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dimanche 15 mars 2020

Chronique de Serres et d’ailleurs V (27)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Comme vous vous en doutez déjà depuis quelques semaines, je vous fais parvenir cette chronique depuis un abribus dont je ne donnerai pas la situation afin de préserver son intimité et sa vie privée. En effet, quoi de plus agréable qu’un abribus orienté judicieusement pour y installer son bureau et sa boite aux lettres électronique ? D’une part, on peut éventuellement monter dans un bus qui s’arrête inopinément pour aller faire des courses, s’approvisionner en papier et en douces friandises. D’autre part, on y trouve de la lecture, les horaires et quelque carte des lignes locales sans oublier quelque publicité intempestive. Et, on ne le dira jamais assez, c’est un endroit idéal pour contempler tant le lever que le coucher du soleil.

A ce propos, on voit bien que l’hiver se tient maintenant derrière nous car, si au mois de janvier on ne sentait guère l’allongement des jours et si on ne le pressentait que par un coucher de soleil plus tardif le soir, maintenant en mars on voit nettement le soleil se lever plus de bonne heure. Il est, certes, un peu tôt pour annoncer le printemps, mais dès la mi-février le merle s’est mis à chanter avant même le lever du soleil. Et, soit dit en passant, il me semble que le merle siffle bien moins de grossièretés qu’auparavant. Ou alors, mon oreille a changé et elle se prête avec plus d’indulgence à ce chant railleur.

La douce saison approche et on peut voir les agents de la voirie qui, sortant de leur coquilles, se précipitent sur les talus herbeux pour s’assurer de ratiboiser au mieux les quelques tulipes rouges de l’agenais qui auraient eu le malheur d’y pousser. De plus, par souci d’efficacité, ils préfèrent broyer les banquettes quand il n’y a encore que peu d’herbes, ce qui fait aussi économiser du carburant. Pour ce qui repoussera, on verra à l’automne.

Bien des arbres fruitiers ont déjà fleuri et les jonquilles parsèment les sous-bois de leurs trompettes jaunes. Cette jolie fleur de printemps est féminine quand on l’appelle jonquille et masculine si elle est appelée narcisse ou pseudonarcissus. Les noisetiers font vibrer leurs chatons au vent et les chênes les plus marcescents continuent à garder leurs feuilles sèches qui ne tomberont qu’avec la nouvelle pousse.

Et, pour les dahus, ce sera bientôt la saison des amours qui ne sont pas, dans leur cas, de tout repos puisqu’ils se reproduisent par les nuits de pleine lune en faisant le poirier. Mais qu’il est beau d’admirer une portée de dahus le soir à flanc de coteau, titillant de leurs souples pattes la terre rocheuse des abrupts raidillons.

Quant au drac, petit homme si malicieux, il se tient au bord de son ru, sachant que les saisons se succèdent et se ressemblent, différemment les mêmes. Le drac est cette espèce de lutin facétieux qui sème le désordre dans les fermes lorsqu’on le contrarie mais qui peut aussi être un génie qui aidera celui qui sera capable de l’écouter. Il n’a ni âge ni mémoire mais il a accès à tout le savoir de l’univers, ce qui en ferait, pour celui qu’il aiderait, un auxiliaire précieux. Pour ceux qui voudraient en savoir plus, je leur recommande la lecture de mon livre « Le Temps de l’éternité » publié chez TheBook Editions.

On voit par-là qu’il n’y a rien de tel qu’un petit coup d’autopromotion.

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