Une dame, à laquelle il donne bien soixante-dix ans, vient lui ouvrir.
– Bonjour Madame, je m’appelle Hervé Magre, je suis votre nouveau locataire, explique-t-il.
– Entrez, Monsieur Magre, je vous attendais, vous êtes ponctuel, répond-elle en souriant.
– Mon train avait du retard, mais avec la Sncf seul le retard est prévisible. J’avais donc pris de la marge en proposant d’arriver à cinq heures.
– Entrez, entrez. C’est tout ce que vous avez comme bagage ? s’étonne-t-elle en regardant le sac de voyage.
– C’est tout ce que j’ai pris pour voyager, mes autres affaires arriveront dans un jour ou deux, répond-il.
– Vous me rassurez, Monsieur Magre. Je n’aimerais pas louer mon appartement à quelqu’un qui n’aurait rien à se mettre. Mais du moment que vos affaires suivent.
Elle le fait entrer dans un petit salon encombré de bibelots, de livres et de revues. Un gilet est posé sur une table basse à côté d’un fauteuil. Elle lui propose un café qu’il accepte volontiers. Elle va chercher un plateau garni de tasses, d’un pot gradué de cafetière électrique, d’un sucrier et d’une corbeille de petits biscuits.
Il s’installe dans un fauteuil et sucre son café. Un gros chat gris à poil long vient s’étendre sur le tapis, tout proche de ses pieds.
– Vous avez déjà fait la conquête du chat, dit-elle. Vous n’avez rien contre les chats, j’espère ?
– Du tout, Madame, au contraire, j’aime beaucoup les chats, répond-il.
– Donc, vous venez de la région parisienne ?
– Si on veut, j’étais garagiste à Surmilliers, au nord de Paris.
– Vous venez prendre votre retraite en Bretagne, au bord de la mer, alors ?
– Oui, je voulais quitter la région où j’étais, j’aime marcher et surtout en bord de mer. On m’a dit que la région de Saint-Lambaire est très belle, j’ai trouvé votre annonce, le prix du loyer me convenait et je me suis décidé, indique-t-il.
– Oh, vous savez, le prix n’est pas très élevé, mais je vous l’ai bien écrit, l’appartement est petit. Fonctionnel, mais petit.
– Oui, mais je ne veux rien de trop grand, je me suis défait de tout ce que j’avais en trop, maintenant que je suis à la retraite, je ne veux plus de soucis.
– Vous avez bien raison, allez, c’est du tracas d’être propriétaire. Mais on est chez soi. Cela dit, j’espère que vous vous sentirez chez vous ici. Je préfère louer à quelqu’un de votre âge, qui est stable et avec une rentrée mensuelle assurée, dit-elle.
– Une rentrée assurée, oui, on ne met en principe pas un retraité au chômage, dit-il en souriant. Mais vous savez, ma retraite n’est pas bien grosse, j’étais artisan et les retraites…
– Ne m’en parlez pas, moi j’étais femme de commerçant, donc pas commerçante, je touche une misère, encore moins que vous sûrement, et heureusement, j’ai la réversion de mon mari, mais vous savez, la réversion sur une retraite de commerçant…
– Donc nous nous comprenons, Madame. Mais nous faisons contre mauvaise fortune bon cœur, répond-t-il en riant.
– Oui, mais vous ne savez pas le nombre de gens qui ne veulent pas me croire quand je leur dis le montant de ma retraite ! Enfin, c’est comme cela, dit-elle en se levant. Je vous montre les lieux ?
– Volontiers Madame.
Elle le précède dans l’escalier jusqu’au second, puis arrivée sur le palier, ouvre une porte garnie d’une poignée en laiton et porcelaine. Elle entre et lui fait voir ce qui est certainement la pièce principale, la pièce à vivre. Un porte manteau sur pied se trouve à l’entrée. Au milieu de la pièce, une table avec quatre chaises, dans un coin un fauteuil accompagné d’une table basse et complètement à gauche, un renfoncement qui sert de kitchenette. Le mobilier date des années cinquante, assez anonyme mais pas trop kitsch. à droite, la petite salle de bains, puis la chambre, exigüe. Les pièces sont assez claires, le soleil entre par-dessus les toits des maisons d’en face, plus basses.
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