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dimanche 12 janvier 2020

Chronique de Serres et d’ailleurs V (18)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Les fêtes de fin d’année sont maintenant derrière nous et d’aucuns parmi nous ont parfois eu du mal à s’en remettre car si Noël est une fête de la foi, Nouvel An est bien souvent la fête du foie, pauvre organe qui a tant à faire en ce début d’année quand il n’a pas tout simplement renvoyé la marchandise, comme le disait Roland Magdane dans son sketch sur les organes.

Et voici le mois de janvier tout au long duquel on peut vous la souhaiter sous toutes ses formes et au cours duquel vous pourrez tirer les rois et pourquoi pas, au nom de l’inclusivité, les reines et les valets.

Ah le mois de janvier, mois de début d’exercice annuel où l’on boucle les comptes de l’exercice précédent et aussi mois des bonnes résolutions prises pour l’année sinon pour la décennie qui suivra : dès demain, j’arrête de fumer, dès après-demain je ne bois plus qu’un verre de vin par semaine et plus qu’une seule bière à la fois, dans dix jours j’arrête de faire des fautes d’orthographe, je me remets à parler français et je trie mes poubelles. Ah si tous les mois étaient de janvier, comme le monde serait différent, tout au moins dans les bonnes intentions.

Mais ce qu’il nous reste après les cantiques de Noël, les flonflons et les concerts du Nouvel An, ce sont les illuminations qui croissent et se multiplient, par la grâce des marchands de bimbeloterie. Auparavant, les municipalités illuminaient les principales rues de leurs cités avec des panneaux suspendus qui vous souhaitaient un joyeux Noël. Disons que maintenant, laïcité oblige, ils ont été remplacés par joyeuses fêtes ce qui n’engage à rien. Je disais donc que les illuminations étaient le fait des services municipaux et les commerçants, eux aussi, avaient leurs vitrines éclairées et décorées de guirlandes.

A ce jour, et l’on n’arrête pas le progrès social, tout un chacun peut enguirlander sa maison avec un merveilleux matériel électrique venu probablement des pays asiatiques. Que l’on soit un humble retraité, un bénéficiaire des minima sociaux, que l’on soit au chômage ou que l’on soit président-directeur-général, on peut se payer une illumination complète de sa maison avec des lumières de couleurs différentes, particulièrement des pastels aux tons émétiques. C’est le triomphe du bon goût le plus sûr de lui-même et de la pollution lumineuse la plus fâcheuse.

Alors que certains villages, encore peu nombreux, réduisent leur éclairage nocturne, d’autres remplacent leurs vieilles ampoules par de nouvelles qui consomment moins mais éclairent plus, sous couvert d’économie d’énergie. Et on constate qu’un certain nombre de citoyens veulent aussi avoir leur part de la pollution lumineuse. Cela me rappelle un élu villageois qui m’avait déclaré : « on a bien le droit de s’éclairer autant que les grandes villes, on n’est pas plus bêtes qu’eux ! » A cela, j’avais timidement répondu que c’était leur choix, ils n’étaient peut-être pas plus bêtes que les autres mais ils l’étaient autant.

On voit par-là que là où il y a de la lumière dans les rues, il n’y en a pas pour autant dans les cerveaux.


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