Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. La protection des espèces en voie de disparition et le maintien de la diversité naturelle font partie des préoccupations majeures de notre temps et je viens d’apprendre par des milieux généralement bien informés une bonne nouvelle que je m’empresse de vous faire connaître. En effet, dans le cadre de la réintroduction des espèces en voie de disparition dans les coteaux de Guyenne et Gascogne, un plan de réintroduction du dahu a été mis en place. Vous n’êtes pas sans savoir à moins que vous ne soyez pas sans ignorer que le dahu a disparu de nos coteaux. Non pas que la chasse au dahu l’ait décimé, celle-ci se faisant de manière non-létale, le dahu étant de surcroît non-comestible bien que sa chair soit, à ce qu’il paraît, végétarienne. Mais allez donc emmener un végétarien à la chasse au dahu !
Donc, je disais que le dahu a disparu de nos coteaux et cela est bien regrettable. Disons quelques mots sur la morphologie du dahu. Ce dernier a pour caractéristique d’avoir, d’un côté, deux pattes plus courtes, ce qui lui permet de courir en montagne ou dans les coteaux en étant toujours de bon niveau. Bien, me direz-vous, mais de quel côté sont ces pattes plus courtes ? Je pourrais répondre que les pattes les plus courtes sont du côté opposé aux pattes les plus longues mais cela ne nous avancerait guère, même si c’est scientifiquement prouvé. En effet, il est important de savoir qu’il y a des dahus dextrogyres et des dahus lévogyres (ou sénestrogyres). Les uns parcourent la montagne ou la colline dans un sens et les autres dans l’autre sens. Certains penseraient que cela n’a pas de sens et pourtant si ! En effet, le dahu est un animal sexué du début à la fin de sa vie. Ou genré si vous préférez… Or, on a constaté que les femelles sont dextrogyres et les males lévogyres. Ce qui fait qu’ils peuvent s’accoupler au moment où ils se croisent sur les flancs de la colline. L’accouplement se fait par les nuits de pleine lune, les deux individus faisant le poirier, ce qui facilite la descente du liquide séminal. Cela dit, le dahu est d’une hétérosexualité à toute épreuve, ce qui n’est pas pour plaire à d’aucuns et d’aucunes. Mais peut-on plaire à tout le monde ?
Pourquoi le dahu a-t-il disparu de nos coteaux ? Nul ne le sait mais c’est un fait attesté. Il fallait donc trouver des dahus dans des pays où il existe encore en quantité suffisante pour en prélever quelques couples aptes au repeuplement. Là était la difficulté car en effet le dahu disparait lentement mais inexorablement des collines et des montagnes, attiré qu’il est par les plaines avec leurs zones commerciales et leurs supermarchés. Il suffisait donc de capturer des dahus dans les plaines de Flandre, des Pays-Bas ou de l’Ukraine où ils sont nombreux. Mais cela n’est pas si simple car ces animaux, amollis par la civilisation urbaine, ont du mal à se remettre à la marche en terrain pentu, même s’ils ont généralement gardé cette inégalité de leurs pattes qui leur permet de faire usage des parkings réservés. Ce n’est qu’au terme d’une longue rééducation, pour ainsi dire une révolution culturelle, que l’on a pu réintroduire quelques couples dans nos beaux coteaux guyennais et gascons. Certains pensent même qu’on arrivera à en ré acclimater en montagne. On voit par-là qu’il ne faut jamais désespérer. Alors, si vous vous promenez par une belle nuit de pleine lune et que vous voyez quatre petits pieds s’agiter en l’air, surtout passez doucement votre chemin car c’est la promesse de futures naissances.
Cric crac, c’est tout et c’est une vraie histoire.
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