Il y en a des histoires qui parlent de cela et je vais raconter celle de de Péiro de la métairie des Peirets. Peiro était un beau jeune homme qui labourait ses champs en chantant, mettant partout à son entour sa joie de vivre et sa bonne humeur. La plus jeune des enchantées, elle avait tout juste di-huit ans, tomba amoureuse de lui et, pour se rapprocher de lui, elle se présenta à la métairie pour demander du travail comme servante. Le métayer, père du garçon l’embaucha à l’essai et quand il vit, dès le lendemain, que la jeune femme avait tant travaillé depuis avant l’aube qu’il n’y avait déjà plus à faire dans la maison, il lui demanda ce qu’elle savait faire d’autre. Elle lui dit qu’elle pouvait coudre mais aussi labourer, moissonner… Le métayer dit à son fils de l’envoyer sur une concade où il y avait du blé, elle commencerait là puis irait les rejoindre sur la pièce grande où eux et un ouvrier travaillaient déjà. Ils eurent la surprise de la voir revenir bien peu de temps après, ayant fini son ouvrage alors qu’eux-mêmes à trois n’avaient guère récolté encore qu’un peu plus d’une concade.
Le temps passa et un jour elle dit : « maintenant vous savez ce que je sais faire mais je voudrais épouser le Péiro si cela vous agrée ainsi qu’à lui ». La jeune fille était belle comme un cœur, travaillait comme quatre et mettait du bonheur partout autour d’elle, autant le Péiro que les parents se félicitèrent d’une telle union. Et ainsi, ils se marièrent, comble de bonheur ils eurent deux beaux enfants et jamais la métairie n’avait été aussi bien tenue, aussi prospère et à l’abri de tous les soucis. Quand Péiro, se levant le matin et voyant la maison balayée, les repas prêts, les enfants lavés et peignés et le pain au four, il s’émerveillait et il lui avait un jour demandé comment elle faisait. Elle lui avait dit : « jouis de ton bonheur et ne te pose pas de questions. Si tu me soupçonnes d’être une enchantée, surtout ne dis jamais ce mot devant moi ! »
Mais les hommes sont ainsi, il faut toujours qu’ils cherchent à comprendre et un jour il arriva que Péiro lui dise : « tu ne veux pas le reconnaître, mais sûrement tu es une enchantée. » A peine avait-il dit ces mots qu’elle disparut et on ne la revit plus. Mais les enfants continuèrent d’être soignés et les champs travaillés sans que nul ne sache comment. C’était l’Encantada qui faisait tout cela.
Je ne peux pas parler à ce sujet sans évoquer la chanson de Nadau « L’Encantada » qui est certainement une de ses plus belles et qui est un véritable hymne à l’amour qu’il a chanté accompagné des meilleures bandas du sud-ouest. Je vous cite la fin de la chanson, patapim, patapam, en français bien sûr car je ne voudrais pas, avec mon accent pointu, massacrer le texte en occitan : Pour moi, c’est l’Enchantée, / Et si ce n’est pas aujourd’hui, / Demain c’est sûr, / J’irai lui parler, / Je ne sais pas son nom, / Pour moi, c’est l’Enchantée, / Demain je lui dirai, / Je n’ai vécu jusqu’ici / Que pour vous rencontrer.
Je ne me fatiguerai jamais de citer Nadau et surtout allez le voir en concert tant qu’il est encore plein de jeunesse, le temps passe tellement vite.
Voilà, c’est vrai et c’est toute une histoire… de Nadau ! Palalaï, palalaï, laï (bis)
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