Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. La campagne pour les élections européennes
est derrière nous et je peux donc me permettre d’aborder quelque sujet
politique sans être suspecté d’un favoritisme quelconque. Cette chronique étant
enregistrée avant de connaître les résultats, je ne pourrais les commenter mais
je suppose que la liste du parti enmarchiste a dépassé de l’un ou l’autre point
son concurrent le plus proche, ce qui permet à notre président de se croire
triomphateur en son royaume. Victoire à la Pyrrhus, penseront certains mais ce
dernier était tellement riche qu’il pouvait se permettre de coûteuses
victoires. J’ignore ce qu’il en est des enmarchistes mais quand on les voit en
marche dans leurs grosses berlines on peut pensent que les moyens ne leur
manquent pas. Je ne parlerai ni de madame Loiseau, réfugiée politique
ex-candidate d’un parti dit extrémiste ni de monsieur Canfin, réfugié
climatique venu des verts pâturages de l’écologie. Je ne parlerai pas plus de
monsieur D.C.B., antérieurement surnommé Dany Le Rouge, dont les gâteux de
l’époque 68 pensaient qu’il allait faire venir les chars soviétiques devant
l’arc de triomphe, et qui gâteux devenant voit maintenant arriver les chars de
Poutine derrière la Marine nationaliste.
A propos de Dany et d’arc de triomphe, je parlerai plutôt des gilets
jaunes et de l’arc de triomphe qu’ils avaient érigé sur le rond-point de
Villeneuve. Cet édicule, jugé dangereux et incongru, a été courageusement
démonté par la force publique, sur ordre de madame la Préfète. Evidemment,
quand les enmarchistes montrent l’exemple en faisant des affichages sauvages,
ils font de la politique. Mais quand les gilets jaunes agrémentent un
giratoire, on dira qu’ils font de la pollution. Selon que vous serez puissant
ou misérable…
Mais il est un maire d’une ville de Lorraine –plus précisément de la
Moselle- qui a compris le problème et ce maire s’appelle Dany, lui aussi, mais
c’est un nommé Dany Kocher, maire de Phalsbourg et il n’a pas, lui, les
neurones qui flanchent. Les gilets jaunes de sa commune, sommés de quitter un
rond-point, s’étaient réfugiés dans un champ juste à côté où ils n’ont pu
rester et ils se sont installés sur une parcelle prêtée par la commune. Mais
leur cabane se situant dans une zone d’activité et que le Plan Local
d’Urbanisme ne prévoit que des bâtiments à vocation économique, il a fallu lui
trouver une vocation. Le maire a donc accordé un permis de construire – ici je
cite les Dernières Nouvelles d’Alsace dans l’édition du 21 mars- : « pour
la construction d’un bureau-entrepôt-observatoire d’une surface plancher de
12,50 m², totalement écologique, sans fondations, tout en ayant une bonne
résistance aux risques sismiques (…), prototype de l’habitat probable du XXIe
siècle, si le pouvoir d’achat continue à baisser au même rythme. (…) Il
justifie sa décision de la manière suivante : l’objectif du projet est de
mettre en place un observatoire des flux économiques contigus à la zone
d’activités (…) Cette observation et cette collecte de données permettront
d’analyser les segments des différents vecteurs industriels et commerçants en
mouvement dans le territoire et d’évaluer la proportion des produits, des
marques en transit mais aussi des transporteurs polonais, estoniens et
roumains. Analyse essentielle pour orienter les stratégies futures en matière
d’accueil des entreprises. (…) En parallèle, un comptage fin des différentes
marques de voitures de passage permettra d’éclaircir, d’affiner et
d’accompagner les différents concessionnaires de l’industrie automobile dans
leurs choix futurs d’implantation le long de l’autoroute A4. »
Ah ! Si Châteaubriant eût été ministre des transports, il n’eût pas
mieux écrit et la lecture de ce texte a dû créer une onde de désir au creux des
reins du haut fonctionnaire qui en fut le récipiendaire. Bravo, monsieur Dany
Kocher, continuez à nous enchanter !
On voit par-là que, parmi les maires de France, il y en a au moins un qui
n’est pas un godillot.
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