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jeudi 2 janvier 2020

Appelez-moi Fortunio (47)


-          Oui, et puis je faisais un peu ce que je voulais, j’avais ma mobylette, je m’étais fait des copains au village. Soit dit en passant, les copains ont en quelque sorte disparu, les uns sont partis travailler ailleurs et ceux qui restent… disons qu’ils m’ont oublié, avec tout ce qui m’est arrivé.
-          Je comprends, je comprends. Mais, dis donc, il est déjà sept heures et demie, il faudrait peut-être penser à manger quelque chose !
-          Tu as raison, allons voir ce qu’on peut manger. J’espère que tu n’es pas trop difficile, moi ce que je préfère, c’est les pizzas. Viens voir le congélo, je l’ai transformé en juke-box !
Dans l’office, il ouvre le congélateur coffre et en effet il y a des pizzas rangées comme des disques vinyles, il en extrait une :
-          Ah ah ! La Stromboli, tu m’en diras des nouvelles, piquante comme je les aime ! Ça te dit ? Ou tu préfères une Margarita, ou une bolognaise ?
-          Va pour une bolo, mais t’as pas ramené une laitue du village ?
-          Tu fais bien d’en parler, j’allais l’oublier, celle-là. Tiens, tu as de la vinaigrette en bouteille…
-          Dis donc, chez toi c’est plutôt plats cuisinés, non ?
-          Je savais déjà pas cuisiner avant d’aller en tôle et c’est pas mon séjour là-bas et en hosto qui m’a fait gagner des galons de cuisinier. Mais ce qui m’a surtout manqué, après les gonzesses bien sûr, c’est les pizzas et les pâtes ! Mon père, lui, c’était tout juste s’il ne mangeait pas des pâtes au petit déjeuner, j’étais à bonne école.
-          D’accord, mais j’ai vu que tu avais aussi quelques légumes surgelés et de la barbaque. Comme la cuisine est un lieu discret, je me permettrai de te préparer quelque chose à ma manière. Et demain matin, tu prendras ta mob et tu iras nous chercher un petit dessert. Avec tout cela, tu continues au coca ?
-          Bien sûr, sers-toi de vin, c’est pas cela qui manque ici. Alors, on va manger tranquillos à la cuisine et après on ira regarder la télé, il y a un chouette western ce soir. Ça te dit ?
-          Pourquoi pas, mais je fais comment dans le séjour, ça ne va pas être discret ?
-          No problème, tu vas voir : il y a un paravent et tu entreras dans le noir, tu te poses dans le fauteuil derrière et tu seras invisible du dehors. Et puis, que je te rassure, si ce sont des esprits, ta présence ne leur échappera pas…
-          Cette histoire d’esprits, j’y crois pas, tu sais bien. Pas plus que Christelle, enfin le Docteur Setier n’y croit. C’est bien pour ça que je suis là !
-          Ça fait longtemps que tu la connais ?
-          Je veux, mon n’veu, c’est comme qui dirait ma petite cousine, ment Albert avec aplomb.
-          Mais tu ne t’appelles pas Setier ?
-          Non, on est cousins à la mode de Bretagne, comme qui dirait... Bien, le four est chaud, tu peux enfourner ! Dix minutes, le temps de préparer une salade, un bout de fromage et à la soupe, en quelque sorte.
(à suivre...)

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