Il pose son sac sur une chaise et dit :
– Cela me convient, vous m’aviez parfaitement décrit l’appartement.
– Oh, vous savez, c’est comme c’est, dit-elle. Et puis, pour le prix, vous n’auriez rien trouvé d’autre ici dans la région.
– Je vais aller faire quelques courses, j’ai vu une boulangerie et une épicerie sur la place d’à côté.
– Oui, ils sont ouverts jusqu’à sept heures, mais allez-y tout de suite tant qu’il y a encore du pain. Sinon, si vous avez besoin de quelque chose, n’hésitez pas à me demander. Mais pour ce soir, je vous invite, j’ai tout ce qu’il faut et vous avez besoin d’un repas chaud pour vous remettre du voyage.
– Je ne voudrais pas abuser, répond-il non sans un soupçon d’hypocrisie.
– Mais si, j’insiste, vous ne pouvez pas me refuser cela le soir de votre arrivée, Monsieur Magre.
– Je me rends à vos raisons, Madame Lemond, j’accepte avec plaisir votre invitation.
– à la bonne heure, assure-t-elle. Je vous laisse vous installer, allez faire vos courses et je vous attends pour sept heures et demie. Cela vous va ?
– Très bien, Madame. Je descends faire mes achats, je fais un brin de toilette puis je vous rejoins.
– Parfait. Voici les clés de votre appartement. Vous avez aussi celle de la porte d’entrée, c’est celle-ci, dit-elle en montrant une grosse clé accrochée à un porteclé en bois flotté.
– Merci, Madame.
Une fois seul, il tire quelques effets de son sac, quelques papiers, puis descend et sort. Il longe la rue Équoignon et part en direction de la placette où il avait repéré une boulangerie et une épicerie. Il apprécie le temps doux et l’air salin qui lui arrive des quais très proches.
Après avoir fait ses emplettes, il revient chez lui, range ses provisions, passe rapidement sous la douche et redescend chez sa logeuse.
Le repas est excellent. Madame Lemond a vraiment fait de son mieux pour accueillir son nouveau locataire. Après le repas, elle lui propose de rester regarder la télévision, mais il est bien obligé de lui avouer qu’il est atteint d’une infirmité, il est allergique, non à la télévision en soi, mais aux programmes diffusés en général. Cela la surprend un peu, mais chacun a ses petits problèmes, assure-t-elle.
Elle lui propose aussi de choisir des livres dans sa bibliothèque et si cette dernière n’est pas très originale, elle n’est pas non plus sans intérêt. Il y a beaucoup de livres sur l’histoire de France, provenant de chez France Loisirs et autres éditions cartonnées. Il choisit un livre sur la vie de Châteaubriant.
Après avoir remercié sa logeuse, il remonte dans son appartement et se prépare à passer sa première nuit bretonne.
*
Le lendemain matin, il se lève plein d’entrain. Il vient de commencer le vrai premier jour de sa retraite. Il attaque son petit déjeuner de bon appétit et réfléchit à la journée qui commence. Ses affaires doivent arriver aujourd’hui, ou peut-être seulement demain, il est donc tenu de rester sur place en attendant le livreur. Dommage, il irait bien visiter la ville.
Il tourne un peu dans l’appartement et essaye de s’approprier les lieux en changeant ici le fauteuil de place et là en enlevant un napperon qu’il range soigneusement dans un tiroir. Les murs sont, à son goût, un peu trop chargés de chromos encadrés, sans grâce. Dans ses bagages, il n’aura rien de mieux à mettre mais il s’en occupera dans les jours qui viennent. Il ne décroche rien encore, simplement pour ne pas troubler Madame Lemond.
Dans la cuisine, rien à changer, tout est prévu, jusqu’à la moindre petite cuiller.
L’ensemble de l’appartement est assez ordinaire mais cela lui convient bien, il saura y mettre sa touche personnelle.
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