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jeudi 4 juin 2020

Appelez-moi Fortunio (69)


-          Tout à fait, mon cher Fortunio, tout à fait. Un petit séjour à l’ombre, ça vous dirait ? D’autant plus que, si j’ai bien tout compris, la révision du procès de Daniel est toujours en cours. Une issue favorable pour lui risquerait, par contrecoup,  d’alourdir votre peine. Vous seriez nourris aux frais de la princesse, bien sûr, mais il paraît que la cantine n’est pas fameuse !
-          Moi, dit Albert, j’ai pas de conseil à vous donner mais vous savez ce qu’on dit : un bon arrangement vaut mieux qu’un mauvais procès. Cela dit, ça me ferait bien rigoler de vous voir partir entre deux gendarmes. C’est aussi l’avis des psychiatres mais ce n’est pas ce que veut Daniel. Il n’a pas l’esprit vengeur et il ne souhaite à personne et même pas à des pourris comme vous de faire de la prison. Il sait ce que c’est, lui ! Cela dit, c’est nous, à savoir mon collègue et moi, qui avons carte blanche cette nuit. Donc, c’est vous qui voyez !
La Germaine et son mari se concertent du regard, un grand silence s’établit.
-          Vous pourriez pas la détacher ? Demande l’homme.
-          Quand vous aurez répondu à ma question, oui. Mais en attendant, il va falloir me donner votre choix. Cela dit, n’oubliez pas que mon collègue ne bougera pas d’un poil, qu’il a une arme et qu’il sait tirer. Donc, ni diversion ni tentative d’évasion si vous ne voulez pas vous faire plomber les guibolles. Alors, votre choix ?
Le gonze regarde encore sa Germaine et c’est elle qui s’y colle :
-          D’accord, on signe ce que vous voudrez et qu’on en finisse. Ça vous va comme ça ?
-          Voilà qui est répondre, dit Albert. Monsieur est d’accord, je suppose ?
-          Mais oui mais oui, répond le monsieur d’un air renfrogné.
-          Bien. Je vais défaire les liens de madame Germaine, on va gentiment s’asseoir autour de la table, ces messieurs dames dans le coin et moi ici avec papier et stylo, dit Albert en déliant la Germaine.
Albert a bien quelques remords en voyant les traces laissées sur ses poignets tout en se souvenant de la brutalité de l’assaut. Il prend dans un tiroir du buffet un stylo bille et du papier blanc.
-          Allons, il est déjà plus de minuit, essayons d’avancer, dit-il en invitant les autres à s’asseoir.
René reste debout, près de la porte, gardant bien en évidence le pistolet. Albert commence à écrire en lisant tout haut à mesure la déclaration. Les jardiniers le laissent faire, à un moment la Germaine, rageuse, veut se lever mais son mari la calme et la fait se rasseoir. Albert remplit pratiquement une feuille A4.
-          Voilà qui me paraît complet, dit-il, vous allez maintenant écrire, chacun de votre belle écriture : « Lu et approuvé, fait en ma présence à la date du jour », votre nom, votre adresse et votre signature. Et on va tous pouvoir aller se coucher, c’est pas trop tôt !
-          Mais, on en veut un exemplaire nous aussi, déclare la Germaine.
-          Et mon cul, c’est du poulet, chère madame Germaine ? Répond vivement Albert. On en fera des photocopies, soyez sûre, et on on poussera l’amabilité jusqu’à vous en envoyer une par la poste, dès qu’on aura le temps. Mais vous n’êtes pas en position d‘exiger  quoique ce soit en ce moment. Donc on signe et vivement si on ne veut pas y passer la nuit !
(à suivre...)

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