Auditrices et auditeurs
qui m’écoutez, bonjour. Il est doux d’avoir des amis sincères et qui vous
connaissent bien. C’est ainsi qu’il y a peu, trifouillant dans une caisse à
outils, je remis au jour un joli marteau léger pourvu d’un manche d’agréable
longueur. Cet outil m’avait été offert pour un de mes anniversaires, il y a
bien des années et j’avais apprécié ce cadeau à sa juste valeur car, vous savez
comment je suis, je possède plutôt des massettes, des masses, des bouchardes,
des têtus, des darracqs, des merlins, des cognées et autres engins dépassant la
demi-livre mais j’étais totalement démuni de ce genre d’outil frappant dont se
servent les vitriers, les encadreurs et autres
ouvriers rompus aux ouvrages délicats. En vertu de quoi, vous vous posez
la question suivante : quel usage le chroniqueur a-t-il pu faire de ce
martelet ?
En effet, est-il encore
besoin de petits marteaux de vitrier à une époque où le double et même triple
vitrage se passent de l’usage du diamant, est-il encore utile de posséder un
tel ustensile pour assembler des cadres alors que des colles de toutes
puissances remplacent clous et vis et est-ce bien nécessaire de poser de
légères parcloses là où maintenant on vous lisse un merveilleux cordon de
silicone ? Non car vous avez bien compris que cet outil est largement
tombé en désuétude, remplacé par les cloueuses et agrafeuses pneumatiques.
Mais il reste toutefois
un domaine où l’artisan, pour ne pas dire l’artiste, peut encore faire étalage de son savoir-faire sinon de son art.
Et c’est là que je vous propose de bien lire ce qu’il était, en son temps,
écrit en toutes lettres sur le manche brillant et lustré de l’outil. Je
dévoilerai donc ce secret si bien gardé jusqu’à ce jour car d’un côté du manche
il est écrit au feutre indélébile les quelques mots suivants :
« Petit marteau à casser les couilles ». J’ose espérer que vous me
pardonnerez le cru de cette expression… En retournant le manche, on peut
lire : « Long manché pour touiller la merde ». Voilà donc ce qui
me fut offert en hommage à mes capacités par des amis reconnaissants.
Depuis ce jour, je me
tins à la tâche, brisant avec application nombre de breloques et remuant autant
que possible le marais fétide de la sottise de mes contemporains. Et, bien que
travaillant sans relâche avec une constance et une précision admirables, je
n’ai encore ni usé ni cassé ce manche et moins encore ébréché le métal du
marteau.
On voit par-là qu’il
reste encore de la matière pour bien des chroniques.
tu l'a pas trop usé le casse couille
RépondreSupprimerIl faut savoir user sans abuser !
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