Bingo ! Et qu’y a-t’
il dans le tiroir ? Un flingue. Albert n’y connaît rien en armes mais il
sait quand même reconnaître un flingue. Quant à savoir s’il est chargé ou s’il
est armé, niet ! Il y a aussi trois boîtes de cartouches, et du matériel
d’entretien.
Albert ferme le tiroir à
clé et met la clé dans sa poche. Il remet la planche-tiroir en place et se
lève, doucement, il est intrigué par la poupée piquée d’aiguilles, une question
à poser à Daniel. Dans la bibliothèque, il regarde s’il ne trouverait pas une
lecture pour la soirée au cas où Daniel mettrait un programme sans intérêt. De
la philosophie, de l’ésotérisme, il ne se sent pas trop inspiré par cela.
Tiens, un Jules Vernes qu’il ne connaît absolument pas, « Le Château des
Carpathes » ! Pourquoi pas se dit Albert et il le sort du rayonnage.
D’un coup, il se rend
compte du fait que le soir est là, il est presque vingt heures et il a faim.
Dans le salon, la télévision crache toujours son lot de publicités et
d’âneries, il entrebâille la porte et constate que Daniel est toujours dans son
fauteuil, l’œil glauque et la lèvre inférieure avachie. Laissons-le dans son
rêve, pense Albert, allons voir ce qui peut se manger ce soir.
Pour changer de la pizza,
il repère un sac de jolies pommes de terre, il fouille dans le frigo et sort
deux grandes tranches de bavette. En cherchant un peu plus, il trouve quelques échalotes
et il reste encore de la salade. Cette maison est pleine de ressources,
pense-t-il. Il y a aussi une friteuse électrique, la graisse semble
parfaitement acceptable. C’est parti pour une bavette à l’échalote-frites-salade !
Il va annoncer le menu à Daniel qui sort de sa torpeur médiatique et acquiesce
nonchalamment. Pendant la première cuisson des frites, il descend rapidement à
la cave où il avait repéré une caisse avec des bières en 75 cl et il en remonte
deux, histoire de bien démarrer. Une fois que la cuisine est bien sur les
rails, il appelle Daniel qui arrive pesamment.
-
Méé, méé, on dirait qu’on va se régaler,
dit-il.
-
Tu ne vas pas regretter ta pizza
aromatisée au coca ?
-
Non, non, il faut changer un peu, tu as
raison mais je ne sais pas cuisiner, moi. Même si en taule j’ai travaillé à la
cuisine, je faisais seulement la vaisselle. Pour ça, je suis champion, mais
pour le reste, tintin !
-
Dommage, tu aurais dû en profiter pour te
faire une formation de cuistot…
-
Tu parles, les cuistots, là-bas, c’étaient
des mecs qui te tenaient à distance, pas question de mettre son nez dans la
tambouille. C’était l’essuie et ferme ta gueule ! Mais bon, on n’y était
pas si mal à la cuisine, faut dire.
-
Allez, madame est servie ! Assieds-toi
et sers toi de viande, les frites arrivent.
-
En tout cas, les entrecôtes sont mastars…
-
C’est pas des entrecôtes, patate, c’est de
la bavette. Et tu as raison, ce sont des beaux morceaux. Alors, avec ça,
monsieur voudra-t-il une larme de bière ?
-
Ah, de la bière ! T’as trouvé ça
où ?
-
A la cave, il y en a deux caisses.
-
C’était la bière préférée de mon père, la
Henlein ça s’appelle, non ?
-
Presque, c’est une bière du Nord ou du Pas
de Calais, j’aime bien moi aussi.
-
Alors, si tu sais remplir un verre avec
une larme, remplis-le moi ! Et à la santé de mon père, le pauvre !
-
Et à propos, pourquoi « le
pauvre » ?
(à suivre...)
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