Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Les fêtes de fin d’année sont maintenant
derrière nous et d’aucuns parmi nous ont parfois eu du mal à s’en remettre car
si Noël est une fête de la foi, Nouvel An est bien souvent la fête du foie,
pauvre organe qui a tant à faire en ce début d’année quand il n’a pas tout
simplement renvoyé la marchandise, comme le disait Roland Magdane dans son
sketch sur les organes.
Et
voici le mois de janvier tout au long duquel on peut vous la souhaiter sous
toutes ses formes et au cours duquel vous pourrez tirer les rois et pourquoi
pas, au nom de l’inclusivité, les reines et les valets.
Ah
le mois de janvier, mois de début d’exercice annuel où l’on boucle les comptes
de l’exercice précédent et aussi mois des bonnes résolutions prises pour
l’année sinon pour la décennie qui suivra : dès demain, j’arrête de fumer,
dès après-demain je ne bois plus qu’un verre de vin par semaine et plus qu’une
seule bière à la fois, dans dix jours j’arrête de faire des fautes d’orthographe,
je me remets à parler français et je trie mes poubelles. Ah si tous les mois
étaient de janvier, comme le monde serait différent, tout au moins dans les
bonnes intentions.
Mais
ce qu’il nous reste après les cantiques de Noël, les flonflons et les concerts
du Nouvel An, ce sont les illuminations qui croissent et se multiplient, par la
grâce des marchands de bimbeloterie. Auparavant, les municipalités illuminaient
les principales rues de leurs cités avec des panneaux suspendus qui vous souhaitaient
un joyeux Noël. Disons que maintenant, laïcité oblige, ils ont été remplacés
par joyeuses fêtes ce qui n’engage à rien. Je disais donc que les illuminations
étaient le fait des services municipaux et les commerçants, eux aussi, avaient
leurs vitrines éclairées et décorées de guirlandes.
A
ce jour, et l’on n’arrête pas le progrès social, tout un chacun peut
enguirlander sa maison avec un merveilleux matériel électrique venu
probablement des pays asiatiques. Que l’on soit un humble retraité, un
bénéficiaire des minima sociaux, que l’on soit au chômage ou que l’on soit
président-directeur-général, on peut se payer une illumination complète de sa
maison avec des lumières de couleurs différentes, particulièrement des pastels
aux tons émétiques. C’est le triomphe du bon goût le plus sûr de lui-même et de
la pollution lumineuse la plus fâcheuse.
Alors
que certains villages, encore peu nombreux, réduisent leur éclairage nocturne,
d’autres remplacent leurs vieilles ampoules par de nouvelles qui consomment
moins mais éclairent plus, sous couvert d’économie d’énergie. Et on constate
qu’un certain nombre de citoyens veulent aussi avoir leur part de la pollution
lumineuse. Cela me rappelle un élu villageois qui m’avait déclaré :
« on a bien le droit de s’éclairer autant que les grandes villes, on n’est
pas plus bêtes qu’eux ! » A cela, j’avais timidement répondu que
c’était leur choix, ils n’étaient peut-être pas plus bêtes que les autres mais ils
l’étaient autant.
On voit
par-là que là où il y a de la lumière dans les rues, il n’y en a pas pour
autant dans les cerveaux.
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