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dimanche 31 octobre 2021

Contes et histoires de Pépé J II (7) Rue Lafayette

Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. Comme promis, je vous récite aujourd’hui le poème pour lequel j’ai obtenu une première médaille de bronze au Jasmin d’Argent, au titre de l’année 2020. Cela se passait à Agen, à la fin du siècle passé.


Rue Lafayette

Parti un beau matin, sifflotant nez en l’air

Je m’en allais à pied, flâneur à l’aventure

Pour voir les magasins, mater leur devanture

Sans souci ni tracas, dans un horizon clair.



Les gens indifférents passaient et bousculaient

Un vieillard affalé, pleurant, laissé pour compte,

Semblant être pressés puis sans aucune honte

Regardant droit devant, calmes, déambulaient



Assis sur le trottoir, l’homme faisait pitié,

Le visage éraflé, tremblant, le teint livide

Il tendait une main dans une quête avide

D’un sincère soutien, d’une franche amitié.



« Je suis un Parkinson et j’ai mon traitement

Je dois rentrer chez moi, s’il vous plait, je vous prie

Mon épouse est aveugle et ma pauvre chérie,

Elle a besoin de moi sans perdre un seul moment »



Alors je relevai son corps, ses os tremblants,

Une dame passait, se porta à notre aide

Soulevant le cabas, ramassant un remède

Et, sans même y penser, tacha ses beaux gants blancs



Je peinais à tenir l’homme et à le porter

Souffrant il grelottait, vibrait de chaque membre

Malgré le soleil froid de cette fin novembre

Fallait-il le soigner et qui donc alerter ?



Fort en gueule, un passant, sûr de lui, nous mugit :

« Appelez les pompiers ou bien une ambulance »

Dès qu’il entend cela, notre vieillard s’élance

Pas d’hôpital pour lui, seulement son logis.



Puis arrivés chez lui, raide était l’escalier

Et son appartement au tout dernier étage.

Alors nous le traînions, lui et son paquetage

Chaque marche en suivant et jusques au palier



Sa femme avait ouvert, or nous restions piteux,

Voyant la pauvreté de ce couple sensible

Notre présence était pour eux bien trop pénible

Mais que faire, rester ? Ou bien partir honteux…

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