Hervé sourit en pensant qu’Artur n’était pas l’aïeul d’Antonia. Le maire, visiblement soulagé, demande à la petite Adeline de tirer sur le cordon qui permettra de dévoiler la plaque et la petite, guidée par Mme Le Blévec, fait le geste qui permet à l’assemblée de voir une plaque dorée indiquant qu’Artur Leyden était né et avait vécu en ces lieux.
– Et maintenant, mesdames, messieurs, vous êtes cordialement invités à un apéritif d’honneur ! annonce M. Le Blévec en montrant les tables chargées de verres, de bouteilles et de gâteaux salés.
Tout le monde se dirige vers les tables, Hervé reste toujours un peu en recul et il remarque sur le côté droit un couple qu’il n’avait pas vu auparavant : Sara est là, pimpante dans un tailleur mode, accompagnée d’un vieux beau (c’est ce que pense Hervé) habillé chic et fric. Hervé se sent se liquéfier et cherche dans quelle direction il pourrait bien s’échapper quand Sara l’aperçoit et lui fait un grand signe. Elle s’approche de lui, entraînant son milord dans son sillage.
– Renato, je te présente Hervé. Je l’ai connu par Édith. Il est venu voir mes peintures hier, il faut absolument que vous fassiez connaissance. Hervé, je vous présente Renato.
– Enchanté, dit Hervé en tendant la main au nommé Renato qui en échange lui tend trois doigts mous.
– Renato est en quelque sorte mon mécène, dit Sara avec affectation.
– C’est oun bien grand mot, intervient celui-ci distraitement tout en regardant autour de lui. Je préfèrerais que tu dises « mon agent ».
Il parle avec une sorte d’accent légèrement italien, mais à peine, comme un italien qui pratiquerait le français depuis longtemps.
– Mon agent, voilà, Renato est mon agent. Et c’est lui qui est venu me sortir du lit ce matin en me disant qu’il y avait cette inauguration à Saint-Lambaire. Il prétend que ce genre d’évènement est incontournable pour une peintre…
– Bien sour, pour oune artiste, oune vraie artiste, si on veut se faire connaître, il faut se montrer dans les évènements artistiques.
– Et il ne désire pas m’aider à organiser une expo à Paris. Je dois faire les inaugurations de province, mais exposer à Paris, cela ne vaut pas le coup.
– Je n’ai pas dit céla, mais ici, cela ne coûte rien et tu peux rencontrer des gens…
– Bien, alors présente-moi à tout ce beau monde. Ou alors vous, Hervé, qui commencez à connaître la ville, connaissez-vous le maire, le député ?
– Nullement, nullement, répond-il avec empressement. Je suis venu ici un peu par hasard, j’ai acheté le journal ce matin…
– Et vous vous êtes dit que vous alliez marcher dans les pas d’Artur Leyden, vous qui…
A ce moment, Sara voit le regard appuyé que lui envoie Hervé et elle ne termine pas sa phrase, comprenant sans doute que ce dernier souhaite éviter ce sujet. Renato la prend par le bras et l’entraîne vers les officiels groupés près des apéritifs. Avec beaucoup d’entregent et d’aplomb, il aborde le député et le maire en leur présentant Sara, artiste-peintre bien connue des milieux parisiens et qui est venue s’installer dans votre belle cité et qui, souvenez-vous, avait exposé ici à St-Lambaire et qui dévoile en permanence ses œuvres chez elle dont certaines sont présentées dans une galerie à…etc.
Hervé les regarde d’un œil mitigé et suspicieux : ce type serait-il l’amant de madame ? Elle l’a traité de mécène : Sara vivrait-elle aux crochets de ce bellâtre ? Sans réponse valable à ces questions, il s’approche du bout d’une table, se laisse verser une rasade de whisky et avale quelques petits fours fort opportuns. Il est alors abordé par Antonia qui s’est faufilée jusqu’à lui.
– Bonjour Monsieur, vous vous intéressez à Artur Leyden ?
– Bonjour Madame, répond Hervé tout surpris. Bonjour Mademoiselle, dit-il en se penchant vers Adeline qui a suivi sa mère, bonjour jeune homme, dit-il en se penchant vers Victor qui arrive.
– Madame Le Blévec m’a soufflé à l’oreille que vous connaissez bien monsieur Marondeau…
(à suivre...)
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