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dimanche 1 novembre 2020

Contes et histoires de Pépé J (9) Le réverbère vert

Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. Une fois encore j’ai le plaisir de vous présenter une histoire qui n’est pas de moi mais de Bettina, auteure qui habite en Bourgogne et qui est nouvelliste et romancière. Elle eu la gentillesse de me confier un conte afin que je vous le dise. C’est une histoire que j’ai beaucoup aimée parce qu’elle parle d’un élément de la vie urbaine qui est en voie de disparition, à savoir le discret réverbère qui éclairait sans excès un coin de rue. De nos jours, les élus se fanfaronnent de puissants éclairages qu’ils nomment candélabres, luminaires ou lampadaires et qu’ils obligent à éclairer aux heures sans circulation, se parfumant de remplacer les anciennes ampoules par des systèmes dits à basse consommation. Ils en profitent donc pour en augmenter la puissance, pour éclairer la nuit des monuments qui ne leur ont rien demandé et pour perturber le rythme biologique des oiseaux alentour. Alors, voici l’histoire d’un modeste réverbère :

Le Réverbère vert

Il était une fois un réverbère vert qui se désolait de ne pas pouvoir voyager. Tous les jours, il essayait de s’enfuir, de bouger, de marcher, mais impossible… Impossible d’avancer, de partir. Son unique jambe, inerte et lourde, l’empêchait de faire un seul pas. Il souffrait un peu plus chaque jour, était triste à tel point qu’il n’éclairait même plus. Sa lampe s’était éteinte sans bruit, un soir de pluie.

 

Un jour, un clochard vint à passer. Il décida de s’appuyer contre le réverbère vert pour mendier et obtenir quelques sous afin de pouvoir manger. Mais à la nuit venue, le clochard déchanta. Il fut vite dans la nuit noire. Alors, il s’en prit au lampadaire, l’insulta, le maudit, et lui dit : « Alors, on n’éclaire plus son vieux copain ? On fait la gueule ? »

 

Le réverbère sursauta, car il s’était endormi, puis il se réveilla tout à fait. Il lui répondit qu’il n’avait pas le moral, que la vie était moche, qu’il dormait pour oublier. Il lui raconta sa misère de réverbère, et il se mit à lui confier son envie de bouger… de voyager…

 

Le clochard, surpris, ébahi même qu’un réverbère pût parler, prit tout d’abord peur. Il regarda sa bouteille… Non, il n’avait pas trop bu. Quel était ce mystère ? Entendre parler un réverbère. Mais, peu à peu, comme la solitude lui pesait beaucoup, le clochard se remit de ce miracle et se rassura. Il décida de lui raconter ses voyages. Ses yeux s’illuminaient en parlant d’Honolulu, de Madagascar, de Bogota ou de Trafalgar, d’Istanbul, de Pergame ou de Liverpool.

 

Le réverbère le suivait, léger, et s’envolait littéralement avec lui sur les ailes du vent. Il était devenu un grand oiseau blanc. Et sa lumière se remit peu à peu à luire, à briller, à étinceler dans le noir.

 

Grâce aux récits du clochard, le réverbère retrouva le sourire et la lumière. Il se remit à éclairer la nuit. Il finit par se consoler de rester immobile. Il s’était fait un ami et voyagea tous les jours en rêve avec lui…

 

Jusqu’à ce qu’un jour un chien…

 

Voilà, c’est tout et c’est une vraie histoire. Merci Bettina.       

 

 

 

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