Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. Comme promis, je vous récite aujourd’hui le poème pour lequel j’ai obtenu une première médaille de bronze au Jasmin d’Argent, au titre de l’année 2020. Cela se passait à Agen, à la fin du siècle passé.
Rue Lafayette
Parti un beau matin, sifflotant nez en l’air
Je m’en allais à pied, flâneur à l’aventure
Pour voir les magasins, mater leur devanture
Sans souci ni tracas, dans un horizon clair.
Les gens indifférents passaient et bousculaient
Un vieillard affalé, pleurant, laissé pour compte,
Semblant être pressés puis sans aucune honte
Regardant droit devant, calmes, déambulaient
Assis sur le trottoir, l’homme faisait pitié,
Le visage éraflé, tremblant, le teint livide
Il tendait une main dans une quête avide
D’un sincère soutien, d’une franche amitié.
« Je suis un Parkinson et j’ai mon traitement
Je dois rentrer chez moi, s’il vous plait, je vous prie
Mon épouse est aveugle et ma pauvre chérie,
Elle a besoin de moi sans perdre un seul moment »
Alors je relevai son corps, ses os tremblants,
Une dame passait, se porta à notre aide
Soulevant le cabas, ramassant un remède
Et, sans même y penser, tacha ses beaux gants blancs
Je peinais à tenir l’homme et à le porter
Souffrant il grelottait, vibrait de chaque membre
Malgré le soleil froid de cette fin novembre
Fallait-il le soigner et qui donc alerter ?
Fort en gueule, un passant, sûr de lui, nous mugit :
« Appelez les pompiers ou bien une ambulance »
Dès qu’il entend cela, notre vieillard s’élance
Pas d’hôpital pour lui, seulement son logis.
Puis arrivés chez lui, raide était l’escalier
Et son appartement au tout dernier étage.
Alors nous le traînions, lui et son paquetage
Chaque marche en suivant et jusques au palier
Sa femme avait ouvert, or nous restions piteux,
Voyant la pauvreté de ce couple sensible
Notre présence était pour eux bien trop pénible
Mais que faire, rester ? Ou bien partir honteux…
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