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jeudi 3 décembre 2020

Dernier tableau (5)

Ils montent donc ses affaires dans son appartement, et il lui donne un pourboire bien mérité. Il est déjà midi, il rangera ses affaires tout à l’heure. Un petit tour en ville lui ferait du bien, et comme il n’est pas encore décidé à se préparer un repas, un petit restaurant ou un sandwich sur sa route sera le bienvenu.

 

Saint-Lambaire, à nous deux…

 

*

 

 

Il préfère faire un détour pour passer le long du bord de mer et saluer le vieil océan. Il n’a plus vu la mer depuis des années et l’air marin le grise. Il descend ensuite en ville sans monter sur les remparts, il aura bien le temps plus tard de s’y promener. Immédiatement, les ruelles et leur ambiance lui plaisent. C’est comme si depuis toujours il devait se trouver dans ces lieux, une familiarité inexplicable. Un peu à l’écart des rues passantes, il découvre un bistrot proposant une formule plat du jour. Il entre. Le patron, massif, tout en le saluant lui désigne de sa main épaisse et paternelle une table à côté de la porte de la cuisine. Aujourd’hui, c’est simple : blanquette ménagère, deux ou trois légumes et pommes vapeur. Le patron a l’air un peu déçu en entendant qu’il ne prend qu’une carafe d’eau, mais jamais de vin le midi, sauf dans les grandes occasions.

Son repas terminé, il découvre quelques rues de la ville puis monte sur les remparts, où il reprend un bon coup d’embruns. Vivifié, il revient tranquillement chez lui. Il est temps maintenant de commencer à déballer ses malles.

 

*

 

Le lendemain matin, il termine le rangement de ses affaires Il lui faut bien toute la matinée et il se prépare rapidement un repas à prendre sur le pouce. Les malles et les caisses vides vont dans un petit débarras dont il a l’usage, sur le palier.

Il est un peu plus dans son chez lui maintenant. Seule la décoration des murs laisse, selon lui, à désirer. Mais il s’est promis d’y veiller, il peut se permettre d’acheter quelque chose pour se faire plaisir.

Il repart donc en début d’après-midi vers la ville. Cette fois il emprunte les avenues pour rejoindre les bassins et le port.

Juste à l’entrée de la ville, dans une librairie, il achète des cartes de la région, au 25 000ème, accessoire indispensable pour qui veut marcher. Il rentre directement chez lui, il préfère étudier tout de suite les cartes et prévoir de belles randonnées.

En passant devant le magasin d’informatique, il s’arrête toutefois pour commander un ordinateur portable, il s’est décidé pour un modèle simple mais fiable, parfait pour se connecter sur le net.

Arrivé chez lui, il étale les cartes sur la table. Il note quelques itinéraires, entoure plusieurs lieux qui lui semblent engageants. De très nombreux sentiers, en bordure de littoral, dans l’arrière pays, semblent parfaits pour les premiers jours, mais demain ce sera le chemin des douaniers, en bord de mer.

Absorbé dans le dédale des cartes, il ne voit pas le temps passer.  Le soir tombe, il sera vite l’heure de diner puis de se coucher.

 

*

 

Le jour suivant, après une bonne nuit de sommeil, il se sent en pleine forme et, après un solide petit déjeuner, il prépare un sac à dos : un casse-croûte, une bouteille d’eau, la carte, il est paré. Il se dirige vers le bord de mer et suit la longue esplanade qui borde la plage et part vers l’est. Le soleil est déjà suffisamment haut pour ne pas le gêner. Il marche toujours avec la vue sur l’océan, puis il est obligé de goûter l’amer bitume de la route pendant quelques kilomètres avant de pouvoir prendre le sentier des douaniers.

Dans son esprit, ceci est une marche de reconnaissance, il sait qu’il ne doit pas, au début, s’astreindre à se promener au-delà de ses possibilités. Il compte marcher un maximum de trois heures aujourd’hui. Sur la carte, il a repéré une route proche, desservie par une ligne de bus qui le ramènera vers Saint-Lambaire. Il se sentirait presque pousser des ailes. Aucune nécessité de revenir à pied, il peut aller aussi loin qu’il le désire. Il marche ainsi pendant plus de trois heures puis s’arrête en haut d’une falaise, dans un coin un peu abrité, et attaque son casse-croûte. La mer s’étale à perte de vue devant lui, un petit voilier trace un sillage à l’horizon et la marée montante couvre presque toute la plage.

(à suivre...)

 

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