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dimanche 8 mars 2020

Chronique de Serres et d’ailleurs V (26)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Pendant la campagne électorale, il est de bon ton de ne pas aborder le sujet de la politique et, comme vous le savez, je ne cherche jamais à déroger aux règles du bon ton. Or comme le printemps arrive avec une impatience non dissimulée, je vais vous parler d’une des productions les plus célèbres du Lot et Garonne, à savoir le pruneau d’Agen.

Pruneau d’Ageng, ça vous va bieng, disait une publicité d’il y a déjà pas mal d’années et même Louis Chedid s’était attelé à pousser une chansonnette publicitaire, charmante et entraînante. Mais la prune à pruneau est une production qui remonte, paraît-il aux romains. Ces derniers étaient moins fous que certains le pensent car ils avaient posé le germe de ce qui allait devenir la production phare du département. Par la suite, au XIIème siècle, les moines de l’abbaye de Clairac ont eu l’idée de greffer sur les plants traditionnels des plans de pruniers de Damas et donc venus de Syrie. Selon la légende, ce seraient les croisés qui, défaits devant Damas, revinrent avec des plants, d’où l’expression « y aller pour des prunes ».

La prune à pruneau donc, de nos jours, est appelée prune d’ente puisque ce sont des plants qui ont été entés, soit greffés. Les principaux porte-greffes sont le Damas noir, le Saint-Julien ou le Franc mais celui que je préfère est le myrobolan qui, à l’état sauvage, produit une charmante petite prune cerise, très chargée sur l’arbre les bonnes années et dont je me plais à faire de délicieuses confitures acidulées. Il y a aussi la prune de Saint Antonin que d’aucuns appellent prune à cochon car c’était une prune cultivée là où on faisait paître les porcs. C’est aussi une prune qui fait une confiture délicieuse qu’il n’est pas utile de donner aux cochons.

Revenons à notre pruneau. La culture en était traditionnelle mais dans un système agricole bien différent de ce qu’il est aujourd’hui. Il était cultivé dans nombre de petites exploitations, planté en bordure des quances qui étaient de petites parcelles cultivées dont la superficie aurait correspondu à une journée de labour. Beaucoup de fermes possédaient leur propre étuve qui était une sorte de four où l’on faisait sécher les pruneaux. Bien sûr, tout cela est tombé en désuétude et nombre de ces constructions ont changé de destination, tant et si bien que leurs propriétaires en ignorent bien souvent l’origine.

Une fois séchés, ces pruneaux, très prisés par les marins de haute mer car faciles à stocker et riches en minéraux et vitamines, étaient embarqués au port d’Agen sur des gabarres descendant la Garonne vers Bordeaux. C’est ainsi que la réputation du pruneau d’Agen fit le tour du monde.

Rappelons que, pour devenir un bon Lot et Garonnais, il faut être capable de répéter dix fois de suite et rapidement la locution « pruneaux cuits, pruneaux crus » !

On voit par-là que la constipation, ce n’est pas pour nous.

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