Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Les vacances arrivent et les média vont
nous abreuver de bouchons, de bisons futés et de météo larmoyante. Que ceux
qui, volens nolens, ne partent pas en
vacances tournent le bouton s’ils ne veulent pas tourner de l’œil. Mais s’ils
ont l’inconvénient de se trouver sur les routes, ils auront quand même la joie
de se faire ralentir par un ou plusieurs camping-cars pilotés par des gugusses
qui laissent la twingo à la maison et se croient donc à la barre d’un
porte-avions, occupant à vitesse réduite le milieu de la route en se moquant du
reste de la circulation, soucieux qu’ils sont de trouver le plateau adéquat
pour évacuer leurs défécations. Au moindre
arrêt dans les stations-services, ils croiseront des vacanciers en tongs et
bermudas mastiquant de gluants sandouiches, éructant des bières à bon marché et
hurlant sur leurs gamins surexcités. En les voyant déambuler ainsi, les élus
locaux se rengorgeront en déclamant à qui veut entendre qu’ils ont créé des
infrastructures touristiques qui sont la gloire de leur commune, de leur
intercommunalité, de leur département et de leur région. Et pendant ce
temps-là, les estivants, modernes petits poucets, parsèmeront leurs routes et
chemins de papiers gras, de canettes vides et de mouchoirs jetables.
Mais
alors, me direz-vous, que nous reste-t-il à faire si nous ne voulons pas jouer
un rimèque des bronzés ? Et puis, pour les vieux, le transport en
camping-car n’est-il pas le meilleur entraînement possible pour leur dernier
transport en corbillard ? Le sandouiche mou n’est-il pas une alternative
ludique aux plats surgelés que mangent nos juilletistes et aoûtiens tout au
long des autres mois de l’année ?
Voilà
des questions qu’elles sont bonnes mais pour nous qui voulons rejoindre à pied
le cimetière, point n’est besoin d’entraînement. Pour nous qui dégustons, jour
après jour, autant de légumes de saison que possible et de préférence non
traités et du jardin, nous n’avons nul besoin de ludique alternative. Et, pour
ce qui est de bronzer, le bronzage agricole nous suffira.
Donc,
pour cet été, voici l’ordonnance du bon docteur V., alloméopathe distingué et diplômé
de l’école vétérinaire : pas de télévision pendant deux mois, pas plus de
souimingue-poule, pas de WiFi et pas de bière à vil prix. Le traitement est le
suivant : de la marche, tant que faire se peut ; des légumes bios et
de production locale à petite échelle ; des boissons faiblement acidulées
et de l’eau claire et surtout, surtout ! De saines lectures, de la bonne
musique, de beaux paysages et du repos, du vrai, loin de toutes les sottises du
monde moderne. Quoique l’ancien aurait aussi son mot à dire en la matière. Et,
pour finir, citer à l’envi cette phrase du livre « Mon ami Pierre »
de Georges Boué : « Cau
prénguer lo temps coma veng, Las gents coma son, L’argent au cors E sera
muros. » « Il faut prendre le temps comme il vient, / Les
gens comme ils sont, / L’argent au cours, /Et nous serons heureux. »
On voit par-là qu’il n’y a pas de temps à perdre, soignons-nous !
Vivement dimanche !
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