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dimanche 1 mars 2020

Chronique de Serres et d’ailleurs V (25)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. La campagne pour les érections municipales a démarré et force est de reconnaître que la république dite en marche a vigoureusement pris les choses en main. De plus, la liste enmarchiste de Paris, après quelques péripéties, est passée sous la direction d’une spécialiste, entre autres, de l’immunologie des tumeurs. Elle fut aussi ministre de la santé, on la lui souhaite bonne, et des solidarités. Solidarités qu’elle pratique fort bien, paraît-il, au niveau familial comme au plus haut niveau de la santé. Surtout ne suivez pas mon regard…

Lorsque l’actuel président avait fustigé les fainéants, les cyniques et les extrêmes, il s’était bien gardé de fustiger les branleurs et bien lui en a pris car il a pu ainsi garder un porte-parole du gouvernement devenu candidat à la Mairie de Paris, habile à palucher la gauche et à pignoler la droite. Hélas, ce dernier fut pris d’un exhibitionnisme électronique qui n’échappa point à l’œil de moscou et c’est ce qui provoqua sa démission de la liste candidate. La publication de ses vidéos est chose assez infâme mais ce qui l’est encore plus, c’est qu’il y a eu ce que l’on appelle des dizaines de milliers de vues. Ce qui est infâme, c’est que des dizaines de milliers de regards se sont portés vers l’écran pour s’offusquer avec délice de ce qu’ils voyaient. S’il n’y avait pas eu autant de voyeurs, on n’aurait peut-être à peine parlé de ce jet de haine misérable venant d’un réfugié politique. Et, bien sûr, à la suite sont arrivées les litanies tweetesques des uns et des autres, dispensables oraisons jaculatoires venant de tous bords. Je n’en dirai donc rien de plus.

Ainsi, la campagne électorale bat son plein et l’on voit revenir bon nombres de ces maires qui se disaient dégoûtés de leur charge et qui, tous comptes faits, disent se résigner à revenir, sous la pression d’une soi-disant demande. Il faut croire que la place n’est pas négligeable puisque d’aucunes et d’aucuns s’embarquent pour des ixièmes mandats, accrochés qu’ils sont à leur poste comme des moules à leurs bouchots. Il ne faut pas oublier que, outre les indemnités de maire, il y a des places à garder ou à prendre dans les communautés de communes et quelques autres fauteuils confortables dans les syndicats intercommunaux, offices publics et autres. On voit aussi encore des octogénaires squatter des sièges confortables sans même avoir été élus par le suffrage des électeurs. Ils partiront ensuite, couverts d’une gloire officielle, posthume ou non, couverts de médailles, étonnants notables dont le principal héroïsme aura été de résister à la marée qui flue une fois dans un sens et une fois dans l’autre. Les électeurs auront les panthéons qu’ils méritent.

Donc, les promesses vont bon train elles aussi et mieux vaut se boucher les oreilles puisqu’elles n’engagent que ceux qui les écoutent. La plupart des petites communes auront leur lot de conseils municipaux formés d’un maire de droit divin et de conseillers godillots. Seules quelques-unes pourront se flatter d’avoir un équilibre entre une majorité bienveillante et une opposition active et constructive. Si l’une ou l’un d’entre vous en connait, qu’il me le dise !

On voit par-là que, comme le disait le prince Salina dans « Le Guépard », il faut que tout change pour que rien ne change.


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