément conscients puisque
cette chronique jaillit sur les ondes dès le samedi et qu’ensuite elle
s’épanche le dimanche matin sur la web radio comme sur les pages du blog nommé
« Fortunio et René-la-Science ». Sur ce dernier, ceux qui me suivent
depuis les origines le savent, j’ai l’avantage autant que le plaisir de sévir
depuis le vingt-neuf mai 2012 avec un billet sur le lundi de Pentecôte que je
concluais par cette phrase : « On voit par-là que l’avenir est à
la commémoration du futur. » Quelle hardie prédiction et quelle judicieuse
prémonition. Et inversement réciproquement. Quant à l’étonnante radio
CoolDirect, j’y officie tous les samedis et dimanches depuis bientôt quatre années,
quatre saisons dirait-on en langage audiovisuel et chez Vivaldi. Sept années de
chroniques et toujours il faut être à l’heure avec un nouveau texte et un nouvel
enregistrement !
Comme
parlait Sara Toussetra : « Mais où donc allez-vous chercher
toutes ces idées ? » Où donc, en effet, chère Sara, mais vous qui
vendez des journaux, qu’ils soient quotidiens, hebdomadaires, bihebdomadaires,
mensuels, bimensuels, annuels ou autres, vous n’ignorez tout de même pas que
l’actualité que vous fournissez à longueur de pages est une mine pour le
chroniquo-fouineur à l’affût. Toutefois, et néanmoins de surcroît, toute
actualité n’est pas toujours bonne à commenter et quelquefois, il n’est pas
encore opportun de le faire. En ce jour d’élections européennes, par exemple,
il serait de mauvais goût de gloser à propos des nombreux candidats qui se
proposent à notre choix. Pensez-donc, rien qu’en France nous avons un éventail
de trente-trois listes et les abords de nos mairies se sont généreusement
garnis de longues palissades sur lesquelles ont pu fleurir les propagandes
diverses en couleur, encollées à leurs places respectives. On a vu aussi çà et
là prospérer quelques affichages sauvages, espérons qu’ils ne nous gâcheront
pas le paysage.
Revenons
à l’actualité et en ces jours électoraux, il convient de se dispenser de cette
manne pour le pêcheur de perles que sont les diverses déclarations, petits mots
et touites des candidats et force est
d’attendre que le scrutin soit clos. D’autant que, parmi eux, nombreux sont
ceux qui, n’en n’étant pas à leur coup d’essai, ont déjà une grande habitude
dans la production de bévues et de sottises politiques. Voilà donc le
chroniqueur bien démuni et de quoi va-t-il donc vous parler en ce week-end où, outre les élections, il y a aussi la fête
des mères. Je crois n’avoir jamais abordé ce dernier sujet et tout ce que j’en
dirai, en passant, c’est qu’il faut en profiter tant que tout le monde peut se
targuer d’avoir, ou d’avoir eu, une mère. Car bientôt, il faudra créer une fête
des mères porteuses, une fête des pères paterno-maternisants non-porteurs, une
fête des éprouvettes et autres possibilités médicalement assistées.
Mais
foin de cet avenir radieux et scientifique, de quoi peut parler un chroniqueur
de Serres et d’ailleurs lorsqu’il se refuse à commenter l’actualité
politique ? Et faut-il toujours qu’il parle des sots et des
malcomprenants, au risque de passer pour un impénitent grognon alors qu’après
la pluie généreuse vient briller le soleil ? N’y a-t-il pas tant et plus à
raconter en ce joli mois de mai quand fleurissent le lilas et le coquelicot,
quand sortent les mignonnes cagouilles, petits gris ou escargots de Bourgogne,
du nom de cette si belle région aux vins si capiteux ?
On
voit par-là qu’on pourrait en arriver à parler pour ne rien dire.
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