– Tu verras bien. Tu lui as raconté toute ta vie alors ?
– Non pas, voyons. Et puis, cela ne l’intéressait quand même pas. Je lui ai un peu raconté ma vie. Et toi alors ?
– Moi, comme je te l’ai dit, j’ai rencontré le maire, la femme de monsieur le maire et le député. Je crois que je vais faire une expo ici sur Saint-Lambaire, mais dans une belle salle, à côté de la mairie. Pour cela, Renato, c’est un chef, il sait parler aux gens qui comptent. C’est lui qui a engagé la conversation, qui a su parler à Madame Le Blévec. C’est son métier d’ailleurs. Bon, on passe à table ou tu veux un peu plus de Muscat ?
– Allons à table, répond Hervé.
Sara indique sa place à Hervé et ils s’assoient. Le repas est simple, mais ils discutent longuement et vers dix heures, Hervé parle de s’en aller.
– L’autre jour, tu semblais vouloir me suivre chez moi et aujourd’hui que tu es dans la place, tu es bien pressé de partir ! Soit, dit Sara en se levant.
– Je ne me sens pas pressé mais il se fait tard et j’ai du chemin à faire…
– C’est bien pour cela qu’il vaut mieux que tu passes la nuit ici, je ne voudrais pas que tu prennes froid en courant les rues, répond-elle en souriant.
Il la prend dans ses bras et ils restent longtemps à s’embrasser, debout à côté de la table.
– Viens, lui dit-elle.
Il la suit dans sa chambre. Elle se déshabille et il en fait autant. Ils plongent tous deux dans le lit et s’enlacent. Ils se caressent encore et encore.
à un moment, ils entendent, dans la rue, une voiture qui fait un demi-tour bruyant. Sara saute du lit et court, nue, vers la fenêtre qui donne sur la rue.
– C’est Renato, tu ne peux pas rester là, je t’expliquerai, il est jaloux comme un tigre, ce con !
– Bon, dit Hervé en se levant et en enfilant son slip, je vais me planquer dans ton atelier pendant que tu vas lui ouvrir.
– Non, impossible, il a une clé, il va monter d’un instant à l’autre, il faut que tu sortes par ici, dit-elle en ouvrant la porte-fenêtre qui donne sur un balcon.
Elle montre à Hervé, toujours en slip, le rebord du balcon, surmonté d’un grillage en mauvais état. à côté, se trouve le balcon de la maison voisine. En enjambant le grillage, il y a peut-être moyen d’y poser le pied et d’y atterrir. Hervé regarde, incrédule.
– Allez, vas-y, tu ne peux pas rester ici, je vais te lancer tes vêtements, supplie Sara.
– Tu es sûre qu’il arrive ? demande Hervé, peu motivé.
– Barre-toi, merde, répond Sara en le poussant vers le rebord.
Hervé monte sur le rebord et enjambe le grillage, bénissant l’idée qu’il a eue d’enfiler son slip. Il arrive à tendre la jambe et à la poser sur le rebord du balcon voisin. D’une poussée, il se propulse et y atterrit. Il est encore accroupi qu’il reçoit sur la tête ses vêtements que Sara lui a envoyés en ballot. Et il est à peine remis qu’il prend sur le crâne ses chaussures. Il ramasse le tout et se planque dans l’encoignure que fait la porte-fenêtre qui donne sur le balcon. Il entend Sara fermer sa porte-fenêtre et il s’habille en vitesse sans toutefois enfiler ses chaussures. Il tente doucement d’ouvrir la croisée qui par chance n’est pas verrouillée. Il entre sur un large palier qui donne sur un escalier. Il entend non loin un ronflement dans une chambre au même niveau et un peu plus loin une télévision au rez-de-chaussée. Il descend doucement l’escalier, ses chaussures à la main, après avoir repoussé la porte-fenêtre. Il entend plus nettement la télévision. Arrivé en bas, il se trouve face à une porte qui semble bien être la porte d’entrée. Il marque un temps d’arrêt, tout parait calme. Il appuie sur la poignée et tire sur la porte qui s’ouvre.
(à suivre...)
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