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dimanche 16 juin 2019

Chronique de Serres et d’ailleurs IV (40)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Mes suppositions sur les résultats du scrutin européen étaient donc erronées et le parti du président, malgré qu’il se fut lancé soi-même en dernier recours dans un ultime combat de coq électoral, a donc concédé un point au parti dit du rassemblement national qui n’a, pour sa part, rassemblé qu’un électeur sur cinq, soit dix pour cent des inscrits. Toutefois, tout le monde a gagné dans ce tournoi de qui perd gagne, les uns sont premiers, les autres se parfument d’une victoire morale – à savoir ce que pourrait être une victoire immorale – et les troisièmes d’avoir fait plus que s’ils avaient fait moins. Les écolos arrivent troisièmes mais ce n’est quand même pas pour demain le re-règlement climatique.

Bon, mais les enmarchistes sont contents, ils se sont désignés un ennemi et ont fait des scories avec les autres ex grands partis. Pour ce qui est des écologistes, on voit bien que bon nombre d’entre eux sont prêts à jouer les réfugiés climatiques en rejoignant le parti présidentiel et une des grandes qualités macroniennes a été de prouver que la majeure partie des socialistes confondait sa gauche et sa droite et a donc préféré rejoindre les ambidextres de la macronie. Ambidextres en ce sens qu’ils ont en tout cas deux oreilles droites pour ne pas écouter ce que leurs disent les manifestants et les mécontents. Mais un homme capable de parler pendant six heures d’affilée ou plus n’est pas pour autant capable d’écouter les autres pendant soixante secondes. C’est son côté vieux monde : une fois élu, cause toujours…

Mais foin de considération sur ces gens finalement juste bons à nous asséner des discours  et parlons de l’avenir radieux que l’on nous promet. On ferme encore quelques usines mais on nous promet bien mieux et ce bien mieux, ce sont les produits de la nouvelle économie. Pour être nouveaux, ces produits se doivent d’arborer un nom d’origine anglo-saxonne, sous peine d’être obsolètes dès la naissance. Même si cela doit m’écorcher les lèvres, je dirai donc le mot : l’avenir est aux startups ! Et nos épigones du libéralisme économique se rengorgent en se faisant fort de nous créer une « startup nation ». Alors, qu’est-ce donc qu’une startup ? Une définition donnée par un certain Steve Blank, Siliconvalliste distingué, serait à peu près la suivante : « Une startup est une organisation temporaire à la recherche d’un business model industrialisable et permettant une croissance exponentielle ». Bon, on n’est pas sûrs qu’ils aient trouvé le bon business model et ils leur reste trois ans pour le trouver.

Mais alors, demanderais-je, pourquoi ne pas encourager les organisations qui se veulent pérennes, qui ont modèle commercial éprouvé et qui ne rêvent pas d’une croissance exponentielle mais d’un fonctionnement stable ? Evidemment, il est difficile de faire comprendre ces choses à des gens qui n’ont jamais trop travaillé de leurs mains mais rappelons-nous que ceux qui avaient construit la tour de Babel, puis le temple de Jérusalem, puis le Parthénon, le Colisée et le pont du Gard, j’en passe et des meilleurs, ceux-là donc avaient trouvé un modèle qui a traversé les siècles alors que les quincailleries et logiciels actuels dureront moins que les impôts qu’il faudra payer pour subventionner les startupeurs qui empocheront sans forcément faire de retour. Car nos élus prennent plaisir à se goberger de startups, d’innovations et de pépinières d’entreprises qu’ils inaugurent à coups de découpage de rubans et arrosent de subventions qui ne sont pas perdues pour tout le monde.

On voit par-là qu’on va nous rebâtir la cathédrale Notre-Dame de Paris en matériaux de synthèse.

1 commentaire:

  1. Du haut vol, Mr Jooris, du haut vol!Mais, tu sais bien qu'il n'y en a pas un sur cent...

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