Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. L’homme, paraît-il, descend du singe. Cela semble plausible et, si on analyse finement la chose, certains auraient même oublié de descendre, il suffit de regarder la télévision pour s’en rendre compte. Si vous regardez un documentaire sur les orangs outangs et qu’ensuite vous pianotez sur votre télécommande et tombez sur TF1 ou BFM, vous aurez une vague impression de déjà vu, à vous demander qui descend et qui remonte. Un écrivain américain publia, à une époque pas si lointaine, un court livre intitulé « Comment reconnaître ses amis des grands singes », livre qui se résume à la nécessité d’emmener ses amis au jardin zoologique afin de constater que les grands singes sont ceux qui se trouvent derrière les barreaux. Mais, quand vous êtes sortis du zoo, vous faites quoi ? Le tire-fesses de l’évolution est un étrange appareil dont les doubles sens nous étonneront toujours.
C’est pourquoi, je vais vous dire aujourd’hui une histoire à propos de laquelle je dirai que toute ressemblance avec toute personne réelle serait purement fortuite et inopinée. Cette histoire m’a été confiée par Bettina, auteure qui habite en Bourgogne, qui est nouvelliste et romancière et dont j’ai déjà dit un conte il y a peu. Il s’agit de l’histoire du ouistiti gris :
Il était une fois un ouistiti gris qui se lamentait de ne pas être tacheté comme tous les autres ouistitis. Il n’était pas comme les autres, et son pelage triste lui laissait à penser qu’il avait dû commettre une faute. Il ne comprenait pas pourquoi il n’était pas comme les autres. Tous les jours, il fréquentait ses frères, ses sœurs, ses amis, qui le fuyaient, il le voyait bien. Il ne parvenait jamais à jouer avec eux. On aurait dit qu’il leur faisait peur.
Il se désolait d’être seul et pleurait tout ce qu’il savait tout seul dans son coin, quand, un jour, il rencontra un ouistiti bleu qui le regardait avec attention. Il fut surpris de cet étrange phénomène et prit un peu de temps avant de l’aborder. C’était si étrange.
– Bonjour, lui dit-il, ayant dépassé sa peur et poussé par la curiosité. Pourquoi es-tu bleu ?
– Bonjour, répondit l’autre. Et toi, pourquoi es-tu gris, le sais-tu ?
Le ouistiti gris, qui avait honte de l’être, voulut impressionner le ouistiti bleu. Il lui mentit et lui raconta qu’il avait été transformé par une fée et qu’il avait des pouvoirs.
– Des pouvoirs ? Quels pouvoirs ? Lui demanda le ouistiti bleu
– Euh… euh… ben le pouvoir… de faire tomber la pluie.
– Alors, vas-y, montre-moi ! Lui dit le ouistiti bleu en le mettant au défi.
– Abracadabra, pluie, tombe sur moi ! Lança le ouistiti gris.
Mais aucune pluie ne tomba.
– Il me semble, dit le ouistiti bleu, que ton pouvoir est limité et que ta fée t’a abandonnée.
– Non, répondit le ouistiti gris honteux, c’est que je t’ai menti.
– Pourquoi ? Dit le ouistiti bleu. As-tu honte d’être gris ? Moi, j’adore être bleu, et j’aimerais aussi être vert, jaune, ou rouge. Tu avoueras que c’est plus drôle d’être différent. Comment exister vraiment quand on est pareil aux autres ? Comment aurais-je pu te repérer parmi tous les ouistitis si tu n’avais pas été gris ?
Grâce à ces paroles bienfaisantes, le ouistiti gris, heureux et conquis, finit par aimer être ce qu’il était.
Finalement, son ami et lui vécurent une belle amitié, pleine de surprises et de nouveautés. Et comme ils étaient toujours souriants, les autres ouistitis recherchèrent leur compagnie.
Voilà, c’est tout et c’est une vraie histoire, merci Bettina.
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