-
Oui, et puis je faisais un peu ce que je
voulais, j’avais ma mobylette, je m’étais fait des copains au village. Soit dit
en passant, les copains ont en quelque sorte disparu, les uns sont partis
travailler ailleurs et ceux qui restent… disons qu’ils m’ont oublié, avec tout
ce qui m’est arrivé.
-
Je comprends, je comprends. Mais, dis
donc, il est déjà sept heures et demie, il faudrait peut-être penser à manger
quelque chose !
-
Tu as raison, allons voir ce qu’on peut
manger. J’espère que tu n’es pas trop difficile, moi ce que je préfère, c’est
les pizzas. Viens voir le congélo, je l’ai transformé en juke-box !
Dans l’office, il ouvre
le congélateur coffre et en effet il y a des pizzas rangées comme des disques
vinyles, il en extrait une :
-
Ah ah ! La Stromboli, tu m’en diras
des nouvelles, piquante comme je les aime ! Ça te dit ? Ou tu
préfères une Margarita, ou une bolognaise ?
-
Va pour une bolo, mais t’as pas ramené une
laitue du village ?
-
Tu fais bien d’en parler, j’allais
l’oublier, celle-là. Tiens, tu as de la vinaigrette en bouteille…
-
Dis donc, chez toi c’est plutôt plats
cuisinés, non ?
-
Je savais déjà pas cuisiner avant d’aller
en tôle et c’est pas mon séjour là-bas et en hosto qui m’a fait gagner des
galons de cuisinier. Mais ce qui m’a surtout manqué, après les gonzesses bien
sûr, c’est les pizzas et les pâtes ! Mon père, lui, c’était tout juste
s’il ne mangeait pas des pâtes au petit déjeuner, j’étais à bonne école.
-
D’accord, mais j’ai vu que tu avais aussi
quelques légumes surgelés et de la barbaque. Comme la cuisine est un lieu
discret, je me permettrai de te préparer quelque chose à ma manière. Et demain
matin, tu prendras ta mob et tu iras nous chercher un petit dessert. Avec tout
cela, tu continues au coca ?
-
Bien sûr, sers-toi de vin, c’est pas cela
qui manque ici. Alors, on va manger tranquillos à la cuisine et après on ira
regarder la télé, il y a un chouette western ce soir. Ça te dit ?
-
Pourquoi pas, mais je fais comment dans le
séjour, ça ne va pas être discret ?
-
No problème, tu vas voir : il y a un
paravent et tu entreras dans le noir, tu te poses dans le fauteuil derrière et
tu seras invisible du dehors. Et puis, que je te rassure, si ce sont des
esprits, ta présence ne leur échappera pas…
-
Cette histoire d’esprits, j’y crois pas,
tu sais bien. Pas plus que Christelle, enfin le Docteur Setier n’y croit. C’est
bien pour ça que je suis là !
-
Ça fait longtemps que tu la connais ?
-
Je veux, mon n’veu, c’est comme qui dirait
ma petite cousine, ment Albert avec aplomb.
-
Mais tu ne t’appelles pas Setier ?
-
Non, on est cousins à la mode de Bretagne,
comme qui dirait... Bien, le four est chaud, tu peux enfourner ! Dix
minutes, le temps de préparer une salade, un bout de fromage et à la soupe, en
quelque sorte.
(à suivre...)
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