-
Il n’est pas venu vous voir ?
-
Non mais il en a bien l’intention car il
paraît qu’il a bien réussi et il compte bientôt prendre sa retraite. Comme il a
dit, il faut qu’il se dépêche tant que les parents sont toujours là…
-
Vous avez toujours vos parents ?
-
Oui mais maintenant ils sont dans les
quatre-vingts, ils sont encore valides mais on ne sait jamais. Donc, je voulais
dire que les parents à la ferme sans les garçons, la sœur ainée qui était
mariée avec un gosse, la plus jeune qui aidait bien sûr mais au moment des
foins et de la moisson, il manquait des bras. Comme monsieur Sylvère m’y avait
poussé, j’ai fait ce concours que j’ai réussi bien comme il faut. Au début
j’étais auxiliaire, ‘est à dire que je travaillais seulement le matin pour le
tri ou pour remplacer. Donc il me restait du temps pour donner la main aux
parents et je ramenais des sous, finalement c’est bien le coup de pouce de
monsieur Sylvère qui m’a aidé. Bon, après je suis devenu facteur titulaire et
j’ai fait toute ma carrière comme ça. Mais on n’est pas là pour parler de ça,
je vais revenir au temps où je travaillais pour monsieur Sammy.
A ce moment-là, arrivent
madame Ida et madame Huguette qui s’installent en face d’eux. Puis arrive aussi
une bande joyeuse avec René. On fait les présentations et ils s’assoient aussi.
Il reste encore de la place en bout de table où s’installe un couple d’amis des
amis avec deux enfants plus un landau. Comme les tables sont de douze places,
ils s’installent en bisquencoin, casant les deux petits au bout. Tout à coup,
Albert se lève et interpelle René :
-
Dis-donc, monsieur La-Science, si je te
parle d’un nommé Xtern, ça ne te rappelle pas quelque chose ?
-
Répète-moi ça, s’il te plait, dit René.
-
Un nommé Xtern, ça te dit quelque
chose ?
-
Ah ouais, attend, dit-il en fronçant le
sourcil.
-
Les cahiers de Juliette Bertinier…
-
Bon Dieu, mais c’est bien sûr,
rappelez-vous, commissaire Bourrel ! Oui, oui, oui, c’est bien cela. Et
pourquoi ?
-
T’inquiète, je te raconterai plus tard
sinon on y passera la nuit, dit Albert en se rassoyant.
Thérieux le regarde avec
surprise et Albert sent qu’il lui doit une explication. Et c’est là qu’ils vont
de surprise en surprise car Thérieux a entendu ce nom de Bertinier. Or il avait
des cousins nommés Bertinier et, ce qu’il savait c’est que les parents de ces
cousins étaient métayers d’un monsieur Marc et d’une madame Thérèse, il
pourrait retrouver le nom dans ses archives. Albert proposa de lui faire passer
les cahiers, si cela l’intéressait.
-
Oh milédiou oui, que ça m’intéresse !
Vous me feriez un sacré cadeau, rien que de pouvoir les lire, moi qui me
passionne pour tout ça ! Ainsi vous dites que le nom de monsieur Sylvère,
Xtern, est cité dans ces cahiers ? Oui, vous en saurez plus en les lisant,
je ne vais pas vous parler de ça maintenant, ça serait un peu long et pas de
première main, vous comprenez…
-
Oui, et puis voilà les hors d’œuvre,
servez-vous et faites passer !
Un plateau de jambon de
pays, pâté de campagne, œufs durs et pain de campagne lui arrive sous le nez et
il comprend qu’il n’est pas venu pour rien. Les bouteilles de Fronton circulent
et la température monte d’un cran dans l’atmosphère locale.
(à suivre...)
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