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jeudi 2 mai 2019

Appelez-moi Fortunio (12)


Et les travaux, cerise sur le gâteau ou noyau dans le pruneau ? La tantine avait ses immeubles à Agen depuis un bout de temps et elle avait un peu laissé pourrir certaines situations : certains appartements commençaient à se délabrer et il était temps de s’en préoccuper. La tantine avait un factotum attitré qui lui prélevait une dîme agréable sans pour autant faire les moindres travaux. Comme il n’était attitré que par la faiblesse de la tantine, Christelle s’en était débarrassé et lui avait coupé les vivres. Mais il lui fallait trouver une autre solution et Albert lui arrivait comme le messie, en quelque sorte… Et réciproquement, Albert se remettait en selle après avoir connu un passage à vide… moralement comme financièrement. Il alternait donc les travaux dans les appartements avec ses propres chantiers. Il découvrit que ce n’est pas la même chose de faire des travaux chez un propriétaire qui occupe sa maison et de faire des travaux chez un locataire pour le compte de son bailleur. Son premier chantier de ce type dut être fait en urgence, un locataire ayant découpé sa porte palière à la tronçonneuse. Sa compagne s’était enfermée à l’intérieur et refusait de lui ouvrir la porte. Après avoir essayé de défoncer la porte, il était reparti chez un de ses amis lui emprunter une tronçonneuse pour, avait-il dit, faire un peu de bois dans un jardin. Mais de retour à l’appartement, il démarra l’engin et se mit à découper bruyamment la porte. Affolée, sa compagne se mit à la fenêtre sur la rue et appela au secours à grand cris. Les voisins alertèrent la police et les pompiers, grand chambardement et rue bloquée. Le bûcheron de fortune fut emmené par la police pendant que la compagne les suppliait de le laisser en liberté, ce n’était qu’un incident disait-elle. Mais la maréchaussée ne l’entendit pas de cette oreille et le gonzier se retrouvait au poste, la porte défoncée et le copain propriétaire de la tronçonneuse suspecté de complicité. Et une porte béante sur le palier… Dès le lendemain matin, Albert intervint pour une réparation de fortune et, dans l’après-midi il installait une porte neuve dans l’appartement. Christelle lui avait demandé d’intervenir rapidement sans se préoccuper de qui paierait les dégâts, elle en ferait son affaire. Mais il eut affaire à la compagne éplorée qui regrettait d’avoir bouclé son gugusse dehors, aux voisins affairés ou indignés qui l’assommaient de leurs commentaires, qu’on se demandait comment la propriétaire pouvait garder de tels locataires, que la femme était une bonne à rien, que son mec n’en valait guère plus et qu’il faisait certainement du travail au noir de-ci de-là, qu’on n’avait pas besoin des flics et des pompelards pour des affaires internes… et autres commentaires. Mais il n’y eut pas que des mauvaises langues, il y eut aussi un costaud qui lui fila un coup de main car la porte était assez lourde.
(à suivre...)

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