Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. La géographie de notre pays est profondément marquée par son hydrographie. C’est bien pour cela que la plupart des départements métropolitains ont été nommés à l’aide des cours d’eau qui les baignent. Car les fleuves et les rivières traçaient historiquement des voies de communications dans les vallées qui les contenaient, non seulement de par la possibilité du transport fluvial mais aussi par le fait qu’il est souvent plus facile de se déplacer en suivant les grands cours d’eau qu’en escaladant collines et montagnes. L’hydrographie de la France est riche d’un réseau de fleuves, de rivières, de ruisseaux, de ruisselets et rus, de fossés, de résurgences et de sources. Dans son livre »Histoire d’un ruisseau », Elysée Reclus écrit : « : « L’histoire d’un ruisseau, même celui qui naît et se perd dans la mousse, est l’histoire de l’infini ». Bien sûr, c’est l’histoire de l’infini puisque le ruisseau dans toutes ses pérégrinations voit ses eaux finir dans la mer et les océans mais aussi parce que l’eau de sa source elle-même est nourrie par des flux souterrains eux-mêmes réalimentés par les eaux venues du ciel. De même, je me demande toujours si c’est le ruisseau qui a créé la vallée ou la vallée qui a canalisé le cours des eaux.
C’est une recherche passionnante de remonter, ne serait-ce qu’en pensée ou sur une carte, depuis les grands fleuves jusqu’au moindre filet d’eau en amont, même perdu dans la mousse. Prenons la Garonne par exemple. Quand on la remonte, après avoir passé le Lot et d’autres petits affluents, on arrive à la Séoune qui passe sous Puymirol pour remonter à travers le Pays de Serres vers le Quercy. Quand on suit cette rivière, affluée par un bras nommé Petite Séoune qui passe en dessous Beauville, puis elle remonte vers Saint-Maurin où vient la rejoindre l’Escorneboeuf. Avec tous ces petits affluents, on n’est plus dans les larges vallées limoneuses mais un trouve un réseau de petits cours d’eau parfois intermittents et qui passent dans des entrelacs de broussailles parfois difficiles à pénétrer. Ces endroits sont chéris par le petit peuple des bois et des rivières car ils sont à l’abri des regards incultes de ceux qui ne croient à rien ou qui disent qu’ils ne croient qu’à ce qu’ils voient mais qui ont des yeux pour ne point voir.
Pour rencontrer ce petit peuple, il faut avoir l’esprit frais et la candeur de ceux qui savent que le monde est plus que ce que l’on nous en dit. Vous aviez pressenti que j’allais vous parler du drac et vous aviez bien raison. En effet, j’ai déjà cité Jean-François Bladé il y a peu, il fait autorité en la matière. Mais cette fois je vais vous dire comment j’ai rencontré un drac et pourquoi. Il y a plus de quarante années, à une époque où j’ignorais tout de l’existence de ces drôles de petits bonshommes, j’étais descendu dans les combes avec mon coupe sègue pour réparer quelque clôture qui passait dans des fourrés de ronces, de vergnes et d’ormeaux. Il était tard, près de neuf heures le soir, une brume légère commençait à monter du mince filet d’eau courant au fond du fossé et la fraîcheur se commençait déjà à se faire sentir. Je me faufilais toutefois dans les broussailles, taillant de ci de là ce qui me gênait quand je vis à une vingtaine de mètres un petit homme, très petit comme un gnome mais sérieux et qui ne bronchait pas. Il était habillé d’une cape grise et coiffé d’un petit chapeau noir, d’une forme de canotier mais avec des bords étroits. Je ne voulus pas l’interpeller, cela m’aurait paru incongru et je compris que j’avais eu raison sinon il aurait disparu sans que je ne puisse jamais le revoir. Il m’expliqua brièvement qu’il était un drac, petit génie des campagnes. Qu’on les disait souvent malfaisants mais c’était parce que nombre de paysans détruisaient leurs lieux de vie sans se soucier d’eux. Il me fit comprendre que, si je respectais autant sa personne que son environnement, il serait mon bon génie et que je pourrais même faire appel à lui dans les situations de détresse. C’est ainsi que je le nommai T’Inquiète et ce drac m’a toujours protégé depuis car nous vivions dans le respect mutuel. Encore aujourd’hui, si je vous disais… mais je ne dirai pas, je le lui ai promis. C’est lui qui m’a permis d’écrire mon premier livre qui s’appelle « Le temps de l’éternité » dans lequel je parle d’un drac et si vous voulez en savoir plus, lisez-le.
Voilà, c’est tout et c’est une vraie histoire,
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